Rencontre du Président de la République d`Azerbaïdjan Heydar Aliyev au palais présidentiel avec les journalistes de la Géorgie et de l`Arménie, participant à la conférence, organisée à Bakou dans le cadre du projet "Soutien aux médias" par l`institut de Genève pour la promotion de la démocratie - Le 1 juillet 1999


Salam aleykum, gamardjoba, barev!

(salutations en azerbaïdjanais, géorgien, arménien)

Je vous salue en Azerbaïdjan. Je considère cette rencontre comme un évènement important et dans ce cas je souligne une bonne initiative des journalistes, afin de savoir plus les uns sur les autres, jeter des ponts pour développer ultérieurement les relations.

Ici, sont présents des journalistes de la Géorgie et de l'Arménie. La Transcaucasie était toujours célèbre par l'amitié des peuples, soutien des uns par les autres, bien qu'il avait des temps de l'apparition des conflits, des malentendus. Le Caucase dans l'ensemble est une région connue dans le monde avec ses traits particuliers, caractères, moeurs et coutumes, traditions. Ils se diffèrent de ceux existant dans d'autres régions du monde. C'est pourquoi, à toute l'époque les historiens avaient eu un grand intérêt au Caucase, surtout à la partie qui s'appelle Transcaucasie- c'est la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Autrefois, il y avait des pays dans nos Etats. Au début de ce siècle nos pays, nos peuples ont retrouvé la liberté, l'indépendance presque en même temps, après ils l'ont perdu presque en même temps également. A la fin de 1991 suite à l'effondrement de l'Union soviétique, les républiques de la Transcaucasie ont de nouveau retrouvé l'indépendance nationale, souveraineté et liberté.

Ce qu'il y a de particulier, c'est qu'en 1918 après la révolution d'octobre, la chute de l'empire tsariste, les représentants de la Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan se sont réunis à Tbilissi et tout d'abord ont discuté la question de l'indépendance de la Transcaucasie. A l'ordre du jour, il y avait la question de la création du Seïm de Transcaucasie etc. Ils n'ont pas pu se mettre d'accord, sont partis et presque en même temps fut proclamé l'indépendance en Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan. Cela eut lieu en mai 1918. En 1920-21, suite à l'instauration du pouvoir soviétique, l'indépendance devint le passé et nous tous avons vécu au sein de l'Union soviétique, comme les républiques soviétiques.

Bien sûr, on peut parler du passé dans le sens qu'il y avait dans le passé beaucoup de bon et de positif, mais il y avait beaucoup de négatif également. Ce que nous avons perdu l'indépendance était un malheur pour nos peuples - géorgien, arménien et azerbaïdjanais. Et ce que nous avons vécu 70 ans contre notre gré au sein de l'Union soviétique, plus précisément, de l'empire soviétique ait aussi une particularité; nos républiques ont coopéré activement et ont renforcé l'amitié entre nos peuples par tous les moyens possibles.

L'effondrement de l'Union soviétique à la fin de 1991 - est un évènement historique. Sur le champ, nos pays ont déclaré leur indépendance; regardez combien de choses semblables eurent lieu en même temps dans les destins de nos peuples en XX siècle. Actuellement, nous sommes des Etats indépendants et nous, en Azerbaïdjan le considérons comme une réussite historique, évènement historique. L'indépendance nationale en Azerbaïdjan devint pour nous irréversible et éternelle.

Bien sûr, cette période est difficile pour nous tous - il y a des difficultés économiques et politiques. Mais le destin nous dicte - nous devons surmonter ces difficultés pour pouvoir survivre et devenir un Etat indépendant à jamais. Nous en Azerbaïdjan, nous campons sur ces positions.

Mais pour cela, dans la région transcaucasienne il faut avoir une coopération plus active, par exemple. De ce point de vue, nous avons de grandes possibilités, un grand potentiel, puisque outre la mise en place de réformes politiques et de la réorganisation politique, c'est-à-dire de la construction de l'Etat démocratique, de droit, création de toutes les conditions pour l'établissement et développement de la société civile, un facteur important est l'économie. Et nous tous avons opté pour la voie de l'économie de marché, la mise en place des réformes économiques. Les plus grandes difficultés existent dans l'économie, dans la sphère sociale. Et l'interaction, coopération de chacun de nous, par exemple de l'Azerbaïdjan avec plusieurs pays a une grande importance. Une telle coopération est effectuée par la Géorgie et l'Arménie.

