Entretien donné par Monsieur Heydar Aliyev, Président de la République d`Azerbaïdjan lors de la réception des cooprésidents du groupe de Minsk de l`OSCE - Le 18 mai 2001


Heydar Aliyev: Chers invités!

Chers coprésidents!

Soyez les bienvenus en Azerbaïdjan. C`est un grand plaisir pour moi de vous revoir. D`une manière générale, après ce délai de somnolence, au cours ces derniers mois, le reveil du groupe de Minsk me rejouit beaucoup. Il s`est passé un long moment depuis les négociations de Key West. Pendant ce temps vous aussi, vous avez poursuivi vos travaux de médiation. Moi aussi, j`ai eu quelques rencontres avec certains des personnes qui sont aujourd`hui parmi vous. Toutes ces rencontres illustrent le fait que les nations qui sont les coprésidents du groupe de Minsk sont résolues à obtenir un accord de résolution pacifique du conflit arméno-azerbaïdjanais autour du Haut Karabagh. C`est très bien. Parce que nous attendons déjà depuis longtemps. Je pense que la solution de cette question a un caractère désisif pour l`Azerbaïdjan, mais également pour l`Arménie et pour tout le Caucase. Je vous salue encore une fois et j`attends des nouvelles démarches de votre part.

Keri Cavano: Monsieur le Président, merci beaucoup. Permettez-moi de dire que nous aussi, nous sommes très contents d`être de retour en Azerbaïdjan. Pour moi, c`est un retour après une séparation de quinze jours.

Vous avez dit somnoler. Je voudrais dire que les coprésidents du groupe de Minsk ne trouvent pas le temps de dormir.

Heydar Aliyev: Ces derniers temps.

Kéri Carvano: Oui, c`est vrai que nous travaillons de façon très intensive ces derniers temps. Nous sommes tout à fait d`accord avec vous que la solution du conflit est une question très importante. Mais vous, et le Président Kotcharyan, si vous n`aviez pas travaillé dur et consenti des efforts intenses, il nous aurait été impossible de passer à un régime de travail aussi intensif. Nous avons observé nous-mêmes qu`au cours de l`année passée que vous, les deux Présidents, vous êtes en contact étroit. Ceci, à son tour, a été d`une grande aide pour nous, pour nous joindre à votre travail. Nous comprenons aussi que ce sont des tâches ardues et des questions très difficiles à aborder pour chacun des dirigeants. Il y a des questions qui concernent seulement la vie d`un groupe de personnes, qui sont liées à elles. Mais celui-ci est un problème essentiel qui est lié au destin de votre peuple et de ses difficultés.

Notre énergie à nous, les coprésidents, nous est transmise par les négociations que vous et le Président Kotcharyan avez conduites entre vous ces derniers temps.

C`est un grand plaisir pour nous de noter l`existence d`un avancement significatif lors des sommets de Paris et de Floride. Nous comprenons aussi qu`il reste encore un long chemin à parcourir. Je voudrais souligner encore une fois que le fait que certaines étapes, indispensables à la résolution de questions centrales, puissent requérir un temps déterminé, ne doit étonner personne. Pour l`obtention de la paix, on a besoin des démarches sérieuses. Il y a un grand besoin de concessions difficiles. La paix demande des analyses prudentes.

Je me suis entretenu avec les coprésidents. Je me suis entretenu avec Monsieur Troubnikov. Je peux même dire que les Présidents des pays que nous représentons ont eu des discussions entre eux. L`opinion générale est que, pour parvenir à la signature de la paix, il est impossible de fixer un jour d`une manière arbitraire. Quand il sera possible d`obtenir une paix, alors ce jour-là la paix se transformera en réalité.

Monsieur le Président, nous avons déjà constaté votre fidélité au principe de la paix. Nous avons constaté l`attachement du Président Kotcharyan à la recherche d`une la solution pacifique au conflit. Ceci nous a confortés dans nos espoirs qu`il existe des possibilités de trouver des voies de résolution à ce conflit. En fait, ceci nous a coupé le sommeil. Mais ce travail mérite qu`on y travaille et qu`on ne s`endorme pas. En fait, quand on voit les tourments auxquels de nombreuses de personnes sont confrontées à cause de l`absence de paix, en général, il ne reste plus aucune raison de souhaiter s`endormir.

