Entretien de M.Heydar Aliev, Président de la République d`Azerbaïdjan, avec le chef de la délégation sénatoriale, M.Christian Poncelet, Président du Sénat de la République française - Palais présidentiel, le 22 juillet 1999


Heydar Aliev: Monsieur le Président,

Honorables sénateurs et invités,

Soyez les bienvenus en Azerbaïdjan! Je vous salue cordialement et je me réjouis de votre visite en Azerbaïdjan.

Les relations entre la France et l`Azerbaïdjan se situent à un niveau élevé - je l`évalue de cette manière - et se développent de jour en jour. Monsieur le Président, un des facteurs qui le confirme est la venue du Président du Sénat français - vous-même - et cette délégation qui vous accompagne en Azerbaïdjan.

Nous accordons une grande importance à nos relations avec la France. Je peux souligner avec plaisir que les relations entre la France et l`Azerbaïdjan se sont établies peu de temps après l`accession de notre pays à son indépendance et qu`elles se sont régulièrement élargies et développées.

Je me rappelle avec plaisir de ma première visite en France au mois de décembre 1993. A cette époque, je me suis rendu en France à l`invitation du défunt Président M. François Mitterrand. Nous avons eu des entretiens importants et des documents furent signés entre nos Etats. Au cours de mon séjour je suis allé au Parlement français où des rencontres furent organisées. Cette visite, ce voyage a stimulé le développement des relations franco-azerbaidjanaises.

A l`invitation de M. Jacques Chirac, je suis venu en France dans le cadre d`une visite officielle. Lors de cette visite, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois et nous avons eu des entretiens et signé certains documents. Dans le cadre de ce déplacement, j`ai été au Sénat et eu des entretiens au Parlement. Au cours des années écoulées, des parlementaires, des fonctionnaires du Ministère des Affaires Etrangères et d`autres délégations officielles ont effectué des visites en Azerbaïdjan et ces rencontres furent très riches. M. Hervé de Charrette, Ministre des Affaires Etrangères, est venu en Azerbaïdjan et nous avons eu plusieurs longs entretiens avec lui. Le Ministre azerbaidjanais s`est rendu en France. Une délégation de parlementaires azerbaidjanais, menée par M. Mourtouz Alesguerov, Président du Milli Madjlis, a aussi fait une visite en France. On pourrait énumérer plusieurs autres rencontres et visites. Encore une fois, je dis que tout ceci indique le haut niveau de nos rapports.

Monsieur le Président, j`estime que votre visite en Azerbaïdjan créera la possibilité d`un grand élargissement de nos relations. Je veux souligner que c`est une délégation d`Etat de plus haut niveau que nous accueillons en Azerbaïdjan depuis notre accession à l`indépendance. Monsieur le Président, il est dommage que vous n`ayez pu consacrer que peu de temps pour l`Azerbaïdjan - vous êtes arrivé ce matin, vous partez ce soir. Mais comme cette visite est d`une grande importance, je l`apprécie beaucoup malgré sa brièveté.

Un des éléments les plus importants des relations franco-azerbaidjanaises tient à ce que la France est un des co-présidents avec la Russie et les Etats-Unis du groupe de Minsk, qui a été créé au début de l`année 1997 afin de trouver une voie de résolution pacifique du conflit arméno-azerbaidjanais.

Et encore, les sincères rapports d`amitié qui se sont instaurés entre moi et M. Jacques Chirac, le Président de la France, ont renforcé davantage notre coopération. Nous, avec le Président Jacques Chirac, avons eu plusieurs entretiens ces deux dernières années. Ces entretiens et ces rencontres furent très importants et ont toujours contribué au développement de nos relations. Je suis sûr que votre visite développera ces relations. Je vous en prie.