La coopération entre les pays de la Transcaucasie est importante également. Entre la Géorgie et l'Azerbaïdjan existent des relations bonnes et amicales. Puisque nos peuples vivent côte à côte durant des siècles, en bons voisins. Par exemple, on ne peut pas se souvenir du cas, où il y a eu un conflit sérieux entre les Géorgiens et les Azerbaïdjanais. Après l'indépendance nationale, malgré de grandes difficultés en Géorgie et en Azerbaïdjan également - les difficultés intérieures, difficultés liées aux conflits - la coopération entre la Géorgie et l'Azerbaïdjan est heureuse. Et cela est avantageux mutuellement.

Je sais qu'entre la Géorgie et l'Arménie il y a une bonne coopération. Je considère que, c'est un facteur positif et important pour le développement de la Transcaucasie.

Malheureusement, le conflit survenu en 1988 encore, aux temps de l'Union soviétique créa non seulement des difficultés entre l'Arménie et Azerbaïdjan, mais les relations qui, à mon avis, n'existaient pas dans l'histoire. En feuilletant l'histoire, on voit que les conflits entre les Arméniens et les Azerbaïdjanais surgissaient aux niveaux différents. Ils causaient des victimes, le sang, mais dans un laps de temps on arrivait à liquider ce conflit et la vie tranquille se restaurait. Prenez, par exemple, les années 1905, 1918, et dans quelques ans les relations se restauraient, les gens se liaient d'amitiés et le mal était oublié. Cela est compréhensible et naturel. Les gens ne veulent pas du mal, ils veulent du bien. Cela est évident non- seulement à l'exemple de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan. Regardez combien d'Etats furent impliqués dansla Deuxième Guerre Mondiale, la guerre qui eut lieu entre la Russie, l'Union soviétique et l'Allemagne. Et regardez leurs bonnes relations actuelles. La même chose on peut dire à propos de plusieurs pays européens, qui faisaient la guerre durant des décennies. Mais tout cela est du passé, à présent ils sont amis, en Europe on avait même créé l'Union européenne, tout va vers l'union, vers le rapprochement des Etats de l'Europe. Malheureusement, le conflit survenu entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan à cause du Haut Karabakh continue.

Nous soutenons les positions du règlement pacifique du conflit. En mai 1994 nous avons signé un accord sur le cessez-le-feu et de notre côté faisons tout pour qu'il dure jusqu'à la résolution équitable du conflit.

Il est vrai qu'en Arménie et en Azerbaïdjan également il y a des forces qui poussent aux hostilités, moi je ne sais pas comment cela se passe en Arménie, mais en Azerbaïdjan en tous cas, on nous accuse de ne pas avoir aucun avancement pendant cinq ans du cessez-le feu, et de ne pas recourir aux autres actions. Même ici, dans notre opposition ont apparu des forces qui ne serait-ce que pour déclarer leurs ambitions politiques essaient de se mettre en campagne pour le Karabakh.

Hier, j'ai été dans l'arrondissement de Garadagh - c'est un arrondissement de la ville de Bakou, j'ai rencontré des gens de l'arrondissement. C'est un arrondissement pétrolier, ouvrier et là fut construit une maison de 50 appartements pour les familles de victimes et des invalides de cette guerre. J'y ai intervenu et j'ai déclaré de nouveau que nous sommes pour la résolution pacifique du problème. Je pense que, nous trouvions la résolution de ce problème qui sera adéquate aux intérêts de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie également. Je ne crois pas que l'Arménie et l' Azerbaïdjan seront en conflit permanent. Je ne crois pas. Parce que, l'histoire le dit avec conviction que cela n'est pas possible.

En rapport avec cela, il y a une grande nécessité de créer une ambiance de la confiance mutuelle, puisqu'au cours de 11 ans du conflit en Arménie et en Azerbaïdjan également les sentiments se compliquèrent, les relations sont tendues. C'est naturel, la guerre, les gens sont tués, le sang est versé. Et si on y ajoute les 20% du territoire de l' Azerbaïdjan qui sont occupés par les forces armées arméniennes et presque un million des Azerbaïdjanais qui sont chassés et vivent dans les tentes dans les conditions difficiles alors vous imaginez à quel point les sentiments sont compliqués et d'une part et de l'autre. Mais il y a des victimes non seulement en Azerbaïdjan, il y a des victimes en Arménie également, et en Arménie il y a des mutilés.

