Entretien avec Heydar Aliyev, Président de la République de l`Azerbaïdjan, lors de l`accueil des représentants des organisations internationales - le 6 janvier 2001


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Heydar Aliyev:  Chers invités, je salue votre arrivée en Azerbaïdjan. En Azerbaïdjan, peut-être même les membres des Parlements ou les ambassadeurs de différents pays ne se sont pas retrouvés ensembles tant de temps. Je vois qu`en Europe l`attention envers notre pays et notre peuple s`accroît de plus en plus. J`espère que la bienveillance augmente aussi. C`est pourquoi je suis très content de vous rencontrer.

Le but de votre venue est bien clair. Nous nous sommes rencontrés précédemment à ce propos. Lors de la dernière rencontre nous avions décidé que nous nous rencontrerions encore. Maintenant il est grand temps. Vous êtes en Azerbaïdjan. Nous nous sommes beaucoup préparés à votre arrivée et, de manière générale, en vue des élections parlementaires. J`espère que demain, vous pourrez observer les résultats de ces mesures. Je vous en prie, je vous écoute.

Paula Kokkonen:  Monsieur le Président, merci de nous recevoir. Je regrette de n`avoir pas pu me joindre à la dernière rencontre, au mois de décembre. Mais je suis contente d`être revenue en Azerbaïdjan. Nous sommes heureux d`être ensemble et de nous revoir avec nos collègues. Dans nos conversations, nous nous disions l`un à l`autre que l`Azerbaïdjan ressemblait au portable "Nokia", il réunit les gens ici, les met en contact. 

Monsieur le Président, nous avons vraiment observé que l`organisation de ces ré-élections témoignaient de nouvelles approches, d`améliorations. Nous sommes venus dans votre pays pour soutenir ces démarches de l`Azerbaïdjan et pour renforcer son intégration dans les institutions occidentales. L`édifice de la démocratie est une coopération, une coopération entre les Etats et à l`intérieur d`un Etat.

Monsieur le Président, nous sommes informés que vous avez donné des instructions aux organes d`Etat pour prévenir les fraudes aux élections, et que tout se déroule de façon transparente et ouverte. Nous savons que Monsieur Panakhov aussi a donné des instructions semblables à ses structures concernées. Nous sommes néanmoins encore préoccupés, nous craignons qu`il y ait encore peut-être quelques défauts.

Andreas Gross  (Président du Comité spécial de l`assemblée parlementaire du Conseil de l`Europe pour l`observation des élections):  Monsieur le Président, je voudrais aussi vous présenter ma gratitude d`avoir prévu de passer ce moment avec nous. Nous avons jugé l`adoption de la décision d`organiser des réélections dans certaines circonscriptions comme une démarche de bonne volonté et comme un progrès. Et notre participation à cette démarche consiste à aider à renforcer la confiance réciproque entre les forces politiques dans cette société. Mais nos observations nous permettent de dire qu`il n`a pas encore été possible de fonder ce climat de confiance. Monsieur le Président, voilà pourquoi je voudrais vous poser la question suivante. Comment vous pouvez expliquer, bien qu`il reste un jour avant les élections, qu`on n`ait pas encore atteint ce niveau de confiance dans la société?

Heydar Aliyev:  Je ne comprend pas. Précisez un peu votre pensée.

Andreas Gross:  Dans les pays où approche le temps d`un tel événement, on constate l`organisation de débats et de campagnes électorales, qui sont l`illustration d`élections à venir. Dans les pays qui vivent de telles journées, les gens sont d`humeur à aller voter le dimanche. Le danger le plus grand pour une démocratie n`est ni l`opposition, ni la divergence d`opinion. Le danger le plus grand pour une démocratie, c`est l`indifférence. 

Une partie de notre délégation est arrivée en Azerbaïdjan il y a deux semaines, l`autre y est depuis une semaine. Nous n`y voyons pas de cas actifs corrects dans la société. C`est vrai, certains partis participent à ces élections, d`autres n`y participent pas. Et ce, malgré le fait que nous aussi, nous ayons essayé de les faire participer aux élections, et d`apporter notre contribution à ce processus. Certains partis ont perdu confiance dans ce processus. Ma question est: pourquoi n`y a t il pas assez de confiance, de foi, dans la société et dans partis politiques à l`égard du processus électoral?