Christian Poncelet: Monsieur le Président, le premier mot que je vais vous dire à l`occasion de notre rencontre sera relatif à ma mission et à un des buts de cette mission. C`est que, avant mon départ, Son Excellence M. Jacques Chirac, Président de la République française, m`a demandé de vous transmettre ses salutations les plus sincères, les plus fidèles et les plus chaleureuses, ainsi que sa sympathie et son profond respect. En me demandant cela, il a ajouté que bien sûr, et pour des raisons bien précises - il l`a souligné particulièrement - il souhaiterait vous revoir.

Monsieur le Président, je voudrais tout d`abord vous remercier pour ces paroles que vous venez de prononcer à l`attention de la délégation que je conduis.

Monsieur le Président, je veux encore une fois vous remercier pour l`extraordinaire accueil qui a été réservé à notre délégation lors de son séjour en Azerbaïdjan. La qualité de cet accueil et la chaleur avec laquelle nous avons été reçus est une particularité rare, propre au peuple azerbaidjanais.

Permettez-moi de vous dire que nous n`oublierons jamais les attentions et les soins de haute qualité dont notre délégation a été l`objet de la part du Président du Milli Madjlis. Pendant notre séjour ici, il nous a prodigué mille prévenances afin que notre voyage se passe bien. La visite de notre délégation en Azerbaïdjan aura été une visite très enrichissante.

Je voudrais évoquer ma rencontre de ce jour avec le Ministre des Affaires Etrangères. Je l`avais reçu en France dans le passé et nous nous étions entretenus dans le bureau de la Présidence du Sénat. Notre rencontre d`aujourd`hui a été une rencontre spéciale. Comme deux amis proches, nous avons parlé en toute franchise de toutes les questions.

Monsieur le Président, il est impossible de ne pas partager votre jugement sur notre visite d`aujourd`hui en Azerbaïdjan et de ne pas regretter avec vous que cette visite soit si courte. Je dois vous avouer que c`est moi qui en porte la responsabilité. Je vous prie de bien vouloir me comprendre. Je suis sûr que vous me comprendrez car ma charge de travail est telle que je ne pouvais pas faire plus que cela pour cette fois.

Monsieur le Président, je veux dire encore une fois que les attentions et les soins dont nous avons été comblés lors de notre visite en Azerbaïdjan nous laisseront à tous un excellent souvenir. Le souvenir en sera si fort que nous considèrerons comme une dette de revenir en Azerbaïdjan et d`honorer votre invitation. Et naturellement, cela prendra place dans un avenir proche.

Monsieur le Président, comme vous venez de la souligner, la France a, parmi les premiers, reconnu la jeune République d`Azerbaïdjan, qui avait choisi le chemin de la démocratie, et nous avons bâti des relations d`amitié et de proximité avec votre Etat. Mais bien sûr, il ne s`agit que d`un début.

Vous-même avez souligné l`importance des entretiens et des conversations que vous avez eus avec le défunt Président M. François Mitterrand, dès votre première visite, ainsi que celle des rapports d`amitié noués entre vous et son Excellence Jacques Chirac. Je veux noter qu`en conséquence de cela des rapports d`amitié entre nos deux peuples s`instaurèrent et que les relations entre les institutions de nos deux Etats s`élargissent et se renforcent. Comme vous l`avez observé, l`existence de relations à haut niveau entre nos pays sert aussi les intérêts des deux Etats, les intérêts des pays du Caucase et la paix.

Monsieur le Président, je veux dire que nous suivons avec une grande attention toutes les activités du jeune Etat d`Azerbaïdjan et les évolutions qui se déroulent ici. Nous observons l`évolution de l`économie et le progrès social qui s`installent dans votre pays et nous y sommes très sensibles. Nous tenons en grande estime vos décisions habiles et courageuses. Nous savons que vous construisez un Etat démocratique, que votre Etat sera un Etat ferme, et que dans votre pays toutes les libertés conformes aux principes démocratiques seront établies.

Monsieur le Président, nous savons que la liberté de parole existe en Azerbaïdjan et les partis politiques y sont nombreux. Nous avons vu encore une fois qu`il y a la liberté de parole, que la liberté de la presse s`exerce en Azerbaïdjan, en plus des partis politiques. Monsieur le Président, cela démontre que vous êtes en train de construire un Etat laïque et vous vous y attachez avec un grand courage. Nous saluons votre courage et vos actions.