C'est pourquoi, pour aller vers la paix pour de vrai, pour atteindre le règlement pacifique du conflit il est important de créer une ambiance de confiance. Bien sûr, cela ne peut pas être créée pendant un court délai. Il faut encore faire beaucoup pour créer l'ambiance de confiance. Moi, par exemple, je tiens à cela. Suite à cela l'initiative des journalistes est digne d'approbation et de soutien. Même plus, je considère que les journalistes peuvent beaucoup faire dans ce sens. On m'a dit qu'un groupe pareil des journalistes il y a un certain temps visita l'Arménie. Ils ont eu des rencontres, prenaient connaissance de la vie des gens, établissaient des contacts. Il y a quelques années, il était très difficile à imaginer qu'un Azerbaïdjanais apparaisse sur le territoire de l'Arménie ou bien un Arménien apparaisse sur le territoire de l'Azerbaïdjan. Je me rappelle même que les 7-8 septembre de l'année passée, une conférence internationale dans le cadre du programme TRASECA sur la restauration de la Grande route de la soie a eu lieu à Bakou et les délégations de plusieurs pays y furent invitées. La question se posa alors - faut-il inviter la délégation de l'Arménie ou pas? Franchement, il y a eu beaucoup de gens qui s'y opposaient, - puisque nous sommes en conflit est-il possible d'inviter la délégation de l'Arménie? Cependant, l'avis "pour" a eu le dessus. J'ai expliqué aux gens que premièrement, c'est une conférence internationale, qui se déroule à Bakou et comment pouvons-nous priver l'Arménie située également sur la Route de la soie ou bien participant dans la mise en œuvre du programme TRASECA de cette possibilité? Cela n'est pas correct. On disait: comment cela puisse se faire, Kotcharian viendra, par exemple, et quelle sera l'attitude envers lui? J'ai dit: une attitude normale, il est Président de l'Arménie. Est venu le premier- ministre Darbinian, tout était normal.

Le Président Robert Kotcharian m'a dit par téléphone que chez eux également, non- seulement chez nous, mais en Arménie - il y a eu des divergences - fallait-il que la délégation arménienne représentée par les hauts dignitaires aille en Azerbaïdjan? Je vous transmets les paroles du Président Kotcharian, c'est-à-dire cela a eu lieu et chez nous et en Arménie. Cependant, cet état d'esprit y fut surmonté et en Azerbaïdjan également. La conférence a eu lieu, le premier- ministre de l'Arménie a participé à tous les évènements, a signé les documents. Une démarche a été faite dans le sens d'établissement de la confiance, de la compréhension mutuelle. On peut réaliser beaucoup de mesures semblables. En rapport avec cela, je répète que si les journalistes se sont impliqués dans telle échange, cela sert notre objectif stratégique. Je ne considère pas cela comme une simple rencontre de journalistes, mais comme un maillon dans la chaîne de mesures que nous devons réaliser pour instaurer la paix en Transcaucasie.

La paix en Transcaucasie est nécessaire à tous - non seulement à l'Azerbaïdjan, qui souffre de l'occupation de son territoire; non seulement à la Géorgie qui souffre du conflit abkhaze; l'Arménie a besoin de la paix également et l'Azerbaïdjan a besoin de la paix et la Géorgie a besoin de la paix. Les gens ont besoin de la paix. A présent, nous allons vers le XXI siècle, il faut qu'il n'y ait plus de guerre, conflits, que les gens puissent vivre paisiblement et se développer. Et la où sont établies les relations de paix, il y a un grand développement. Je répète, regardez l'expérience de l'Europe. Quel cauchemar a eu lieu lors de la Deuxième Guerre Mondiale: l'Europe fut détruite entièrement, y compris l'Union soviétique et nous ensemble avec vous - républiques de la Transcaucasie avons souffert. Regardez, - après l'instauration de la paix en Europe, le développement fut spectaculaire.

C'est pourquoi, pour aller vers la paix, les journalistes peuvent faire beaucoup. Je salue votre initiative, cette rencontre, en espérant quelle va frayer ne serait ce qu'un petit sentier vers la paix.

Catherine Ahalkatsi (Géorgie): Monsieur Aliyev, quel rôle, à votre avis peut jouer l'économie dans le règlement des conflits en Transcaucasie?