Comme au cours de nos précédentes visites, cette fois aussi,nous ne voulons pas nous limiter à nos entretiens avec vous et avec le Président Kotcharyan, mais nous avons l`intention de garder le contact avec les gens qui ont souffert de ce conflit. Demain, en allant dans la région d`Aghdjabadi, nous nous rendrons dans les camps des réfugiés. Nous savons que les familles qui vivent là vivent les jours les plus difficiles de leur vie. Même certains parmi eux vivent dans des conditions d`une dureté inimaginable. Nous voulons les assurer encore une fois que nous travaillons de toutes nos forces pour réussir à signer une paix dans un avenir très proche.

Monsieur le Président, comme vous et le Président Kotcharyan l`avez proposé, nous essayons d`envisager, une fois après avoir instauré la paix, comment apporter notre aide et notre contribution, et notamment nous voudrions aussi pouvoir apporter mobiliser les forces, les moyens, et les ressources de la communauté internationale. C`est pourquoi, lors de notre visite, nous avons l`intention de voir de nos propres yeux et de nous préparer pour l`avenir, et nous irons dans la région d`Aghdam pour voir encore une fois de quoi la population, une fois réinstallée, va avoir besoin, et quels seront les gros travaux qui seront nécessaires en matière de construction de routes, de chemins de fer et d`infrastructures.

Monsieur le Président, lors de nos négociations avec vous à Key West, une telle idée avait été évoquée, de sorte que nous ne travailliions pas seulement sur l`accord de la paix, mais que nous travailliions aussi à préparer l`avenir. Nous travaillons pour bâtir un avenir qui peut être complètement différent pour votre peuple. C`est pourquoi je vous assure encore une fois que c`est un grand plaisir pour nous d`être revenus en Azerbaïdjan et de continuer à faire avancer le flambeau de la paix. Nous nous réjouissons d`avoir cette possibilité de revoir votre peuple.

Heydar Aliyev: Je vous remercie. Est-ce que quelqu`un veut prendre la parole?

Nikolay Gribkov: Honorable Heydar Aliyevitch, malheureusement avec retard, je voudrais vous féliciter de tout cœur à l`occasion de votre anniversaire au nom de trois coprésidents et je voudrais vous souhaiter une longue vie au service de la prospérité du peuple azerbaïdjanais, du renforcement de la paix et de la sécurité au Caucase du Sud et, bien sûr, au service d`une solution rapide au problème du Haut Karabagh. Je voudrais vous assurer que pour accomplir cette tâche de haute valeur vous pouvez toujours compter sur l`aide et le soutien de mes collègues,les coprésidents de la Russie, des Etats-Unis, et de la France.

Je sais que vous avez eu des entretiens fructueux avec Vladimir Vladimirovitch Poutine il y a quelques jours. Lui aussi, il vous a félicité à l`occasion de votre anniversaire et vous a souhaité ses meilleurs vœux. Il a apprécié votre rôle dans l`amélioration et dans le renforcement des relations d`amitié entre nos pays. Ces derniers temps, c`est vrai, il se passe des événements importants - je vais m`éloigner un peu du sujet du Haut Karabagh-, nos relations deviennent sérieusement plus actives. Il suffit de rappeler que, seulement au cours de cette semaine, à peu près cinq ministres russes se sont rendus en Azerbaïdjan. Et notre ambassadeur trouve que cela n`est pas encore suffisant et qu`il faut intensifier cette activité. Je suis venu à Bakou hier et j`ai eu le temps de visiter la ville, de me promener dans les rues. Vous savez, la ville devient belle, elle devient belle sous nos yeux. Le parc au bord de la mer est un endroit où on passe des moments agréables. Mais chaque fois que je reviens ici, l`idée, à contrecoeur, me vient à l`esprit que s`il n`y avait pas ce problème du Haut Karabagh, si nous n`étions pas obligés de dépenser autant d`énergie, d`user d`autant de moyens en faveur d`un règlement de ce conflit, si nous pouvions passer à l`étape des tâches humanitaires et économiques, alors je pense que la situation en Azerbaïdjan serait toute autre. Et c`est dans cet esprit que les trois coprésidents du groupe de Minsk -la Russie, les Etats-Unis, la France- déploient tous leurs efforts pour apporter leur aide, à vous et à Robert Sedracovitch Kotcharyan, afin de trouver très bientôt un accord qui pourra satisfaire chacun des deux peuples. Et je dis "apporter une aide" parce que, en tous cas, je me fonde sur ce que la responsabilité essentielle en incombe aux deux parties dans l`élaboration de cet accord. A notre tour, nous serons prêts, nous présenterons l`initiative, nous vous présenterons différentes possibilités pour résoudre les questions les plus aigues et les plus litigieuses. Les bonnes relations qui existent entre les responsables des trois pays coprésidents me rendent très optimistes.

