Question:  Monsieur le Président, ce sont des sentiments nationaux qui ont poussé le peuple devant les chars. Cinq ans après, en octobre dernier, la sortie du peuple dans la rue à votre seul appel, sans crainte de la mort ni du sang, n`est-il pas la marque d`un développement de la conscience nationale?

Réponse: Evidemment. Les sentiments nationaux de ces personnes se sont développés dans les années 80 et ont surgi à la suite des processus qui avaient été engagés. Je l`avais dit deux jours plus tôt lors mon discours devant les intellectuels. Le développement du sentiment national et de l`aspiration à la liberté nationale sont liés aux événements de Janvier. Ces sentiments se sont éveillés parmi la population et les gens se sont élevés pour défendre leurs droits nationaux, ceux de la République et de la Patrie. En voyant l`incompréhension du gouvernement de cette époque, des cercles, des personnes et des organismes dirigeant l`Etat, incapables de garantir des réponses à ces sentiments, la population s`est soulevée et a commencé à manifester.

Pour étouffer ce mouvement, on a été jusqu`à recourir à l`agression militaire et politique, en conséquence de laquelle le peuple a souffert de nombreuses victimes. Bien sûr, toutes ces victimes sont notre chagrin et notre douleur. Mais en même temps, elles représentent le symbole de l`esprit patriotique et des sentiments nationaux. Dans les temps qui ont suivi, malgré des processus complexes et contradictoires, les sentiments nationaux prenaient de l`ampleur d`un côté, tandis qu`on essayait de les étouffer de l`autre. Mais les tentatives de répression ont échoué et ces sentiments ont vaincu. Le fait que le peuple se soit levé le 4 octobre dernier, à mon appel, en était la conséquence à court terme. Vous avez observé aussi que le 4 octobre les sentiments nationaux étaient liés à la politique d`Etat si étroitement qu`un seul appel de l`Etat a suffit pour que le peuple se lève, alors que les processus avaient commencé dès 1988: Les réunions publiques, les manifestations et tous les refus, qu`ils soient organisés ou qu`ils soient spontanés, ou bien par suite de la convergence des sentiments des personnes privées avec ceux de la société, s`étaient dressés contre les dirigeants de l`Etat.

Les gens, ayant de la haine envers l`Etat et le gouvernement, qui s`étaient réunis dans la nuit de Janvier ou bien à la veille de ce jour, sont venus le 4 octobre 1994 devant la résidence présidentielle pour défendre l`Etat. Voilà la différence de principe!