Heydar Aliyev: Joue un rôle très sérieux. Si nous pouvons surmonter ces difficultés. Nous n'avons pas de problèmes avec la Géorgie. Si nous pouvons surmonter les problèmes existants, et avoir une coopération économique entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. D'énormes possibilités. J'ai rencontré le Président Kotcharian à Washington et nous en avons parlé. D'énormes possibilités. Alors je considère que l'économie joue un rôle très sérieux.

Gayané Movsessyan (Arménie): Monsieur Aliyev, n'avez-vous pas l'impression qu'on pourrait procéder à la recherche des intérêts mutuels même dans les conditions du conflit pour pouvoir régler les problèmes urgents, établir la coopération économique. Peut on trouver un intérêt économique commun dans ces conditions même?

Heydar Aliyev: Vous savez, nous avons évoqué ce sujet avec le Président Kotcharian. Nous l'avons évoqué auparavant et surtout à Washington. A propos, je considère que la rencontre des présidents des républiques transcaucasiennes - de la Géorgie, de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan qui se déroula avec la participation du secrétaire d'Etat des USA, madame Albright et des ministres des affaires étrangères d'un nombre de pays, en particulier de la France, de l'Angleterre, de l'Allemagne, du Norvège, de la Turquiefut très intéressante et utile; elle fut organisée par l'administration des Etats-Unis d'Amérique, avait pour objectif l'avancement dans la voie du développement des relations économiques afin de pouvoir faciliter la résolution des autres problèmes également.

Aris Gazinian (Arménie): Monsieur le Président, je voudrais savoir comment Bakou officiel perçoit la République d'Arménie? Ici, j'ai vu et j'ai entendu et votre conseiller monsieur Goulouzadé avait pratiquement signalé que la conscience nationale arménienne se forme sous l'influence de Moscou. Je voudrais savoir est-ce que Bakou officiel considère-t-il l'Arménie comme une marionnette de la Russie au Caucase?

Heydar Aliyev: Vous savez, vous employez des paroles dures. Ce que vous avez entendu, vous l'avez entendu. Je n'y peux rien dire, je ne peux me permettre de dire. Mais, les faits sont tenaces. Les forces armées, les bases militaires de la Russie se trouvent en Arménie. Les gardes-frontières en Arménie sont pour la plupart les gardes -frontières russes, mais naturellement avec la participation des gardes-frontières arméniens. Ce fait témoigne de ce que la souveraineté du pays est lésée dans une mesure. Bien sûr, c'est l'affaire du pays - elle peut le permettre ou pas. Par exemple, à Moscou certaines voix disent que l'Arménie en Transcaucasie est notre seul soutien et allié. Nous sommes, bien sûr, blessés quand quelqu'un parfois parle de ce que c'est un pays chrétien. Vous comprenez, il est criminel de diviser les pays d'après la religion à la fin du XX siècle. Malheureusement, nous entendons de telles voix en Russie. L'Arménie est un pays chrétien et après? Ce sont les déclarations des fonctionnaires haut placés. Le peuple confesse le christianisme. C'est juste. En Azerbaïdjan le peuple confesse l'islam. C'est juste. Nous n'avons pas créé cela. Ce sont nos aïeux il y a plusieurs siècles qui ont adopté cette religion. Et pour cette raison nous devons être ennemis, être méfiants ou considérer que Moscou, voyez-vous appelle l'Arménie un pays chrétien et l'Azerbaïdjan un pays musulman?

C'est pourquoi, je pense, le fait est évident. L'Arménie avait offert son territoire pour la disposition des fusées C-300 et des avions MIG-29. Aux temps, quand nous voulons avoir de la paix en Transcaucasie, nous orienter au désarmement, l'armement de l'Arménie est en cours. A propos, j'ai demandé aux dirigeants de la Russie: Vous en avez besoin pourquoi faire? J'ai demandé ouvertement au Président de la Russie et aux autres personnes. Vous en avez besoin pourquoi faire? Tout d'abord ils évitaient cette question et après ils ont commencé à dire que, c'est contre l'OTAN. J'ai ri. L'OTAN est à l'Occident. Qu'est-ce qu'on peut faire contre l'OTAN du territoire de l'Arménie. Si la Russie considère que l'Arménie est une base de Russie contre l'OTAN, c'est à vous de juger ce que c'est. On m'avait déclaré cela. C'est pourquoi, je ne veux pas donner des évaluations, tout simplement je constate le fait. Et chacun doit faire la conclusion.