Vous êtes au courant qu`il y a toujours des conversations constantes entre Vladimir Vladimirovicth Poutin, Président George Bush et Président Jacques Chirac. Ils parlent entre eux et comparent leurs points de vue, ils envisagent les démarches nécessaires qu`ils proposeront à l`avenir pour dénouer le nœud du Haut-Karabagh ou, en tous cas, accélérer l`avènement de son dénouement. Bien sûr, il très important et très positif que vous et Koctharyan, le Président de l`Arménie, vous soyez d`humeur constructive dans la recherche d`une solution à ce problème.

Peut-être que ce que je viens de dire peut donner l`impression que la solution du problème n`est pas loin. Il est très dommage que ce ne soit pas comme cela. On ne peut pas former des hypothèses exclusives dans l`esprit des gens. La question est qu`un problème très sérieux sépare deux peuples. Malgré tout cela, on ne peut pas s`arrêter à mi-chemin. Il faut poursuivre la recherche des solutions à ce problème et essayer de s`accorder. Très honorable Heydar Aliyev, je veux vous assurer, par rapport à ces questions, que vous pouvez compter sur l`aide et sur toutes sortes d`assistance de la part des trois pays qui sont les coprésidents du groupe de Minsk.

Heydar Aliyev: A ce propos, je voudrais dire quelques mots par rapport au discours de Monsieur Gribkov, ensuite nous allons écouter le représentant honorable de la France. Je vais rester dans les généralités.

Je veux vous remercier de me féliciter à l`occasion de mon anniversaire. Mais, pour moi, le véritable anniversaire sera le jour de la signature de l`accord de paix, le jour de la libération de nos terres. C`est pourquoi, au cours de toutes ces années passées, je me suis occupé de cette question, et les fêtes n`ont pas été des fêtes pour moi, notamment la fête de mon anniversaire. En général, j`ai oublié mon anniversaire, parce que seul le problème du Karabagh existe dans mon cerveau, dans ma tête. Monsieur Souremeyn, je vous en prie.

Philipe Souremeyn(le coprésident français du groupe de Minsk de l`OSCE): Monsieur Président, permettez-moi de vous transmettre les vœux de Monsieur le Président Jacques Chirac, et ses félicitations, qu`il vous adresse personnellement à vous, et surtout ses vœux concernant le processus de paix entre l`Arménie et l`Azerbaïdjan. Monsieur Jacques Chirac m`a demandé de vous faire savoir qu`il apprécie très hautement les rapports de confiance qui se sont formés entre vous et lui. Il m`a demandé de vous dire aussi qu`il a ressenti un grand plaisir de vous avoir reçu deux fois à Paris ces derniers temps.

Comme vous le voyez vous-même, la présence des trois coprésidents du groupe de Minsk prouve encore une fois que la communauté internationale accorde une grande importance au processus de paix. Ce problème n`a pas été oublié, n`a pas été étouffé et il a trouvé un écho dans l`espace international d`information. Il est bien entendu que notre vœu le plus cher est de vous apporter l`aide que vous jugerez importante pour que ce processus de paix puisse trouver sa conclusion le plus vite possible.

Les trois coprésidents travaillent dans un partenariat étroit. Ce qui nous a beaucoup stimulés est le fait que les Présidents de nos pays, aussi, se dépensent pour atteindre l`objectif d`une paix le plus vite possible. Nous comprenons très clairement qu`il y a beaucoup de difficultés à résoudre. Nous comprenons aussi que ce conflit a aussi engendré de nombreuses souffrances pour chacun des deux côtés. Nous croyons dans votre volonté et dans la volonté du Président arménien. Cela peut conduire à la paix, qui va donner un coup d`épaule au développement économique et social de deux pays.

Bakou est une ville qui recèle un grand nombre de diversités extraordinaires. Tout de suite, on peut se rendre compte que c`est une ville internationale placée à un carrefour. On peut voir tout le profit que Bakou et tout l`Azerbaîdjan pourrait tirer d`un accord de la paix. L`aide que la communauté internationale apporte à la résolution de cette question n`est pas seulement une aide morale. Elle aura aussi un caractère économique. Nous tous, nous comprenons que si l`Azerbaîdjan, la région du Caucase devient prospère, là, nous tous, pouvons en tirer des avantages. C`est notre intérêt commun et nous tous défendons cet intérêt. Je vous remercie.