Heydar Aliyev: Maintenant j`ai compris. Tout d`abord, il n`y aura pas d`élections partout dans notre République le 7 de ce mois, mais simplement dans certaines circonscriptions, il y aura des élections dans 11 circonscriptions. Vous savez que, selon la loi électorale, les partis ou les candidats individuels organisent eux-mêmes leurs campagnes électorales et les mènent. Pour cela, ils utilisent les moyens des mass-médias. Et ils font campagne dans le cadre de la circonscription. J`observe que c`est bien ainsi que cela se passe en ce moment. Mais il est difficile de le voir au niveau de la République.

Tout d`abord, ce sont des élections au scrutin majoritaire qu`on organise dans les circonscriptions. Selon les informations que j`ai reçues de chaque circonscription le travail d`organisation a été fait, les candidats ont rencontré leurs électeurs et ont pris toutes les mesures pour concourir aux élections. Dans ces 11 circonscriptions, il y a en moyenne 8 candidats pour chaque siège. Ceci illustre déjà que le corps social est actif. Il y a aucune raison de parler d`indifférence. Je les regarde parfois, les candidats présentent leur programme à la télévision. Ils utilisent gratuitement la télévision publique. Par les chaînes privées, il est possible qu`ils payent pour leur temps d`antenne et pour y présenter leur programme. Je vois que les représentants des chaînes privées y sont présents, eux aussi, ils savent que les candidats utilisent le temps d`antenne. Je le dis encore une fois,ce n`est pas un scrutin universel, ce sont des élections qui se déroulent dans différentes circonscriptions pour élire différents candidats. Tout d`abord ce sont les candidats eux-mêmes qui gèrent leur campagne. Et les circonscriptions créent les conditions pour eux. Les organes étatiques ne peuvent pas intervenir dans ces campagnes et nous avons donné des instructions de ne pas intervenir.

Je comprends le deuxième aspect de ce que vous voulez dire. C`est le fait que certains partis ont refusé de participer aux élections. Par exemple, l`un d`eux, le Parti "Mussavat", a refusé dès le début de participer aux élections. Le Parti "Milli Istiqlal", je vois qu`on l`écrit dans nos journaux, on en parle dans les chaînes privées, un jour ils disent qu`ils participeront aux élections, un autre jour ils disent qu`ils ne se présenteront pas aux élections. Selon ce que je sais, en tout cas selon les informations que j`ai reçues de la presse, enfin, les membres du parti en ont reçu l`autorisation, ceux qui veulent peuvent se présenter. Plusieurs des membres du Parti "Milli Istiqlal" sont venus déposer leur demande, ils ont collecté des signatures, ont été enregistrés et ont mené leur campagne électorale.

Mais le 4 de ce mois, certains d`entre eux se sont adressés aux circonscriptions pour annoncer qu`ils refusaient de participer aux élections. Mais pas tous. Six membres du Parti "Milli Istiqlal" participeront aux élections. Quatre membres du parti "Front populaire" participeront aux élections; quatre membres du Parti "Front populaire", 1 membre du parti "Yurddach" y participent. Un membre du parti "Social-démocrate" y participe. Je ne mentionne que les partis d`opposition. Mais il y a des partis qui prennent la position du millieu, il ne sont ni d`opposition, ni du parti au pouvoir. Leurs représentants participent aussi. Nous ne pouvons pas faire pression sur un parti en l`enjoignant de présenter plus de candidats.

Par exemple, Chadman Husseynov, un des dirigeants réputés et connus du Parti "Milli istiqlal", a présenté sa candidature dans la 7ème circonscription, il a collecté ses signatures et a été enregistré. Même il a apporté ses affiches. Le 4, il est venu et a déclaré que son parti avait pris une décision, et qu`il retirait sa candidature. On lui a demandé pourquoi. Il a répondu que son parti avait pris cette décision. Quand je l`ai entendu le 4 soir, cela m`a peiné. Parce qu`il avait été, depuis les premiers temps de notre candidature au Conseil de l`Europe jusqu`à aujourd`hui, membre de la délégation azerbaïdjanaise et y a pris une part active. Mais maintenant, nous ne pouvons ni tenter de l`influencer, ni le contraindre.