Journaliste: Mais la Turquie est le membre de l'OTAN

Heydar Aliyev: Vous savez je ne veux pas développer ce sujet. Cela est aussi ridicule que du territoire de l'Arménie la Russie se défendra de l'OTAN à travers la Turquie. C'est ridicule. La Russie a une immense frontière avec la Turquie par la Mer Noire. Vu les armes modernes dont la Russie dispose, il n'y a aucun problème de soumettre au tir la Turquie, membre de l'OTAN. Si leurs fusées atteignent les Etats-Unis d'Amérique, alors la Turquie? C'est pourquoi, cela n'est pas logique. Je répète que je ne fais que constater le fait et je ne donne aucune évaluation.

Vagram Agadjanian (Arménie): Heydar Aliyevitch, quel est le degré du compromis de la partie azérie après la définition de l'idée de "l'Etat commun"? Dans vos interventions, dans les interventions des autres personnages officiels de l'Azerbaïdjan nous entendons les propos sur l'autonomie élargie qui sera présentée au Haut Karabakh. Mais nous n'avons pas encore compris le fond de cette largeur. Concrètement en deux mots, en deux détails, qu'est-ce que c'est que l'autonomie élargie? Par quoi elle se diffère de l'autonomie, disons, étroite? Merci.

Heydar Aliyev: Premièrement, vous savez, évidemment, vous avez déjà remarqué que je n'emploie pas le mot "autonomie", parce que dans le document du sommet de Lisbonne fut signalé "le haut degré d'autogestion", c'est-à-dire cela est au dessus de toute autonomie.

En ce qui concerne le statut d'autodétermination, j'ai dit plusieurs fois qu'il peut être le plus haut existant dans la pratique mondiale. Mais pour rentrer en détails, il faut accepter l'idée que le Haut Karabakh doit avoir le haut degré d'autogestion au sein de l'Azerbaïdjan. Alors, on pourra donner des détails sur le haut degré d'autogestion. On peut aller en avant et trouver des compromis. Admettons que l'Arménie dira non à quelque chose, qu'elle n'aime pas cela - on peut accepter un compromis. L'Azerbaïdjan dit "non" à une autre chose, cela ne lui convient pas - on peut accepter le compromis. En tout cas, le fait du haut degré d'autogestion - c'est une grande liberté, vous comprenez, à la limite de l'indépendance.

Aleksey Manvelyan (Arménie): J'ai une question. Vous parlez du type de statut etc. Et la partie arménienne insiste sur la discussion de ce problème autour de la table de négociations et surtout avec les représentants du Karabakh. Est-ce qu'on ne peut laisser de côté les problèmes, les appeler à des négociations, les faire asseoir quelque part et leur dire tout ce que vous dites et après voir leur réaction? Vous parlez avec l'Arménie. Et là on insiste qu'on les prenne en considération également. Mais faites le une fois, peut être cela va aboutir à quelque chose?

Heydar Aliyev: Savez-vous, cher homme, il faut être sincère. Qu'est-ce que cela veut dire? Le Haut Karabakh est déjà au sein de l'Arménie de facto. Il y en a plusieurs témoignages. Le Président actuel de l'Arménie est l'ancien dirigeant du Haut Karabakh. L'un des ministres vient de Haut Karabakh, l'autre ministre vient de Haut Karabakh. Tout s'est mêlé. Et en même temps, vous dites et non seulement vous, mais plusieurs personnes nous parlent de négociations avec le Haut Karabakh. Premièrement, le Haut Karabakh n'est pas indépendant, deuxièmement, étant une partie de l'Azerbaïdjan de jure, il ne veut en aucune manière d'établir les relations avec l'Azerbaïdjan. C'est pourquoi, si l'Arménie n'avait pas participé à ce processus, si elle n'avait pas annexé le Haut Karabakh de facto, alors, bien sûr il n'y avait autre voie que d'établir un contact direct. Et pas autrement.

Regardez le conflit abkhaz. Il n'y a pas de pays qui se tient ouvertement derrière l'Abkhazie, bien qu'il ait quelqu'un qui lui aide et nous le savons. C'est pourquoi, dans ce cas, l'administration géorgienne, les dirigeants dialoguent avec les dirigeants de l'Abkhazie. Et autrement avec qui dialoguer? Et chez nous dès le début, ce n'est pas seulement le conflit entre le Karabakh et l'Azerbaïdjan, c'est le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour le Haut Karabakh.