Monsieur le Président,des relations sincères et amicales ont été nouées.Ces relations sont entretenues constamment et sont l`objet d`une attention continue. Je salue et veux témoigner ma gratitude à Mme Fatma Abdoullazadeh, Présidente du groupe d`amitié Azerbaïdjan-France au Milli Madjlis, qui est présente à notre entretien d`aujourd`hui, pour l`activité qu`elle a su déployer et grâce à laquelle nos relations sont parvenues à ce niveau. Après avoir fait tout son possible pour établir nos relations à ce haut niveau, elle se dépense désormais pour créer des relations étroites entre les parlements des deux pays.

Monsieur le Président, après avoir évoqué nos relations interétatiques, le Président du Sénat français voudrait vous soumettre une proposition. Cette proposition est, à vrai dire, la conséquence logique de l`expérience de notre travail autour du Parlement Européen.

Monsieur le Président, mon pays, la France, a vu beaucoup de choses - des guerres, des victoires, des défaites, le génocide, des déportations - il y a eu beaucoup de morts et de blessés dans son histoire. Je voudrais citer les paroles d`un film: "nos peuples sont déjà fatigués de ces histoires".

Monsieur le Président, notre expérience nous donne la possibilité de considérer que nos actions se doivent d`être tournées vers l`avenir et pas vers le passé. C`est ainsi que nous comprenons comment nous pouvons construire, quelle société il faut bâtir et créer. A vrai dire, il fallait pour cela du courage et une grande habileté. Mais je sais que Vous n`avez besoin de rechercher de courage ou d`habileté auprès de personne.

Monsieur le Président, en procédant ainsi, nous avons construit la société que nous voulions. Comme l`avait dit notre ministre très compétent et professionnel cette construction était la première étape de la société que nous avons voulue et nous, six pays, nous nous sommes réunis et nous avons créé cette société que nous appelions de nos vœux. Ces six pays étaient l`Allemagne, l`Italie, la Belgique, le Luxembourg, la France et la Hollande.

Ainsi, Monsieur le Président, dans la société que nous avons construit, la première étape a été de mettre en commun nos ressources naturelles. Nous avons tenté ensemble de les employer à notre bénéfice commun. Ensuite, c`est l`agriculture que nous avons essayé de gérer ensemble et nous avons poursuivi. Simultanément, nous avons entrepris d`élargir nos rangs. C`est ainsi que nous avons ajouté la Grande-Bretagne, l`Irlande, le Danemark à cette liste. L`étape suivante a été de réunir nos réseaux routiers, puis nous avons créé le premier marché commun et nous avons réuni notre monnaie.

Maintenant, il n`y a plus de place pour le franc et le mark. Nous aurons une monnaie unique- l`euro.

Monsieur le Président, nous n`avons pas encore résolu toutes les questions. Entre ces pays que je viens d`énumérer, ces pays qui se sont réunis, il existe des différences et cela résulte du fait que nous voulons conserver le souvenir de l`histoire, des traditions, des mœurs et de l`identité de chacun de ces pays, et nous les respectons. Bien sûr, le processus européen continue. L`Europe, ce n`est pas seulement l`union des pays que je viens d`énumérer. Vous savez qu`il y a d`autres pays. Comme le disait notre défunt Président Charles de Gaulle, lorsqu`on parle d`Europe, on doit considérer tous les pays du continent européen.

Monsieur le Président, je propose au Président du Milli Madjlis, au Président du Parlement géorgien, au Président du Parlement arménien, qu`en utilisant l`expérience que je viens de citer, nous nous réunissions et que nous discutions dans un esprit de sincérité, d`amitié et de compréhension mutuelle. Ma proposition consiste en ce que nous construisions un marché commun du Caucase du Sud composé de ces trois pays, à l`exemple de l`union d`Etats que nous avons construite en Europe.