Plus généralement, il existe aussi plusieurs candidats qui sont indépendant, qui ne sont membre d`aucun parti. Mais vous savez qu`en Azerbaïdjan les partis ne représentent pas toutes les franges de la population. La majorité de la population est indépendante, n`appartient à aucun parti et n`ont aucun lien avec les partis. 49 candidats sont indépendants. C`est dire que nous ne pouvons pas règler cette question. C`est pourquoi je conteste que l`indifférence règne dans la population.

Il faut prendre en considération le fait que pour les élections principales une campagne se déroule pendant quelques mois au niveau du pays. Les partis font leur campagne, les députés indépendants aussi. Ceci mobilise une grande partie de la population. Admettons qu`il y ait cinq ou six candidats dans la circonscription numéro 7 de l`arrondissement de Yassamal. Ou bien dans l`arrondissement de Khataï, ou dans celui de Sabountchi- je prends Bakou, personne ne s`y intéresse ailleurs. C`est une chose qu`il y ait des élections dans toutes les circonscriptions, c`en est une autre qu`il n`y en ait que dans 11 circonscriptions. Bien sûr, le dernier cas ne peut pas être un événement au niveau de la République. C`est pourquoi, peut être les gens ne sont pas au courant même dans quelle circonscription se tiendront des élections. Mais d`après ce qu`on me dit, je sais que les candidats mènent activement leur campagne. Certains, comme je viens de le dire, ont dans un premier temps présenté tout leur candidature et ensuite l`ont retiré. Dans ce cas on ne peut faire rien.

Paula Kokkonen: Monsieur le Président, permettez- moi de passer la parole tout d`abord aux ambassadeurs, ensuite je la donnerai au rapporteur du Conseil de l`Europe pour l`Azerbaïdjan.

Pietro Erkole AQO (chef du groupe de suivi "Aqo" du Conseil des Ministres du Conseil de l"Europe, ambasadeur d`Italie au Conseil de l`Europe): Monsieur le Président, je voudrais m`adresser à vous au nom du groupe "Aqo" du Comité des Ministres du Conseil de l`Europe, en tant que représentant des ambassadeurs. Je suis très content de voir que la délégation du Comité des Ministres du Conseil de l`Europe et les délégations de l`OSCE et de l`Assemblée Parlementaire du Conseil de l`Europe coopèrent pour observer ces élections.

Au mois de juin de l`année précédente -l`Italie était à la présidence du Comité des Ministres du Conseil de l`Europe, ensemble avec le Ministre de notre pays nous avions visité votre région. Notre but était de préparer un rapport pour l`APCE sur la situation dans la région et surtout en rapport avec l`adhésion de l`Azerbaïdjan et de l`Arménie au Conseil de l`Europe.

Monsieur le Président, comme vous le savez, quand l`Italie était à la présidence du Comité des Ministre du Conseil de l`Europe, elle a déployé toute son énergie pour que l`Azerbaïdjan et l`Arménie adhèrent rapidement au Conseil de l`Europe. Mais comme les résultats les élections du 5 novembre n`étaient pas satisfaisants, au terme de ses débats le Conseil de l`Europe a décidé que l`adhésion de ces deux pays se ferait en deux étapes. A la dernière session du Comité des Ministres on a décidé que l`invitation à l`adhésion soit envoyée aux deux pays et que cette invitation soit officialisé avec la signature au mois de janvier.

Pour l`officialisation de cette décision un groupe de suivi a été organisé, composé de représentants de 13 pays, et je suis le chef de ce groupe. Notre but est de visiter chaque pays et de rédiger un rapport sur l`état de ces deux pays et de dresser les recommendations pour leur présenter le 17 janvier. Si tout va bien, si nous recevons l`avis positif du "Bureau des Institutions démocratiques et des Droits de l`Homme" de l`OSCE, s`ils donne un avis disant que les réélections se sont bien déroulées, alors nous recommanderons au Comité des Ministres du Conseil de l`Europe que l`adhésion de l`Azerbaïdjan et de l`Arménie à l`APCE soit ratifiée.

