Le Président de la République d’Azerbaïdjan, M. Heydar Aliyev, a rencontré M. Jean Luc Dehaene, le Premier ministre du Royaume de Belgique – 18 avril 1995


M. Jean-Luc Dehaene a exprimé son plaisir pour cette nouvelle rencontre avec le Président Heydar Aliyev et lui a adressé un salut cordial. Le Premier ministre a évoqué avec chaleur leurs rencontres précédentes à Bruxelles, à Budapest, à Davos et à Copenhague. Il a souligné : « L’un des avantages à être le Premier ministre du Royaume de Belgique est que Bruxelles est la capitale où se trouvent les sièges d’organisations internationales telles que l’OTAN et l’Union Européenne, lesquelles lancent des invitations aux chefs d’Etat et de Gouvernement ; les possibilités d’organiser des rencontres  sont nombreuses». Nous profitons de cette possibilité aujourd’hui et nous avons à nouveau la joie de nous revoir »

Se rappelant avec plaisir ses précédentes rencontres avec le Premier ministre de Belgique M. Jean Luc Dehaene, M. Heydar Aliyev lui a exprimé sa gratitude au nom de l’Etat et du peuple de l’Azerbaïdjan pour avoir voté une décision importante pour notre pays lors du Sommet de l’OSCE à Budapest et pour avoir soutenu la position de l’Azerbaïdjan auprès des organisations internationales.

Heydar Aliyev a déclaré que l’objectif de sa courte visite de travail en Belgique était de rencontrer la direction de la Commission Economique de l’Union Européenne et de pousser le développement des relations entre la Commission et l’Azerbaïdjan. Le Président azerbaïdjanais a parlé avec plaisir de ses rencontres avec M. Jacques Santer, le Président de la Commission de l’Union européenne et avec M. Van Den Brück, le commissaire à la Politique Etrangère de cette commission.

Le chef d’Etat a dit : « Nous coopérons dans plusieurs domaines avec la Commission de l’Union Européenne ». Il a renchéri en déclarant que notre République avait l’intention de signer un accord de coopération avec la Commission et que, dans sa phase initiale, notre pays voulait être un membre impliqué et ensuite en devenir un membre de plein droit. Heydar Aliyev a insisté sur l’importance du développement des relations bilatérales entre l’Azerbaïdjan et la Belgique.

Lors de cet entretien, M. Heydar Aliyev a également soulevé les questions contenues dans la lettre qu’il avait envoyée récemment à M. Jean-Luc Dehaene. Evoquant le programme d’aide de la Commission de l’Union Européenne pour la deuxième moitié de 1995 et pour 1996, M. Heydar Aliyev a requis l’aide du Premier ministre belge pour qu’une assistance supplémentaire soit attribuée à l’Azerbaïdjan. M. Jean-Luc Dehaene a répondu qu’il ne s’épargnerait aucune démarche pour y parvenir. Puis le Premier ministre belge s’est intéressé à la situation actuelle, sociale et politique, en Azerbaïdjan, ainsi qu’à la mise en œuvre des réformes économiques.

Soulignant la situation difficile de notre pays, le chef de l’Etat azerbaïdjanais a rappelé le contexte auquel le pays devait faire face : l’occupation de 20% de nos territoires à la suite de l’agression militaire de l’Arménie, qui dure depuis sept ans, le million de réfugiés qui vivent sous des tentes, d’une part, et la dégradation de nos relations économiques avec un certain nombre de pays, d’autre part.

Heydar Aliyev a expliqué la dégradation des relations économiques entre les anciennes Républiques, consécutive à l’effondrement de l’URSS. Elles relevaient auparavant d’un système intégré qui a disparu, et en conséquence les grands établissements industriels ne peuvent plus travailler à plein régime. La transition de l’Azerbaïdjan d’un système social et politique à un autre, vers l’économie de marché, a conduit le pays à traverser une situation économiquement difficile. 