Monsieur le Président, nous savons que, et vous et votre pays, avez traversé de nombreuses épreuves. Le fait est que la construction de la société que je viens de décrire - la construction européenne - n`est pas facile et n`a pas été facile du tout. Vous savez qu`entre ces pays, désormais réunis, il existait des différences importantes et de natures diverses. Leur situation matérielle et étatique n`était pas de même niveau. D`autres particularités aussi les distinguent mais notre idée essentielle est que, dans une telle situation, que nous le voulions ou non, le voisinage d`Etats riches et opulents avec des Etats pauvres conduira toujours à certains affrontements et à certains événements indésirables.

Monsieur le Président, nous pensons qu`une organisation comme celle que nous vous proposons, une coopération similaire, bien sûr, est aussi possible ici et qu`elle pourra favoriser le développement économique et social dans le Caucase du Sud et que d`un autre côté, elle imposerait sa contribution dans le sens de l`achèvement de la construction de l`Europe. En effet aujourd`hui, nous voyons tous que des processus semblables se poursuivent en Amérique et en Asie. Pourquoi l`Europe demeure-t-elle à la traine, pourquoi n`achevons-nous pas ce processus avant eux?

Monsieur le Président, vous avez raison de noter que les relations entre nos pays sont très importantes et réussis. Dans la construction de ces relations, vous avez joué un grand rôle, vous avez déployé une grande activité et cela est aussi une des étapes de la construction de l`Europe. Pour un tel soutien à la construction de solides relations avec l`Europe, je vous suis très reconnaissant. Nous pensons que nous surmonterons toutes les épreuves et que nous réaliserons dignement toutes les tâches que nous nous sommes assignées.

Monsieur le Président, tel était le fond de la proposition que je voulais vous soumettre. Je vous remercie pour votre écoute attentive.

Heydar Aliyev: Monsieur le Président, je vous remercie. Je vous remercie de vos opinions positives sur l`Azerbaïdjan, de votre venue en Azerbaïdjan et de votre jugement sur les processus engagés dans notre pays à la suite de son accession à l`indépendance.

Je me suis réjoui, Monsieur le Président, qu`en France vous connaissiez les chemins difficiles par lesquels l`Azerbaïdjan est passé après la proclamation de son indépendance, les épreuves mais aussi les succès, et aujourd`hui, dans votre discours, vous les avez évalués avec justesse.

Ce chemin n`a pas du tout été facile pour nous. Nous nous sommes heurtés à de grandes difficultés. Nous avons subi les pressions de différents pays. Nous avons eu à faire face à des difficultés intérieures. Pendant quelques années la stabilité politique et sociale du pays a été mise en péril. L`économie a stagné dans ses structures antérieures, a parfois été détruite, et a régressé. Mais je peux dire avec plaisir que ce temps est maintenant dans le passé. L`indépendance étatique de l`Azerbaïdjan est déjà très forte, nous sauvegardons et sauvegarderons bien cette indépendance. Nous avons restauré et conforté la stabilité politique et sociale à l`intérieur de l`Azerbaïdjan et désormais la stabilité sera une condition essentielle qui sera garantie au peuple d`Azerbaïdjan pour qu`il vive sereinement.

Nous avons choisi le chemin de l`économie de marché, le seul chemin pour développer notre économie et pour relever et assurer le niveau de vie de nos concitoyens. Nous avançons dans cette voie, nous avons engagé une grande libéralisation dans le domaine de l`économie, nous mettons en œuvre notre programme de privatisation, la réforme foncière et nous voyons le résultat positif de toutes ces mesures.

Mais vous savez que ce n`est pas facile pour nous. Les grands changements dans le domaine de l`économie - le rejet du système économique précédent et l`adoption d`un nouveau système économique - ont bouleversé le mode de vie de notre population. Mais malgré tout cela, nous pensons qu`au terme d`une période de difficultés, ce nouveau système engagera l`Azerbaïdjan sur la voie d`un développement rapide et nous y croyons.