Monsieur le Président, je veux dire encore que le représentant de votre gouvernement, Monsieur Araz Azimov, est venu à Strasbourg et a eu des entretiens avec nous et avec Monsieur Gross, ainsi qu`avec la direction du "Bureau des Institutions démocratiques et des Droits de l`Homme" de l`OSCE. A la suite de ces rencontres et après des consultations générales, nous en sommes venus à la conclusion que le gouvernement azerbaïdjanais avait pris des mesures pour lever certains défauts. C`est pourquoi nous avons décidé de venir avec une délégation en Azerbaïdjan. Mais comme Monsieur Gross vient de le dire nous avons encore certaines préoccupations.

Bien sûr, nous voudrions que tous les partis d`opposition participent aux élections. Nous prenons en compte votre explication concernant la non-participation aux élections de certains partis. Il est possible que ces partis jugent que de ne pas particper aux élection est une partie intégrante de leur stratégie.

Nous nous réjouissons de notre rencontre avec le président de la Commission électorale centrale. Nous avons reçu une information satisfaisante qu`au moins un candidat de l`opposition a déposé sa candidature dans chacune des 11 circonscriptions. C`est à dire que les représentants de l`opposition participent aussi. Ceci est le signe du pluralisme. Mais également, il faut que les élections soient libres, équitables, et indépendantes et que les défauts observés le 7 novembre ne se répètent pas cette fois.

Je veux dire que c`est un plaisir pour nous de savoir que toute la communauté azerbaïdjanaise, ainsi que tous les représentants des partis d`opposition estiment que l`adhésion de l`Azerbaïdjan au Conseil de l`Europe est au sommet de leurs priorités. Eux aussi souhaitent l`adhésion au Conseil de l`Europe. C`est pourquoi nous jugeons que l`adhésion de l`Azerbaïdjan est le voeu et le désir de toute la communauté nationale.

Une autre de nos préoccupations est la question du taux de participation aux élections. Autrement dit, nous sommes soucieux, il est possible que le quorum de 25 % ne soit pas atteint. Dans ce cas, c`est à dire que si dans certaines circonscriptions il y a moins de 25 % de participation aux élections, le résultat des élections dans ces circonscriptions devra être annulé.

Je veux dire encore une fois que nous espérons qu`après confirmation des représentants du Conseil de l`Europe et de l`Assemblée Parlementaire de l`OSCE, qui sont ici, c`est à dire après avis des observateurs, tenant compte de la participation de l`opposition à ces élections, nous pourrons présenter nos recommandations en faveur de l`adhésion de l`Azerbaïdjan au Conseil de l`Europe. Je souligne surtout que bien que l`adhésion de l`Azerbaïdjan au Conseil de l`Europe soit notre but principal, ceci est seulement un point de départ. C`est à dire que ce n`est que le début de la coopération entre l`Azerbaïdjan et le Conseil de l`Europe. Nous espérons qu`à la suite de cette coopération, profitant de l`expérience du Conseil de l`Europe, nous déployerons des efforts réciproques au bénéfice de l`approfondissement de la démocratie en Azerbaïdjan et nous y parviendrons.

Je veux déclarer encore une fois que votre gouvernement a bien gardé la ligne de notre coopération.

Heydar Aliyev: Cher ambassadeur, je vous remercie. Je me réjouis de ce que vous venez de dire sur le processus d`adhésion de l`Azerbaïdjan au Conseil de l`Europe et les travaux accomplis sous la présidence de votre pays. Bien que nous trouvons qu`au cours de ce processus des avis injustes contre l`Azerbaïdjan ont été émis par différents comités et commissions. Nous acceptons toutes les idées justes sur nos défauts. Mais pour ce qui concerne les opinions injustes il est évident qu`elles nous soucient toujours et que nous ne pouvons pas les accepter. Au cours de ce processus nous avons déclaré et nous déclarons que l`Azerbaïdjan veut adhérer au Conseil de l`Europe. Vous aussi, vous dites que vous voulez aussi que l`Azerbaïdjan soit accepté au Conseil de l`Europe. L`Azerbaïdjan a toujours fait la preuve de son voeu d`adhérer au Conseil de l`Europe dans le cours de ce processus, depuis qu`il a déposé de sa candidature.

