Allocution d’Heydar Aliyev, Président de la République d’Azerbaïdjan, à la 49e session de l’Assemblée Générale de l’ONU- New York, le 29 septembre 1994


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Monsieur le Président!

Monsieur le Secrétaire général!

Mesdames et Messieurs!

Tout d`abord, permettez-moi de présenter mes félicitations à Monsieur Amar Essi à l`occasion de son élection au poste de président de la 49e session de l`Assemblée Générale de l`ONU et de lui souhaiter plein succès dans ses activités. De même, je souhaiterais présenter mes remerciements à Monsieur Samuel Insanelli pour ce qu`il a accompli lors de la session précédente.

Je témoigne toute ma reconnaissance à Son Excellence Monsieur Boutros-Ghali, Secrétaire Général de l`ONU, pour tous les efforts qu`il a consentis envers le renforcement de la paix et de la sécurité dans le monde.

Je lui suis surtout reconnaissant pour ses attentions envers les tourments de notre jeune Etat qui traverse la période la plus difficile de son histoire.

Mesdames et Messieurs!

Je m`adresse à vous avec fierté et émotion du haut de la tribune de l`organisation internationale la plus prestigieuse. C`est la première fois que le Président de l`Azerbaïdjan indépendant représente son pays devant la communauté internationale, notre pays qui a été reconnu par les Etats du monde et qui a intégré l`assemblée de Nations au terme de la restauration de ses droits.

Durant des siècles notre peuple a aspiré à la liberté. Après la chute de l`Union Soviétique, mon pays a accédé à son indépendance nationale. Notre République a pris avec résolution le chemin de la construction d`un Etat de droit démocratique, le chemin de la civilisation. Tout ceci est un processus complexe, ce n`est pas seulement notre tâche d`aujourd`hui, mais nous avançons durablement vers notre but et dans un court laps de temps beaucoup a été accompli, toutes les conditions ont été réunies en vue de constituer une société démocratique et un Etat de droit. Le multipartisme existe déjà dans notre République, le pluralisme politique, les libertés individuelles, les libertés de parole, de la presse, de conscience, les principes de la protection des Droits de l`homme et de la primauté de la loi ont été déjà établis. Sans distinction de couleur de peau, de religion et de langue, tous les citoyens de l`Azerbaïdjan, un Etat multinational, jouissent à égalité des droits semblables.

Les changements politiques ont créé des conditions favorables pour mener de profondes réformes économiques afin d`assurer la démocratisation et la transition vers l`économie du marché. Nous promouvons par tous les moyens le développement de la libre entreprise, de l`initiative personnelle, en profitant de l`expérience mondiale, qui s`appuie sur les ressources universelles, de celle des pays développés qui sont parvenus à de grandes réussites dans la construction d`une société démocratique, prospère et civilisée, nous commençons la mise en oeuvre de programmes de privatisation de grande envergure.

Se trouvant à un carrefour géographiquement important et à un carrefour politique – entre l`Europe et l`Asie -, qui attire l`attention de nombreux Etats, ayant un grand potentiel en ressources naturelles et industrielles, s`appuyant sur la volonté et la croyance ferme dans le peuple azerbaïdjanais, nous suivons ce chemin stratégique visant au renforcement de notre indépendance et à la mise en oeuvre des réformes démocratiques et de marché. Aujourd`hui, je le déclare catégoriquement, personne ne peut obliger le peuple d`Azerbaïdjan à dévier de ce chemin et nous sommes optimistes pour l`avenir de notre pays.

Notre optimisme a des liens avec les processus historiques qui se déroulent dans le monde, les changements profonds du système des relations internationales. Bien sûr, un ordre égalitaire mondial, en voie de remplacer la pôlarisation militaire et la confrontation idéologique, constituera la base future du système des relations internationales. Conformément au droit international, aux principes et aux dispositions de la Charte de l`ONU, le partenariat, la paix et la sécurité pour tous deviennent le fondement du nouvel ordre mondial. Nous voyons la lumière au fond du tunnel qui conduisait du monde de l`hostilité et de la violence vers la prosperité et la coopération, et nous sommes prêts à suivre ce chemin ensembles avec tous les pays et les peuples du monde et main dans la main avec tous les pays et les peuples du monde.