Heydar Aliyev: Je vous remercie. Merci.

Je vous remercie tous les trois pour les vues que vous venez de présenter et je voudrais vous dire que toutes ces opinions, toutes ces paroles furent très agréables à entendre pour moi.

Si vous vous rappelez bien, vous avez quelques fois manifesté votre mécontentement du fait que je critique souvent les coprésidents du groupe de Minsk. Si vous vous rappelez bien, même à Key West, dans ma déclaration, je n`ai pas abandonné ce ton critique. En soi, la critique n`est pas une mauvaise chose. Mais maintenant, je ne voudrais pas présenter cela comme mon succès personnel. Simplement je veux dire que peut être vous avez tiré des conclusions de mes critiques régulières.

C`est pourquoi je ne fais pas de critiques aujourd`hui. En revanche, j`apprécie hautement les travaux que vous avez accompli ces derniers temps et votre grande activité. L`essentiel est qu`un étroit partenariat s`est instauré afin d`unir les efforts qui sont requis pour trouver une solution pacifique à cette question. Et ce partenariat s`est formé entre les trois coprésidents, entre trois pays, entre les Présidents de ces pays - le Président Monsieur Bush, le Président Monsieur Poutine, le Président Monsieur Chirac et cela nous donne de grands espoirs.

Je sais que chacun de vous a beaucoup travaillé depuis la rencontre de Key West. Je sais que Monsieur Cavano a été en Allemagne, à Vienne, à New York et à Bakou. Vous non plus, vous n`avez pas dormi la nuit. Vous avez fait le voyage pendant la nuit, et vous avez travaillé toute la journée. Je sais tout cela. Je suis informé même que Monsieur Cavano a rencontré les représentants de la communauté azerbaïdjanaise à New York. Ceci est une chose qui n`avait jamais été faite jusqu`à présent. C`est vrai, nous n`y avons pas une grande diaspora. Mais leur prêter attention et s`informer de leurs opinions prouve encore une fois les efforts que vous faites pour aboutir à la résolution de cette question.

Vous savez qu`il est vrai que depuis 1999, quand les deux présidents - les présidents de l`Arménie et de l`Azerbaïdjan - ont entamé des négociations directes entre eux, nous nous sommes engagés sur un chemin et nous avançons sur ce chemin concret. Mais à la fin de 1999, lorsque nous nous sommes approchés très près de la solution de cette question, le mouvement s`est interrompu tout d`un coup et ce fut fort dommageable. En me reposant sur ces négociations que nous avons menées, j`avais déclaré qu`on pouvait attendre une solution pacifique au conflit arméno-azerbaïdjanais. Mais vous savez qu`en raison des changements sérieux dans la position de l`Arménie nous n`avons pas pu avancer.

Maintenant certaines personnes me critiquent en Azerbaïdjan et m`accusent d`avoir promis que cette question serait résolue en 2000, mais elle n`est pas encore résolue. Et bientôt viendra le moment où on dira que le président ment au peuple et que la solution à cette question est inconnue. Bien sûr que je n`accepte pas ces critiques. Je les nie. Parce que ceux qui le disent ne savent pas la vérité. Ou bien, en la sachant, ils veulent simplement entraver la recherche d`une solution à cette question. C`est pourquoi je partage votre opinion qu`on ne peut pas dire si la paix sera signée demain, après-demain, ou dans un certain temps, ou quand. Mais je partage aussi votre opinion selon laquelle seul en travail acharné peut nous rapprocher de la paix. Je vois que vous y travaillez sans relâche.

Chaque fois, vous rappelez que cette question dépend du consentement de deux Présidents. Je ne le nie pas. Mais si les deux Présidents avaient consentis à résoudre cette question, la question serait déjà résolue depuis longtemps.

Mais, si en 1992 le groupe de Minsk a été formé à l`OSCE pour concevoir un mode de règlement pacifique de ce conflit, et si les plus grands pays du monde - les Etats-Unis, la Russie, la France - dirigent ce groupe de Minsk de l`OSCE, c`est-à-dire ceci prouve encore une fois que les présidents de deux pays n`arrivent pas trouver un accord.