Nous savons très bien que l`objectif principal du Conseil de l`Europe est la démocratie. Nous créons une structure démocratique en Azerbaïdjan, dans notre pays un Etat de droit, laïc et démocratique est en cours de construction. Des réformes sont menées dans tous les domaines. La liberté d`expression, la liberté de la presse sont absolument établies. Il est évident que notre système électoral est une part de cette démocratie. Si nous voulons adhérer au Conseil de l`Europe, cela veut dire que nous y travaillons et nous devons essayer de respecter tous les principes du Conseil de l`Europe. Il y a des réussites et il y a des échecs dans ces processus.

Vous avez dit vous-mêmes que l`adhésion au Conseil de l`Europe consiste en deux étapes. Par ce voeu d`adhésion nous prenons nos responsabilités. De la sorte nous voulons faire nôtre l`expérience de la démocratie et développer rapidement tous les processus de la construction démocratique.

Il est évident que des défauts sont apparus dans les élections du 5 novembre. A la suite de ces défauts, la Commission électorale centrale et la Cour constitutionnelle ont annulé les résultats des élections dans 11 circonscriptions. Mais en général juger négatif ces élections n`est pas correct. Je ne peux pas être d`accord. Certains partis d`opposition veulent dicter leurs désirs à l`Etat, au gouvernement, au pouvoir et réussir à les mettre en oeuvre. C`est pourquoi certains partis se livrent à différentes manoeuvres.

Quelle est la raison? Leur voeu est qu`en Azerbaïdjan les élections soient un échec, que le Parlement azerbaïdjanais ne soit pas légitime, etc. Ils veulent atteindre ces buts. Ils veulent revenir sur la stabilité politique et sociale que nous avons restauré avec difficulté et en profiter à des fins personnelles. Qui leur a créé des entraves pour déposer 2-3 candidatures dans chacune de ces 11 circonscriptions. Et ils savent que les élections dans ces 11 circonscriptions seront surveillées. Il faut participer à des élections sous surveillance. Mais ils ne le font pas. Je n`ai pas encore dit mais d`un autre côté ils manquent de confiance en eux. Ne pensez pas qu`ils possèdent tant de base sociale qu`ils le disent.

Monsieur l`Ambassadeur, vous rappelez que vous avez ajourné l`adhésion de l`Azerbaïdjan et de l`Arménie. Nous l`avons accepté. Nous n`avons pas le droit de le refuser. Le pouvoir est dans vos mains. Selon les informations que j`ai reçues, dans 11 circonscriptions, les mesures nécéssaires ont été prises par les organes étatiques, la Commission électorale centrale et les commissions électorales des circonscriptions. Vous - les Ambassadeurs de haut grade, les parlementaires très expérimentés - êtes venus les observer. Très bien. Observez, ensuite tirez des conclusions. Mais, avant les élections, prononcer des idées que ceci est comme ça, cela est comme ci, je ne le comprends pas. Nos organes concernés ont fait de très gros efforts.

Vous avez dit que la participation aux élections devait être au moins de 25%. Cette disposition figure dans la loi. Il est évident si 25% au moins des électeurs ne viennent pas voter, les élections ne seront pas validées. Si vous pensez que nous pourrions les reconnaitre, je m`inquiète. De quelles idées négatives êtes-vous empreints nous concernant!

Bref, observez comme vous le voulez. Mais soyez justes et objectifs et n`acceptez pas comme la dernière vérité tout ce que vous disent ceux de l`opposition.

Paula Kokkonen: Monsieur le Président, merci. Permettez que le rapporteur pour l`Azerbaïdjan prononce quelques mots.

Heydar Aliyev: Je vous en prie, je dis que tout dépend de lui.

Guillermo Martinez Casan (rapporteur du Comité spécial de l`Assemblée Parlementaire du Conseil de l`Europe, parlementaire espagnol): Monsieur le Président, tout est dans vos mains, tout dépend de vous. L`édifice d`une démocratie véritable et stable est le travail de tous. Ceci est la tâche du gouvernement et de l`opposition. C`est pourquoi nous avons estimé que la participation de tous les partis d`opposition était importante dans ces élections. Bien qu`ils aient certaines préoccupations, prétentions, ou revendications.