Cependant, les menaces qui pèsent sur l`humanité n`ont pas été encore complétement éliminés. De vieux stéréotypes existent encore, de nombreux problèmes accumulés pendant la période de confrontation, qui a duré des décennies, surtout dans les domaines du désarmement et de l`élimination des armes de destruction massive, persistent encore. Les relations des pays de différents modèles économiques ont aussi subi les fléaux du passé. Le temps nous met à l`épreuve de nouveau avec les dangers écologiques et les problèmes de population et de développement.

Le nationalisme débridé et le séparatisme sont devenus une réalité de la violation des règles de l`ancien monde et ont suscité des conflits qui ont enveloppé le Caucase dans les flammes et le sang, comme dans la péninsule des Balkans ou dans d`autres lieux de notre Terre. Ces conflits ne ralentissent pas seulement le développement des pays indépendants, mais fait apparaître aussi des menaces directes sur l`existence des sociétés démocratiques qui ne seraient pas renforcées et créent dans la foulée une menace pour la paix et la sécurité dans le monde entier.

C`est pourquoi, dans le monde d`après la polarisation, une responsabilité particulière pèse sur les organisations internationales et les puissances. En utilisant leur poids politique, leur puissance économique, financière et militaire, ils doivent orienter activement leur potentiel vers le règlement des conflits, vers le renforcement de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans tous les coins de la planète.

L`Organisation des Nations Unies, qui célèbrera son 50e anniversaire l`année prochaine, le Conseil de Sécurité, qui a de l`expérience dans le domaine de la résolution d`un certain nombre de conflits et de situations de crise, jouent bien sûr un rôle important dans l`établissement du nouvel ordre mondial. Cependant, une difficulté se dresse encore devant le Conseil de sécurité: prouver son efficacité devant la communauté internationale dans ce nouveau contexte. Aujourd`hui, le Conseil de sécurité doit montrer plus que jamais de la persévérance pour mettre en oeuvre ses résolutions. Nous espérons que l`élargissement de la composition du Conseil contribuera à son renforcement.

Nous attachons une grande importance au rôle de l`Assemblée Générale. Pour nous, ce rôle est tout d`abord d`assurer l`interaction étroite des Etats lorsqu`on prend les décisions basées sur des concessions réciproques et un équilibre des intérêts.

Dans les conditions actuelles, l`importance de l`usage de ses pouvoirs par le Secrétaire Général de l`ONU, ainsi que l`aide des Etats membres qui partagent des responsabilité avec le Secrétaire Général pour le renforcement de la paix et la sécurité internationales doivent s`accorder, augmenter.

En général, la République d`Azerbaïdjan évalue avec optimisme les perspectives de l`ONU pour l`avenir et s`est fixé pour objectif de réussir à protéger les principes élevés de l`ONU et à accroître l`efficacité de cette organisation.

Mesdames et Messieurs!

Si, heureusement, pour la plupart d`entre vous les termes "guerre", "conflit armé" vous rappellent des événements historiques ou quelque chose de loin de chez vous, pour mon peuple c`est une réalité cruelle, celle des jours ordinaires sanglants.

Il y a six ans, les terres de l`Azerbaïdjan se sont trouvées cernées par les flammes de la guerre. Sous le prétexte de réalisation d`un droit à l`autodétermination du groupe éthnique arménien qui vit dans la région azerbaïdjanaise du Haut-Karabagh, la République d`Arménie a mis en oeuvre ouvertement un plan d`annexion des territoires de notre Etat et de modificaion de ses frontières étatique, ainsi que l`expulsion de la population azerbaïdjanaise de son foyer natal.

Tout cela est voilé par l`interprétation de la déclaration unilatérale de son indépendance par une quelconque communauté éthnique et par le recours injustifié au droit d`autodétermination d`un peuple, tout comme le droit de s`unir à autre Etat. Une telle interprétation du droit à l`autodétermination est en contradiction flagrante avec les principes de la souveraineté de l`Etat et de l`intégrité territoriale. Une quelconque tentative d`absolutisation de ce droit conduit aux pires conflits. Nous pouvons en témoigner dans notre région et dans d`autres coins de notre planète.