Nous avons ouvert l`Azerbaïdjan sur le monde. Nous voulons assurer dans tous les domaines notre intégration dans l`économie mondiale, au sein de la démocratie mondiale, et nous avons déjà enregistré certains succès. Sous cet angle, l`engagement d`investissements en Azerbaïdjan, l`arrivée de capitaux étrangers, le partenariat avec des sociétés venues de pays développés, leurs investissements en Azerbaïdjan, prennent une place importante et nous avons déjà obtenu des résultats dans ce domaine. Surtout, nous avons fait beaucoup de travaux dans le domaine de l`exploitation des richesses naturelles - les gisements de pétrole et de gaz - avec les grandes sociétés pétrolières mondiales.

En 1994, nous avons signé le premier contrat pour l`exploitation commune des gisements abondante de pétrole qui sont dans la mer Caspienne avec de grandes sociétés de pétrole du monde. Depuis cette époque jusque maintenant, 19 contrats ont été signés avec les sociétés étrangères. Parmi elles, les sociétés françaises "Elf Aquitaine" et "Total" prennent une place très importante. A la suite de tout ça, pendant ces derniers 2-3 ans d`un investissement de 2 milliard est venu en Azerbaïdjan.

Dans d`autres domaines de l`économie de l`Azerbaïdjan, nous coopérons aussi avec des sociétés étrangères. Les sociétés de certains pays se sont implantées en Azerbaïdjan et opèrent dans le cadre de partenariats. Ainsi les sociétés françaises. Par exemple, la société"Castel" s`est placé sur un bon créneau.

Je me rappelle notre conversation avec le défunt Président François Mitterrand, en 1993 à Paris. Il m`avait dit que si vous souhaitez développer les rapports entre la France et l`Azerbaïdjan, établissez tout d`abord des contacts avec "Elf Aquitaine". J`ai accepté ce conseil avec plaisir et je me rappelle que "Elf Aquitaine" est entré dans le consortium de Chahdeniz en 1996 pour l`exploitation commune de ce grand gisement de pétrole et de gaz. Ce consortium nous a présenté un rapport sur les résultats qu`ils ont obtenus récemment. Il est possible de retirer 700 milliards de m3 de gaz de ce dépôt de "Chahdeniz". Mais ce chiffre n`est pas définitif. Et "Elf Aquitaine" en dispose d`une grande partie.

En 1997, lors de ma visite officielle en France, après avoir rencontré le Président Jacques Chirac, nous avons signé à Paris, au Palais d`Elysées, un grand contrat entre "Total" et la "Société des Pétroles d`Etat de l`Azerbaïdjan". Ce contrat est en cours de réalisation.

Je trouve que l`élargissement et le développement des relations économiques sont très importants pour le développement général des relations entre la France et l`Azerbaïdjan. Nous allons désormais poursuivre ces travaux. Récemment, j`ai reçu l`Ambassadeur de France. Nous avons discuté de ces sujets et avons partagé plusieurs opinions.

Je juge très importantes vos opinions sur les processus politiques en cours en Europe et notamment l`intégration récente de quelques nouveaux pays. Il est très agréable de songer que 50 ans plus tôt, la France et l`Allemagne se faisaient la guerre, ou bien encore l`Allemagne et la Hollande, et autres pays et qu`aujourd`hui ils se sont tant rapprochés qu`ils ont réuni leur économie et leur monnaie. Cela mérite d`être salué. Nous apprécions. Je vous félicite de tout cœur pour ces succès et je vous souhaite autant de succès dans ces questions pour l`avenir.

Vous vous rappelez les paroles du Général de Gaulle et vous avez exprimé votre jugement sur l`Union Européenne. Je suis en accord avec tout cela.

L`Azerbaïdjan est une partie de l`Europe. Nous avons orienté tous nos efforts vers une intégration de l`Azerbaïdjan dans les structures européennes pour que le pays se développe comme un Etat d`Europe. Dans ce domaine, vous connaissez tous les efforts que nous avons consentis pour adhérer à l`Union européenne et au Conseil de l`Europe. Finalement, en 1996, nous - l`Azerbaïdjan, la Géorgie et l`Arménie - avons signé des traités avec l`Union européenne à Luxembourg. Récemment eut lieu à Luxembourg la cérémonie de ratification de ces traités.