Il est évident que vous pourriez dire de régler nos affaires nous-mêmes et nous rejeter en nous demandant pourquoi nous devrions prendre une nouvelle charge sur nos épaules. Mais je crois que vous ne penserez jamais comme cela. Premièrement, parce que l`OSCE a pris une décision et que nous tous en sommes membres. Il faut mettre en place cette décision. Deuxièmement, si les grands pays ne garantissent pas la paix dans les différentes régions du monde, s`ils n`arrêtent pas les conflits, ceux-ci vont se répandre dans le monde entier. C`est pourquoi il me semble que désormais vous allez vous pencher attentivement de la solution sur la question d`une résolution négociée de ce conflit. J`espère qu`à la suite de ces efforts de nous tous, nous allons gagner la paix.

L`agenda de votre séjour actuel me réjouit beaucoup. Parce que, outre les négociations, ici ou à Erevan, vous avez déclaré que vous alliez visiter les camps de réfugiés d`Aghdjabadi. Ensuite vous allez franchir la frontière, vous serez à Aghdam. C`est très important pour nous.

Je me rappelle, Monsieur Cavano, une fois que vous étiez allé à Aghdam, vous m`aviez rapporté un petit morceau de pierre de la mosquée d`Aghdam. Quand vous me l`avez donné j`ai vu que vous aussi vous étiez très ému. Moi aussi, j`étais ému. Parce que dans ces régions occupées, ce ne sont pas seulement les mosquées construites au cours des siècles qui ont été détruites, mais tout a été détruit. Vous avez prévu d`amener avec vous des journalistes, peut être eux aussi, ils y iront avec vous. J`espère que vous allez voir au moins une région et voir dans quel état elle est. Comme vous l`avez souligné, vous allez aussi déterminer après la signature de la paix, quel sera la liste des travaux de reconstruction à faire dans cette région. Mais il ne s`agit pas seulement pas d`une région, mais bien de sept régions. Je dis sept régions parce que dans le haut-Karabagh il n`y a pas eu beaucoup de destructions. Vous les avez déjà vus. Au cours de cette guerre, il n`y a eu aucune destruction en Arménie. Toutes les destructions ont été pratiquées sur le territoire de l`Azerbaïdjan.

Je partage votre opinion selon laquelle la paix est nécessaire,et pour l`Arménie, et pour l`Azerbaïdjan. Mais si nous les mettons dans la balance, ce n`est pas le même poids. L`Azerbaïdjan en a beaucoup plus besoin. Vous allez voir des réfugiés à Aghdjabadi, mais il y en a partout en Azerbaïdjan.

En un mot, je suis content de votre visite et de votre agenda. Je souhaite que les négociations que vous menez et vous mènerez ici et en Arménie serviront à faire avancer cette question. Je vous remercie.

Keri Cavano: Monsieur le Président, avec votre permission, je vous remercie de louer notre travail. Vous avez raison de dire que parfois la critique fait avancer et incite à beaucoup travailler. Mais je dois noter aussi qu`il n`y a que les progrès qui font avancer, qui encouragent beaucoup les gens à travailler ardemment et à aller de l`avant. Les succès préliminaires stimulent beaucoup ceux qui travaillent. C`est pourquoi je veux dire que les travaux que nous avons faits ont été fondés sur les avancées obtenues jusqu`à présent.

Vous avez tout à fait raison de souligner que pour résoudre le conflit de Haut Karabagh il existe une coopération de haut niveau entre le Président Bush, le Président Poutine et le Président Chirac et qu`ils mettent leurs efforts directs à accomplir cette tâche. Je crois que les contacts existants entre eux, qu`ils gardent avec les uns avec les autresmais également la coopération qui existe entre les trois coprésidents, n`ont aucun précédent. L`attention régulière portée à cette question est un moyen très efficace. Les Présidents des trois pays que nous représentons ici croient qu`il y a une possibilité rare pour la solution de ce conflit. Nos Présidents ont déjà déclaré qu`ils sont prêts à consacrer des efforts sérieux pour épauler les deux Présidents qui sont eux aussi prêts de faire des démarches difficiles en faveur de la paix.

Monsieur le Président, permettez-moi de dire ceci aussi. Vous avez aussi raison de dire que la paix n`est pas un tâche qui dépend seulement de vous et du Président Kotcharyan. Nous comprenons qu`une aide extérieure est aussi importante. L`OSCE essaie aussi contribuer par ses moyens à ce but autant qu`il est possible. De ce point de vue, trois pays qui sont membres de l`OSCE se sont chargés de leadership.