Bien sûr, si l'Arménie s'en retire et dit: moi je me retire tout à fait, je ne me mêle pas aux affaires de Haut Karabakh, s'il vous plait discutez avec eux - alors, il n'y a aura pas d'autre voie, nous allons négocier avec eux. Mais puisque le sujet principal pour nous, c'est l'Arménie, alors nous voulons nous mettre d'accord avec elle. En même temps, si nous aboutirons à un accord avec l'Arménie sur l'avancement de l'affaire, comme on dit, dans le sens de la résolution du problème, alors, sans doute le Haut Karabakh y participera activement. Comprenez et acceptez qu'à présent, cela n'a aucune importance. Et quand on nous conseille, voyez-vous, de négocier avec le Haut Karabakh, nous le considérons comme une tentative de nous éloigner de cette affaire.

Vouguen Tchétéryan (Suisse): Monsieur le Président, je suis de Genève, je veux poser la question en anglais. Voudriez-vous avoir une base de l'OTAN en Azerbaïdjan? Comment pensez-vous, ces bases aideront-elles à la sécurité future de l'Azerbaïdjan?

Heydar Aliyev: Et vous voulez qu'en Azerbaïdjan il y ait des bases de l'OTAN?

Journaliste: Malheureusement, je ne peux pas donner mon avis à ce sujet à présent.

Heydar Aliyev: Vous savez, l'Azerbaïdjan, évidemment, se diffère justement par ce que dès l'indépendance il met en place cette indépendance dans toute son intégrité. En Azerbaïdjan, il n'y a pas ni de troupes étrangères, ni de bases militaires étrangères.

Bien qu'il y ait eu des tentatives de la part de la Russie. Par exemple, il y avait un général Nikolayev, commandant des troupes gardes-frontières de la Russie, qui faisait des efforts 2-3 ans, il venait ici et proposait de garder ensemble la frontière avec l'Iran. Je dis: Pourquoi faire? Il dit: vous savez, les criminels en viennent, les espions etc., nous devons préserver la CEI. Je dis: CEI est une union, où chaque Etat garde ses frontières et de cette manière nous gardons l'espace de la CEI. Ils ont même un terme - vous, en tant que juriste, vous avez un rapport au droit, - les frontières extérieures de la CEI. Qu'est-ce que cela veut dire les frontières extérieures de la CEI? Il s'avère que le fait que les gardes-frontières russes défendent à côté des gardes-frontières arméniens la frontière de l'Arménie avec la Turquie s'appelle les frontières extérieures de la CEI. Je dis: permettez, il existe l'Union européenne qui est plus unie que la Communauté des Etats indépendants. Et alors, ils ont une frontière extérieure? L'Allemagne, il se peut un pays dominant à l'Union européenne dit: allons garder ensemble la frontière de la Tchéquie et la frontière de l'Italie? Non.

Vous comprenez, c'est un malentendu, un non-sens. Cependant, des idées pareilles sont en cours. C'est pourquoi, il venait chez nous et disait: allons garder ensemble les frontières de la CEI. Je lui ai dit: tâchez de garder bien votre frontière et nous allons garder la nôtre comme nous pouvons. Ou bien il proposait: allons établir la frontière sur la Caspienne et allons la défendre. De qui? De l'Iran. Je dis: Vous avez les données que l'Iran prévoit de faire une démarche concernant la Caspienne? Non. A propos, il existe une ancienne frontière entre l'Iran et l'Union soviétique à travers la Caspienne. Peut être vous ne savez pas ce nom - cela part du point Astara en Azerbaïdjan jusqu'au point Gasankouli au Turkménistan, suivant cette ligne. J'ai beaucoup travaillé en Azerbaïdjan et je connais bien tout cela. Tous les ans, les décennies l'Union soviétique gardait la partie de la Caspienne à partir de l'Iran suivant cette ligne Astara-Gasankouli. On se servait de vedettes de surveillance, d'avions etc. Bien que je voyais qu'à l'époque l'Iran n'avait même un seul navire de guerre! Est-ce que les bateaux de pêche ou autres vont violer la frontièrede l'Union soviétique? Cependant on y gaspillait des forces.

