De l`entretien du Président de la République d`Azerbaïdjan Heydar Aliyev avec la délégation de Russie dirigée par le vice ministre russe des affaires étrangères Grigori Berdennikov - Le 17 janvier 2000


Heydar Aliyev: Cher Grigori Vasilyevitch, chers invités, je vous salue en Azerbaïdjan. Je suis heureux de votre arrivée, de notre rencontre qui rendra possible un échange de vues et discussion de certaines questions concernant les relations entre l`Azerbaïdjan et la Russie, et des autres questions également.

Grigori Berdennikov: Merci beaucoup, Heydar Aliyevitch, tout d`abord pour le temps que vous nous accordez. Nous comprenons très bien comment vous êtes occupés et nous vous en sommes, sans doute, reconnaissants.

Nous sommes arrivés ici pour avoir un échange de vues lié à la rencontre future à Moscou qui se tiendra le 24 et le 25 janvier. J`espère qu`elle donne un nouvel essor non seulement au développement des relations entre nos deux pays, mais à la solution des autres problèmes importants, y compris des problèmes de la région. Merci beaucoup pour votre attention à notre égard.

Heydar Aliyev: Je vais commencer par ce que vous avez été en Arménie et un temps assez prolongé.

Grigori Berdennikov: Moins de 24 heures.

Heydar Aliyev: Pour une raison inconnue vous avez prévu une très courte visite en Azerbaïdjan. Tout de suite une certaine idée naisse et jalousie avec, naturellement.

Parlons tout d`abord de notre rencontre future avec Kotcharian à Moscou d`après les infos qu`on me présenta. Nous nous sommes mis d`accord avec le Président de l`Arménie de nous rencontrer lors de notre séjour lié à la séance de la CEI. On m`a également transmis qu`il y a un avis d`organiser une rencontre à trois avec la participation du Président de la Fédération de Russie par intérim Vladimir Vladimirovitch Poutine. J`ai donné mon accord. On m`a dit que votre venue est liée en principe à la préparation de cette rencontre. Si ce n`est que cela, moi j`ai déjà donné mon accord. S`il est nécessaire, nous pouvons discuter certaines questions.

En même temps, il y a bien sûr d`autres questions qui nous inquiètent puisque dans la presse ne paraissent toujours les accusations incessantes et infondées à l`adresse de l`Azerbaïdjan concernant les évènements au Caucase du Nord. Quelques fois on accusal`Azerbaïdjan de mener une politique antirusse etc.

Naturellement cela nous inquiète et provoque le mécontentement. En outre, non seulement chez nous - administration du pays, mais chez notre opinion publique puisque cela n`est absolument conforme à la réalité. On vient de m`annoncer l`info de l`agence "Interfax" dont vous pouvez prendre connaissance, sur la création ici d`une organisation quelconque etc. Elle donne en permanence de telles infos. Mais tout cela ne sont que des mensonges. Nous avons dit plusieurs fois - venez, observez autant que vous voulez, vérifiez, cela n`existe pas.

Cependant, il ya évidemment des personnes à qui cela profite de faire monter la tension entre l`Azerbaïdjan et la Russie. Nous sommes contre cela, nous le rejetons, nous désapprouvons une telle politique puisque nous avons mené et mènerons la politique de renforcement et de développement des relations entre la Russie et l`Azerbaïdjan dans toutes les directions. Et si quelqu'un invente, si quelqu'un présente ses suppositions comme une vérité et ce qui est fondamental cela est publié dans la presse et naturellement cela oriente l`opinion publique, on s`interroge - qui en a besoin, qui en profite. Nous n`en voulons pas. Evidemment, nous devons avoir un échange de vues sur cette question également.

Une fois nous étions contraint à donner une déclaration officielle de la MAE quand le service de presse du groupe des armées au Caucase du Nord donna une information très inquiétante pour nous. Ensuite ITAR-TASS, le ministère de la défense de la Russie signalèrent que ce point de vue n`est pas celui de l`Etat, mais de certaines personnes. Pourquoi certaines personnes le fassent?

Nous avons dit et à propos nous avons énoncé dans la déclaration officielle de notre MAE que nous souffrons 12 ans du séparatisme, de ce que l`intégrité territoriale est violée. Bien qu`à présent certains estiment possible de ne pas reconnaître l`intégrité territoriale de l`Azerbaïdjan. Même à l`Organisation des Nations Unies il y avait un projet sur le conflit arménien- azerbaïdjanais, mais dans le texte présenté par l`OSCE, cette thèse, malheureusement était absente. Bien que les années précédentes pendant l`adoption de cette décision cela a été fixé et on nous soutenait. Cette foi-ci, malheureusement, certaines se sont abstenus du vote et certains ont voté contre. Je ne sais pas comment la Russie a voté.