Nous trouvons que ces revendications sont légitimes. Nous pensons que les décisions dans une société démocratique doivent être acceptées dans le cadre d`un Etat de droit, sous les conditions de la primauté de la loi. Nous trouvons que l`édifice de la démocratie, ses racines profondes, doivent être formés par le Parlement en vertu des structures légitimes et de la loi. Parce que nous trouvons que si les partis politiques ne participent pas aux débats et aux discutions dans le Parlement, il en résulte qu`il risquent de s`engager dans des activités que nous jugerions illégales, et de chercher à atteindre leur but par des moyens illégaux. Un rique d`instabilité dans la société en serait la conséquence. On ne peut pas permettre qu`en Azerbaïdjan un tel contexte s`installe. Nous ne permettrons à aucun des pays membres du Conseil de l`Europe qu`il essaie de rompre la stabilité en Azerbaïdjan.

Monsieur le Président, nous voulons dire que nous espérons que les conclusions auxquelles nous arriverons dans deux jours permettront que l`Azerbaïdjan puisse adhérer au Conseil de l`Europe et bénéficier de ses valeurs.

Monsieur le Président, si vous vous rappelez, lors de notre rencontre précédente nous en avions déjà parlé. Cette fois aussi je recommanderai à mes collègues qui travaillent à l`Assemblée Parlementaire du Conseil de l`Europe qu`ils entretiennent la coopération de l`Azerbaïdjan avec le Conseil de l`Europe sous un suivi sérieux. Faire de la sorte pour que vous ne vous heurtiez pas aux difficultés et aux intermédiaires dans les relations avec le Conseil de l`Europe auquel vous aussi vous appartenez.

Monsieur le Président, au cours des années qui viennent nous conduirons des discutions avec le pouvoir et l`opposition pour la mise en oeuvre des mesures requises. Parfois il y aura besoin de prendre des décisions fermes. Mais comme ces décisions serviront le développement de votre société il faudra les obtenir. Je vous prie de nous accepter comme votre ami et votre collègue. Nous avons l`intention de mener à l`avenir une bonne coopération avec vous et nous l`attendons impatiemment.

Hendrik Vagenmakers (Représentant permanent des Pays-Bas auprès du Conseil de l`Europe): Monsieur le Président, je me réjouis d`être ici et je veux saisir cette occasion pour vous remercier de votre hospitalité.

Il y a quelques jours que je suis dans votre pays. J`y suis arrivé avec la délégation accompagnant le Ministre des Affaires Etrangères de la Lettonie. Vous savez que c`est la Lettonie qui préside le Conseil des Ministres. Au cours de mon séjour ici j`ai enrichi mes connaissances sur le peuple et l`Etat azerbaïdjanais. Si à mon arrivée je me sentais ami du peuple azerbaïdjanais, maintenant je m`en sens un ami proche. Egalement, je trouve que les résultats des réélections seront très importants. J`espère que les résultats des élections de demain démontreront des élections libres et équitables.

Je ne voudrais pas limiter notre coopération aux élections. Je voudrais regarder plus loin. Je voudrais seulement toucher à la question du début de notre coopération comme l`Ambassadeur d`AGO et Vous, Monsieur le Président, l`avez mentionné. Autrement dit, la parole doit être prouvée par la pratique. C`est pourquoi je vous serais reconnaissant d`avoir la bonté d`éclaircir quelques points à cette délégation.

Monsieur le Président, il sera très important tant pour le gouvernement que je représente et pour moi, que pour la délégation présente que vous nous disiez comment vous envisager de réaliser la mise en oeuvre des engagements soulevés par la Commisssion des Droits de l`Homme du Conseil de l`Europe, et qui sont notés dans le rapport de Monsieur Klerfite, rapporteur pour l`Azerbaïdjan, et que vous avez accepté. Je m`intéresse en particulier à cette question: comment l`Azerbaïdjan appliquera-t-il les engagements pris sur la question du réexamen de l`affaire des prisonniers politiques? La raison pour laquelle je pose cette question est que l`on a adressé, au Parlement, une question de cette nature au Ministre des Affaires Etrangères hollandais. Je dois l`aider à répondre à cette question. Je vous remercie.