Puis il me propose: nous allons garder cette frontière. Je dis: pourquoi faire? Dans ce cas je ne vois pas de danger venant de là. Vous voulez ici faire quelque chose pour assurer votre présence? Pourquoi faire? Pourquoi vous en avez besoin?

A présent, la Russie et l'Iran se sont liés d'amitié à tel point que je ne sais pas est-ce qu'il leur faut garder les frontières ou pas.

Voilà mon avis sur votre question. C'est-à-dire, la souveraineté intégrale, l'indépendance de l'Etat prévoit que l'Etat soit maître de son territoire.

Galina Pétréchvili (Géorgie): Monsieur le Président, je m'intéresse à la situation intérieure de votre pays. Comment vous appréciez l'opposition et de quelle manière vous établissez les relations avec elle? Merci

Heydar Aliyev: Evidemment, vous savez vous-même quelle opposition est ici. Vous êtes venue ici, évidemment vous vous êtes rencontrés. L'opposition est un phénomène normal dans l'Etat démocratique. Nous avons l'opposition. Qu'est-ce que je peux dire, elle n'est pas encore assez mûre pour une vraie opposition politique. Je veux que l'opposition soit vraiment solide, réfléchisse à des problèmes solides. Et si chaque petit parti ne pense qu'à la prise du pouvoir, au renversement des autorités…

Nous en avons combien de partis, je ne sais pas - 40 partis. Dans un pays aussi petit 40 partis. Je ne sais combien y en a-t-il en Géorgie?

Journaliste: 127

Heydar Aliyev: 127? (rit) Vous avez battu le record. Je ne veux pas que nous vous atteignions. En même temps je veux dire que tout ce que nous faisons c'est du nouveau. J'ai disais toujours et je dis aujourd'hui en votre présence: on ne peut pas estimer qu'après l'effondrement de l'Union soviétique et l'indépendance nous avons sauté d'un système à l'autre, et en outre dans le système ayant plus haut degré du développement. Prenez, par exemple, les pays européens - comment ils allaient vers la démocratie, on a eu besoin de combien d'années, de décennies pour qu'il y ait le vrai pouvoir démocratique et l'opposition normale, civilisée. Si on prend en considération le fait que la mentalité des peuples européens le permettait et le permet plus que la mentalité, par exemple de notre peuple, alors regardez combien de temps, et quelle distance nous devons passer. C'est pourquoi, quand aujourd'hui on parle de l'absence de la démocratie en Azerbaïdjan etc. Il existe la démocratie en Azerbaïdjan. Mais il n'y a pas de démocratie pareille à celle de l'Allemagne, c'est impossible. L'Allemagne allait vers cette démocratie tant d'années, tant de décennies. Mais, nous allons vers cette démocratie. C'est pourquoi, l'opposition doit mûrir, devenir adulte, plus solide. Ils suivent cette voie. Je veux qu'ils grandissent.

Marc Grigoryan(Arménie) Dites, s'il vous plait, est-ce qu'il existe une politique d'Etat par rapport à quelques milliers d'Arméniens vivant encore en Azerbaïdjan, en particulier à Bakou? C'est que je connais le cas quand Angéla Oganova domiciliée rue Nizami, a été battue plusieurs fois par les voisins, le tribunal n'accepte pas les documents, puisqu'elle est Arménienne, le bureau de l'état civil n'accepte pas les documents - elle veut se marier avec un Azerbaïdjanais, - parce qu'elle est Arménienne. Est-ce qu'il existe une politique nationale de protection de cette minorité ethnique?

Heydar Aliyev: Existe. Cette politique existe, elle fut déclarée plusieurs fois par moi -Président de l'Azerbaïdjan. Par les caprices du destin les Arméniens vivant en Azerbaïdjan sont, les Arméniens des mariages mixtes, c'est-à-dire des femmes arméniennes et des maris azerbaïdjanais. C'est ça? Je dis: bien et les enfants? Les enfants également ont du sang azerbaïdjanais et du sang arménien. Personne parmi eux n'est coupable - ni l'Arménienne qui s'est mariée avec un Azerbaïdjanais, ni l'Azerbaïdjanais qui l'avait épousée. Et surtout les enfants qui sont nés de ces mariages mixtes.