Vos jugements sur les pays du Caucase du Sud, c'est-à-dire sur l`Azerbaïdjan, la Géorgie et l`Arménie, sont très importants. Nous aussi, nous souhaitons que d`abord la paix et la sécurité soit rétablie au Caucase du Sud et qu`ensuite les rapports économiques se développent. Le Caucase du Sud vu comme une région, comme liés les uns aux autres du point de vue économique, pourrait, bien sûr, se développer rapidement.

Mais vous savez qu`il y a un grand facteur qui l`empêche - c`est le conflit arméno-azerbaidjanais, l`agression, à partir de 1988, de l`Arménie contre l`Azerbaïdjan, la guerre, le sang et les victimes.

Nous entretenons des relations d`amitié sincère entre la Géorgie et l`Azerbaïdjan et il n`y a aucun problème. Ces liens d`amitié sont très forts, se développent et se développeront encore. Nous essayons de résoudre ce conflit avec l`Arménie. Vous savez que 5 ans plus tôt a été signé un accord de cessez-le-feu. Nous sommes fidèles à ce régime de cessez-le-feu.

Le groupe de Minsk et ses co-présidents - la Russie, les Etats-Unis et la France - ont beaucoup œuvré sur cette question. Mais le résultat essentiel devra être de mettre un terme à ce conflit, d`obtenir la libération des terres occupées de l`Azerbaïdjan - 20 % de la superficie du pays -, le retour deplus d`un million de réfugiés sur leurs terres et dans leurs foyers, le rétablissement de l`intégrité territoriale de l`Azerbaïdjan, de conférer un statut d`autonomie très élevé au Haut-Karabagh au sein de l`Azerbaïdjan et ainsi d`obtenir l`assurance de la paix. Nous n`avons pas encore obtenu tout cela.

A la fin de l`année 1997 et au début de l`année 1998, nous étions proches de la solution de ce problème. Le président Jacques Chirac y a contribué. En plus de nos rencontres, je conservais un contact téléphonique avec lui. Mais la situation d`alors n`existe plus. Des changements politiques eurent lieu en Arménie. Aussi essayons-nous à nouveau de rétablir des entretiens et d`obtenir quelque chose.

Au mois d`avril, j`ai rencontré le Président Jacques Chirac à Washington et nous avons évoqué cette question; je me suis adressé à lui en lui demandant de ne pas relâcher ses efforts dans la recherche d`une solution à ce conflit. En avril à Washington et récemment à Genève, mes rencontres en tête à tête avec le Président de l`Arménie Robert Kotcharyan, poursuivaient les mêmes buts. Ces rencontres donnent certains espoirs, mais il nous reste encore beaucoup de travail. J`estime qu`il faut poursuivre sur cette voie, nous - avec le Président Kotcharyan- nous le croyons. Bien sûr, il faut que les deux côtés fassent des efforts pour que nous puissions vraiment résoudre cette question et au Caucase, au Caucase du Sud, nous créerons une vraie paix entre l`Arménie et l`Azerbaïdjan. Nous poursuivrons nos efforts et je crois qu`après avoir établi la paix entre l`Arménie et l`Azerbaïdjan, après avoir restauré l`intégrité territoriale de l`Azerbaïdjan, bien sûr, on pourra grandement élargir et développer les relations économiques dans le Caucase du Sud. Cela peut être très profitable pour chacun de ces pays. J`y crois et je ne doute pas qu`il viendra un temps où les pays du Caucase du Sud appliqueront les valeurs européennes comme une nouvelle partie de l`Europe et qu`ils vivront comme dans une partie intégrante de l`Europe. Je vous remercie.