Vilayat Guliyev (ministre des affaires étrangères): La Russie n`a pas voté.

Heydar Aliyev: La Russie n`a pas voté. Comment cela peut se faire? Aujourd`hui nous votons partout et nous nous sommes prononcés à plusieurs reprises pour l`intégrité territoriale de tous les pays, y compris de la Russie. Nous étions et nous sommes contre le terrorisme, puisque le terrorisme est une menace non seulement pour la Russie mais pour nous également. Nous sommes contre le fondamentalisme islamique et nous l`avons dit maintes fois. En outre, il est possible que le fondamentalisme islamique ne soit pas si dangereux pour la Russie puisque ceux qui professent l`islam ne sont pas aussi nombreux comparés au nombre total de la population. Chez nous la majorité absolue de la population professe l`islam. Mais nous adoptons la position de la construction de l`Etat de droit, démocratique, laïc. En conséquence nous ne pouvons en aucun cas être partisans de l`Etat islamique ou du fondamentalisme islamique. A propos, nous avons dit ouvertement aux représentants de bon nombre de pays, y compris de pays voisins que nous ne nous ingérons pas dans vos affaires intérieures. Votre régime c`est votre affaire mais que personne ne s`ingère dans nos affaires intérieures. Notre Etat est l`Etat laïc.

Ceci dit, pourquoi ayant une position claire et nette dans toutes les autres questions, concernant la lutte de la Russie au Caucase du Sud, où elle mène une opération antiterroriste, à l`égard de l`Azerbaïdjan il y a cette opinion, cet avis? Cela nous surprend. Nous pouvons avoir l`échange de vues sur ces questions.

En ce qui concerne le problème du conflit avec l`Arménie, le problème du Haut Karabakh, alors vous savez, nous avons déjà déclaré, je dis encore une fois aujourd`hui - que nous soutenons la position du règlement pacifique de ce conflit. Pendant nos rencontres avec le Président Kotcharian, nous avons discuté de certaines variantes et nous avons été du même avis qu`on ait besoin des compromis mutuels. Nous avons négocié dans cet esprit, nous sommes prêts à négocier de la même façon aujourd`hui et demain. Cela veut dire que notre position est claire.

A propos, lors de ma rencontre à Kiev, avec le Premier ministre russe de l`époque Vladimir Vladimirovitch Poutine je le lui disais. Je le lui disais lors de l`entretien téléphonique début janvier. Il est compréhensible que la Russie comme le coprésident du groupe de Minsk de l`OSCE doive sans doute participer activement à ce processus. Voilà notre position concernant les questions qui évidemment sont pour le moment les questions clés de notre entretien.

Grigori Berdennikov: Moi, de ma part, je voudrais dire que nous étions et nous sommes pour le développement des relations amicales, d`égal à égal avec l`Azerbaïdjan, basé sur la coopération, sur la reconnaissance de l`intégrité territoriale, sur la non ingérence dans les affaires intérieures mutuelles. Nous n`y avons aucun problème.

En ce qui concerne tel ou tel article dans la presse alors évidemment vous êtes au courant que nous ne contrôlons pas la presse, elle est libre. Et s`il arrive quelque chose de semblable, dépassant le cadre, nous nous efforçons de corriger. Proprement dit, le même cas pour la déclaration, qui malheureusement a été faite. Nous avons donné la déclaration appropriée de la MAE, nous avons fait des corrections. Malheureusement on n`arrive pas encore à éviter de telles gaffes. Au moins nous allons faire des efforts.

Nous sommes pour l`intégrité territoriale. Le fait que nous n`avons pas participé au vote, évidemment il était très difficile d`agir autrement, puisque nous essayons d`être médiateur dans ce conflit et d`adopter une position impartiale. Aujourd`hui nous pourrons avoir un échange de vues sur ces questions également.

Nous saluons votre dialogue avec le Président de l`Arménie. Je considère que c`est la voie correcte de la résolution du conflit - autour de la table des négociations et non sur le champ de bataille. Nous espérons que ce dialogue aboutira au résultat positif dans l`immédiat. De notre part nous sommes prêt et contribuerons par les moyens dont nous disposons au résultat positif.

Nous apprécions que vous étiez pour le rôle actif de la Russie dans ce règlement. Nous sommes aussi intéressés - je veux le souligner- au règlement et non au gèle de ce conflit, d`ailleurs comme des autres également. Et si nos efforts modestes pour vous soutenir portent quelques fruits, nous en serons très satisfaits. J`espère que votre rencontre à Moscou, à laquelle vous avez donné votre accord et nous vous en sommes reconnaissants- sera un pas dans la direction correcte.

Heydar Aliyev: Bien. Je remercie la presse et nous pouvons continuer notre entretien. 

Traduit du journal "Bakinski rabotchi", du 18 janvier 2000.

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