Heydar Aliyev: Monsieur l`ambassadeur merci. Vous m`avez déjà posé cette question la fois précédente. Et je vous avais répondu. C`est pourquoi il n`est pas nécessaire de le répéter. Mais, en général, et surtout après l`intervention de notre ami le rapporteur pour l`Azerbaïdjan, une pensée a surgi, vous nous faites peur à tel point que nous en venons à penser: peut-être ne devrions-nous pas persister à adhérer au Conseil de l`Europe? Dès à présent vous dites il faut mettre des conditions - nous ferons ceci, nous ferons cela. Alors il nous faut réfléchir, nous demander, sommes-nous maintenant un Etat indépendant? Le Conseil de l`Europe est une organisation internationale. En adhérant nous nous engageons sur les exigences de cette organisation. Mais maintenant vous nous faites peur. Je ne sais pas dans quel but. Vous voulez que nous nous écartions? Mais nous ne nous écarterons pas. Nous n`avons pas peur. Nous ferons tout notre possible.

Au cours de ces 4 ou 5 derniers mois, j`ai écouté des conférences sur la démocratie de la part de toutes les délégations qui viennent ici, il en est ainsi de votre délégation. Je comprends que vous tous, vous êtes des professeurs de démocratie. Mais nous ne sommes qu`en première année. Si nous n`avions pas d`idée sur la démocratie, si nous ne savions pas qu`est-ce que c`est la démocratie et son histoire, pourrions-nous nous joindre à ce structure? J`accepte avec plaisir toutes vos propositions précieuses. J`essaierai de lire des livres sur la démocratie pour pouvoir atteindre votre niveau. Je vais soutenir un doctorat à l`Université de Sorbonne.

Je plaisante. Je peux vous dire que nous avons pris le chemin de la démocratie et nous avançons - que vous ou que quelq`un d`autre le veuille ou pas. Mais la démocratie est un processus. La démocratie a un début, mais pas de fin. Je ne sais pas que vous ayez atteint le sommet de la montagne dans le domaine de la démocratie. Nous sommes au pied de la montagne en comparaison de vous. Mais vous aussi, vous devez continuer encore. Nous essaierons d`aller plus vite que vous et nous allons renforcer notre coeur et nos muscles afin d`accroître notre endurance quand nous allons augmenter notre vitesse. Mais nous n`avons pas pu y parvenir totalement. Parce qu`il faut du temps pour cela. Alors, puissiez-vous consentir à ce que nous sommes dans la famille de la démocratie. Mais les membres de la famille ne sont pas tous de la même taille. Les enfants de chaque père et mère ne sont pas non plus également intelligents et expérimentés. Nous faisons ce que nous savons, nous apprenons ce que nous ne savons pas. Nous bénéficions aussi de vos propositions.

Paula Kokonnen: Monsieur le Président, nous ne pensons pas que seuls les gens qui sont de ce côté de la table disent la vérité. Certains de nos pays sont des pays de plaines, il n`y a pas de montagne que nous ne puissions atteindre. Je trouve que nous avons tous un seul but - en ouvrant nos yeux et en y pensant - participons à cette tâche avec bonne volonté.

Monsieur le Président, en vous remerciant encore une fois au nom de toutes les délégations présentes à cette rencontre, nous vous demandons un service. La fois précédente nous vous avons rencontré juste après les élections, à la conférence de presse. S`il est possible, cette fois nous pourrions faire l`inverse. Après les élections, au moment convenable pour vous, et avant la conférence de presse nous pourrions nous retrouver, pour vous dire à brûle-pourpoint nos observations. Autrement dit, pour que vous ne receviez pas des informations fausses sur nous par la presse ou la télévision.

Heydar Aliyev: Vous savez que le 8 j`ai un emploi du temps chargé. Le 9 le Président russe Monsieur Poutine vient en visite en Azerbaïdjan. Nous travaillons sur quelques documents. C`est pourquoi le 8 est un jour très occupé. Mais je trouverai le temps d`avoir une courte rencontre avec vous.

Paula Kokonnen: Monsieur le Président, nous viendrons avec une petite délégation à votre rencontre. Merci beaucoup.

Journal "Azerbaïdjan", le 7 janvier 2001.