J'ai prévenu catégoriquement. Je ne connais pas un seul fait de l'atteinte aux droits des Arméniens vivant en Azerbaïdjan. Je connais plusieurs dirigeants, qui ont travaillé avec moi par le passé et aujourd'hui travaillent çà et là, leurs femmes sont Arméniennes et il n'y a aucun problème. Mais, s'il y a un problème avec cette Angéla, tout simplement, il faut examiner ce cas. Ecrivez, nous allons voir.

Journaliste: je vous prie.

Heydar Aliyev: S'il vous plait, il faut voir. Nous prendrons des mesures. Et vous pouvez être sûr et dites en Arménie qu'il y a une garantie. Il ne peut y avoir lieu d'atteinte aux droits. Ils ne sont pas coupables du conflit et ne doivent pas souffrir.

Vagram Agadjanyan: Heydar Aliyevitch, quelle est votre attitude à l'élection de Karen Séropovitch Démirtchan le président de notre parlement? Liez vous un espoir à cette personne dans le contexte du règlement du conflit?

Heydar Aliyev:Vous savez, nous sommes un Etat souverain, nous devons estimer le choix du peuple. C'est mon avis. Dans ce cas je considère que le peuple arménien a fait confiance à Karen Séropovitch Démirtchan, en l'élisant le président du parlement de l'Arménie. Avant cela, il s'est présenté au poste du président et nous savions des mass média qu'il avait eu beaucoup de voix. A mon avis, ils sont restés avec Robert Kotcharian pour le deuxième tour. C'est ça, oui? Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire qu'il est populaire, et que le peuple a confiance en lui. Je me joins à cela. La volonté du peuple est par-dessus tout.

En ce qui concerne Karen Séropovitch Démirtchan, je le connais il y a longtemps. J'ai commencé à travailler en Azerbaïdjan en qualité du premier secrétaire de Comité Central en 1969. Dans trois ans en 1972 en Géorgie, Edouard Amvrosievitch fut élu le premier secrétaire de Comité Central et encore dans deux ans - en 1974 Karen Séropovitch fut élu le premier secrétaire de Comité Central de l'Arménie. Et je dois dire que, nous avons très bien coopéré. Très bien. Nous avons aidé l'un l'autre, vous comprenez, nous avons communiqué.

Je me rappelle mes rencontres en Arménie. Avec quel enthousiasme et quel respect on me recevait et non seulement les personnages officiels. J'ai visité des collectifs, des usines, des fabriques. Je me rappelle une fois sur le territoire de la fabrique de chaussure il y avait une réunion grandiose ou étaient présents et Edouard Amvrosievitch, et Karen Séropovitch et moi. Nous avons fait des discours, avons parlé de l'amitié des peuples transcaucasiens. Combien de fois Karen Séropovitch a été ici, en Azerbaïdjan. Le peuple le recevait avec un grand respect; il ne faut pas oublier ces pages de la vie. Nous avons beaucoup fait à l'époque. Vous, jeunes gens devez savoir nous avons beaucoup fait pour que nos républiques acquièrent ce potentiel scientifique, économique, culturel, ce qui nous permet actuellement de vivre indépendamment. Ce sont les mérites des gens, y compris de Karen Demirtchan en Arménie, je considère. Evidemment les gens ne l'oublient pas. Comment autrement? Regardez, en 1988 il quitta l'arène politique. D'un coup en 1999, dans onze ans, les gens lui font une immense confiance. Cela veut dire qu'on n'oublie pas. C'est correct.

Gayané Movsessian: une petite question: si j'ai bonne mémoire, à la rencontre à Washington avec le président de l'Arménie, vous vous êtes mis d'accord de vous voir à la frontière. Quand cela aura lieu?

Heydar Aliyev: Nous nous sommes mis d'accord de nous voir, mais pas à la frontière. Nous nous sommes mis d'accord de nous voir à Luxembourg. Cependant, suite à la raison dont vous connaissez je n'ai pas pu y aller. Je pense que dans l'immédiat nous trouverons la place où nous devons nous voir, nous aurons le rendez-vous et continuerons ce dialogue de Washington.

Galina Pétréchvili (Géorgie) une toute petite question. Comment vous portez vous?

Heydar Aliyev: Et vous me voyez comment?

Galina Pétréchvili: Bien

Voix de l'auditoire: Parfait. Excellent.

Heydar Aliyev: je vous plais?

Galina Pétréchvili. oui

Heydar Aliyev: Voilà, c'est ma réponse. Je vous remercie, bonne chance. Au revoir.

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