Evoquant l’aide alimentaire à l’Azerbaïdjan obtenue grâce à la participation étroite de la Belgique et de l’Union Européenne, le Président Heydar Aliyev a rappelé sa gratitude au gouvernement belge pour cette aide et a rappelé combien notre République avait encore un grand besoin de telles aides.

Notant qu’il était au courant du large éventail des opportunités et du potentiel de l’Azerbaïdjan, M. Jean-Luc Dehaene s’est attardé sur le fait qu’un certain nombre de sociétés belges souhaitaient investir dans notre République. Selon lui, la garantie principale pour cela était la stabilité politique en Azerbaïdjan. Le Premier ministre s’est donc intéressé aux dispositions législatives favorisant l’investissement dans notre pays et au processus des réformes démocratiques en Azerbaïdjan.

Le Président azerbaïdjanais a parlé longuement de la situation sociale et politique de notre pays et a souligné que malgré les manœuvres de forces internes et externes qui veulent nuire à notre indépendance, la situation dans le pays était stable. M. Heydar Aliyev a ajouté que les portes de l’Azerbaïdjan étaient ouvertes à toutes les entreprises étrangères et que des conditions favorables étaient entrées en vigueur à cet effet. Il a rappelé le « Contrat du Siècle », que l’Azerbaïdjan a conclu avec un consortium de sociétés pétrolières occidentales et il a souligné que cela était une illustration pratique parfaite des points qu’il venait d’aborder. Le chef d’Etat a aussi souligné que l’Azerbaïdjan souhaitait s’engager dans des coopérations avec les pays étrangers, parmi lesquels la Belgique, dans le domaine pétrolier mais aussi dans les autres secteurs de l’économie. 

Lors de cette rencontre ont été évoqués le conflit du Haut-Karabagh et les démarches entreprises pour trouver un règlement pacifique à la guerre, y compris les travaux accomplis par le groupe de Minsk de l’OSCE. Evoquant le premier cessez–le–feu de long terme obtenu dans cette guerre, le Président Heydar Aliyev a déclaré que l’Azerbaïdjan ne pouvait pas accepter cette situation de « ni guerre, ni paix ». Il a aussi souligné que pour parvenir à la paix notre pays adoptait une position pratique et présentait un certain nombre de propositions, ajoutant qu’il donnait sa préférence à ce qu’un accord de paix soit obtenu par l’intermédiaire du groupe de Minsk. Selon M. Heydar Aliyev, avant la mise en œuvre de la décision, adoptée au Sommet de l’OSCE à Budapest, d’envoyer des casques bleus dans la région, il faudrait signer un grand accord de paix prévoyant la libération de l’ensemble des territoires occupés de l’Azerbaïdjan et le retour de tous les réfugiés azerbaïdjanais. Le Président a conclu que l’Azerbaïdjan était prêt à garantir la sécurité des Arméniens et des Azerbaïdjanais du Haut-Karabagh.

Lors de cette rencontre, les parties ont traité aussi de la politique des grandes puissances dans le Caucase.

A la fin de cette rencontre, le Premier ministre M. Jean-Luc Dehaene a invité M. Heydar Aliyev en visite officielle en Belgique, afin de développer encore les relations d’amitié de nos pays et de signer un accord entre leurs deux Etats. Selon M. Jean-Luc Dehaene, lors de cette future visite, le Président azerbaïdjanais aurait ainsi l’occasion de rencontrer les organisations internationales à Bruxelles et de s’entretenir avec leurs dirigeants.

Le chef de l’Etat azerbaïdjanais a accepté avec plaisir cette invitation et a lancé à son tour une invitation dans notre pays au Premier ministre belge.

Le Président Heydar Aliyev a abordé aussi sa rencontre avec l’ambassadeur de Belgique en Azerbaïdjan et a révélé qu’il avait pris la décision d’ouvrir une ambassade d’Azerbaïdjan en Belgique.

M. Jean-Luc Dehaene a souligné que ce pas aurait un impact positif sur le développement des relations entre les deux pays et qu’il apportera son soutien pour créer les conditions nécessaires à l’établissement d’une ambassade d’Azerbaïdjan en Belgique.