Notre activité nous rappelle un bateau sur la mer. Nous pouvons seulement être assistants, contribuer une aide. Nous pouvons aider le bateau en fournissant son énergie, pour ses carburants, à définir son orientation,sa carte, ses directions. Quand vous vous serez approchés du port de la paix, nous contribuerons à plus d`aide. Mais pour conduire ce bateau, nous avons besoin de deux Présidents. Quand ces deux Présidents conduiront le bateau dans la même direction, tout le monde aura pris le chemin de la paix. Mais si deux Président tirent la barre du bateau dans différentes directions, dans ce cas ni toute l`énergie que nous donnons, ni la carte que nous dessinons, ni les orientations que nous définissons ne pourront empêcher ce bateau de heurter les récifs. Le Président Bush, le Président Chirac, le Président Poutine nous ont donné des ordres aux termes desquels, dès que nous voyons que les deux Présidents ont l`intention de conduire le bateau dans la même direction, nous travaillerons très sérieusement et intensivement pour aider à acheminer le navire vers le port de la paix. Nous travaillons beaucoup pour cela et nous préparons ce port que vous puissiez y mouiller l`ancre.

Si nous approfondissons encore un peu ce sujet, je veux dire qu`il est possible qu`un ouragan se lêve en mer. Parfois ce sont des flux sous-marins. Monsieur le Président, mais vous aviez raison de noter qu`au cours de ces deux ans nous nous sommes approchés progressivement de la paix. Je trouve qu`aujourd`hui la paix n`est pas un simple rêve ou une hypothèse. Il est possible de voir la paix à l`horizon. C`est pourquoi la tâche devant nous - les coprésidents - est d`être des assistants à la préparation de la paix et de travailler pour faire avancer davantage ce processus. Nous comprenons aussi que la tâche devant vous et devant le Président Kotcharyan est de maintenir l`orientation commune.

Je me rappelle bien, j`étais ici avant votre anniversaire et après avoir visité Aghdam, je suis revenu à Bakou. Cette fois aussi après avoir visité les régions occupées et après avoir parlé avec les gens et les réfugiés, nous allons enrichir encore plus l`expérience que nous avons accumulée jusqu`à présent. Parce que nous comprenons que ce sont les réfugiés qui peuvent jouer un rôle essentiel dans l`instauration de la paix. Et vos efforts, et nos efforts, sont dirigés vers ce à quoi nous devons préparer les peuples de l`Azerbaïdjan et de l`Arménie, les amener à la paix et les aider dans ce travail. C`est une tâche très difficile. C`est un travail dur. Mais encore une fois je dis qu`en comparaison des souffrances que les réfugiés endurent notre tâche n`est pas aussi pénible.

Encore une fois je veux dire que notre visite dans les régions est une aide apportée à l`avancement du processus de paix et à la préparation de la paix. Et d`une manière générale, cette visite sert contribue à aider les deux pays à établir une paix durable et multiforme.

Monsieur le Président, permettez-moi de parler brièvment d`une autre question. A Key West, nous avons vu que vous conduisiez très bien le bateau. Parce que vous avez montré comment maintenir la barre quand il y a du vent. Ce voyage s`est achevé par un succès. Nous sommes rentrés au port sain et sauf et tranquille, dans une situation calme. Nous espérons que notre voyage se déroulera aussi sur ce mode.

Heydar Aliyev: Merci. Je vous remercie.

Je ne veux pas prolonger la conversation. Mais je voudrais dire deux mots à propos du bateau et des Présidents qui tiennent la barre le bateau. Les deux capitaines, ou les deux Présidents qui conduisent le bateau, s`ils prennent la même direction, c`est qu`ils sont des hommes raisonnables, et alors il est évident que le bateau arrivera au port sain et sauf. Maintenant c`est très difficile pour nous. Il faut que le Président Bush, le Président Chirac, le Président Poutine montent aussi à bord de ce bateau. Et vous à côté d`eux. Il ne faut pas laisser des forces contraires infléchir le mouvement amorcé.

C`est vrai que je conduisais le bateau à Key West. Mais à côté de moi, un capitaine très expérimenté me disait de temps en temps de tourner dans telle direction, là où tu n`as pas bien tourné. Moi, je veux la même chose maintenant. En plus de nous, les capitaines expérimentés, trois personnes prennent aussi ce bateau. Alors nous pourrons accoster le plus vite possible. Merci.

Journal "Azerbaïdjan", le 19 mai 2001

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