Christian Poncelet (Président du Sénat français) : Monsieur le Président, moi aussi à mon tour, je vous remercie pour ces paroles. Monsieur le Président, je suis sûr que la sagesse de vos actions et votre courage conduiront les pays de cette région à résoudre un jour leurs problèmes et leurs conflits et parviendront au niveau que vous venez de décrire. Si, lorsqu`on entreprend une action, on ressent de la volonté et de la responsabilité, je sais qu`il sera possible d`arriver à une solution qui mette un terme à cette question.

Monsieur le président, je comprends que si parmi ces Etats on avance une proposition - par exemple dans le domaine de la communication ou des questions territoriales - c'est-à-dire que si la proposition de réalisation en commun d`un projet est acceptée par tout le monde, alors cela attirera l`attention de la communauté internationale et les banques internationales - La Banque Européenne de Reconstruction et de Développement, la Banque Mondiale - ne resteront pas inactives. Cette tâche peut contribuer à atteindre votre but, c'est-à-dire le rétablissement de la paix et de la sécurité dans la région.

Vous venez de dire que le vœu, le désir de votre pays est d`entrer au Conseil de l`Europe. Comme par le passé, la France sera votre véritable avocat à cette fin et vous apportera son soutien dans les démarches d`adhésion au Conseil de l`Europe. Bien sûr, ce que vous avez fait jusqu`à maintenant - vous en avez parlé -, et ce que vous allez faire désormais, vous donne des arguments très opportuns pour votre adhésion à l`Europe. Ces arguments bien à propos sont déjà dans vos mains et sur ce chemin la France, son Président et toutes ses institutions vous soutiendront et vous apporteront leur aide dans vos démarches d`adhésion au Conseil de l`Europe.

Monsieur le Président, pour cette rencontre, pour toutes les attentions et les soins dont vous nous avez comblés, je vous remercie. Je voudrais dire que désormais, si nous tous, nous tentons d`aboutir à la réalisation d`un souhait et d`un but, et que si le contenu essentiel de ce souhait concerne l`amélioration des conditions de vie du genre humain - soit-il arménien, français, géorgien ou belge, il n`y a aucune différence de nature entre les uns et les autres - si nous avons une telle responsabilité devant nous et que nous y parvenons, alors nous pourrons laisser un précieux héritage aux futures générations. Bien sûr, un héritage tel qu`ils pourront utiliser parfaitement et habilement.

Monsieur le Président, à la fin de ce discours je ne dirai qu`un simple mot: ce que nous faisons avec vous au cours de nos entretiens, soyez sûr que nous le faisons cordialement, cela vient tout droit du cœur. Encore une fois je vous dis "merci". Je vous remercie.

Heydar Aliyev: Je vous remercie, Monsieur le Président. Votre proposition que les Présidents des Parlements de l`Azerbaïdjan, de la Géorgie et de l`Arménie se rencontrent à Paris reçoit tout mon assentiment. Je vous assure encore une fois que nous essaierons de bâtir la paix entre l`Arménie et l`Azerbaïdjan et de rétablir la sécurité dans le Caucase du Sud. Pour y parvenir, nous avons grand besoin de la France. Je suis convaincu - comme on vient de le dire à plusieurs reprises - que la France sera toujours à nos côtés dans cette tâche. Je vous prie de transmettre mes hommages, mon respect et mes salutations au Président Jacques Chirac. Je vous prie de transmettre mes hommages, mon respect et mes salutations au Sénat et au Parlement français. Je vous remercie encore une fois.

Christian Poncelet: Monsieur le Président, il y a une règle qui dit que tous les cadeaux renforcent l`amitié entre les gens. Je voudrais vous offrir un petit cadeau en remerciements de la délicatesse de l`accueil que vous nous avez réservé. Ce cadeau a été fait dans une manufacture française. C`est un travail fait à la main. Il date de l`époque de Marie-Antoinette et c`est une reproduction d`un des services à thé qu`elle avait utilisé. Je serais très heureux que vous l`acceptiez. Je voudrais, à travers ce cadeau, vous témoigner mon respect et ma bienveillance.