Monsieur Boutros-Ghali, le Secrétaire Général de l`ONU, a formulé ses inquiétudes à cet égard. "Si tous les groupes ethniques, religieux et linguistes demandaient une étatisation, alors il n`y aurait plus de limites à la partition et le règne de la paix, de la sécurité et de la prosperité économique sera plus difficile".

Je partage pleinement l`opinion de Monsieur Boutros-Ghali "qu`on ne peut pas permettre que dans le cadre du système international existant, des questions aussi importantes que celle de l`autodétermination des peuples et de la souveraineté des Etats, que l`intégrité territoriale et l`indépendance entrent en opposition".

Sachant que la communauté internationale n`est pas assez informée des événements qui se sont passés dans notre région, parfois même informée à sens unique, je tiens à vous présenter un résumé de la situation réelle. La République arménienne, en rassemblant des troupes sur le territoire de la région de l`Azerbaïdjan du Haut-Karabagh a mené des opérations actives de combats contre notre République. Après l`occupation de la ville de Choucha et de la région de Latchin, l`annexion du Haut Karabgh s`est achevée, et cinquante mille Azerbaïdjanais qui vivaient dans le Haut-Karabagh en ont été expulsés. Les unités des Forces armées arméniennes, profitant de cet avant-poste du Haut-Karabagh, ont lancé ensuite des offensivess qui se sont conclues par l`occupation de six autres régions de l`Azerbaïdjan, adjacentes mais hors des limites de l`ex-oblast autonome du Haut-Karabagh, et qui représententt une superficie quatre fois plus grande que le Haut-Karabagh lui-même. Ce sont les régions de Kelbadjar, d`Aghdam, de Fuzouli, de Djebraïl, Latchin et de Qoubadly.

A la suite de cette agression, plus de 20% des territoires de l`Azerbaïdjan ont été envahis par les forces armées d`occupation de la République d`Arménie. Je dois vous dire l`ampleur des pertes terribles de l`Azerbaïdjan: plus de 20 mille personnes sont mortes, environ 100.000 sont blessées, 6.000 sont prisonniers de guerre, plus d`un million d`Azerbaïdjanais, soit 15% de la population du pays, sont des réfugiés et des déplacés qui vivent encore dans des camps de tente. Dans leur patrie, ils sont devenus des sans-abris, ils souffrent de la chaleur en été, du froid en hiver, et d`épidémies, les besoins essentiels ne sont pas satisfaits. 700 villes et villages ont été détruits dans les régions occupées de l`Azerbaïdjan. Dans ces villes et villages presque toutes les écoles, les maisons, les hôpitaux ont été brûlés et pillés, des monuments anciens ont été détruits.

A mon avis, il n`y a aucun besoin de prouver que dans une telle situation nous ne sommes pas en face d`une " mise en oeuvre du droit à l`autodétermination" mais plutôt d`une violation grave du droit international, d`une agression contre la souveraineté, l`intégrité territoriale et l`indépendance politique des Etats membres de l`ONU.

La guerre a mis mon peuple dans une situation intolérable, elle augmente les tensions sociales, elle entrave la mise en oeuvre des réformes économiques et politiques visant à la démocratisation de notre société en Azerbaïdjan.

En conséquence de cette guerre, le peuple azerbaïdjanais a subi également des dommages matériels d`un montant qui se calcule en milliards de dollars. Les préjudices moraux subis par la populaton, la détresse de notre peuple sont incommensurables.

Aujourd`hui, non seulement en Azerbaïdjan, mais aussi dans les autres points chauds du monde, le sang est versé. Les peuples ne doivent pas être indifférents aux événements tragiques, là où se passe la guerre. Pour ne pas permettre une multiplication des conflits armés, pour réussir à les règler équitablement et de manière définitive, il faut faire tout son possible par des efforts collectifs.

Mesdames et Messieurs!

Durant ces deux dernières années, quatre résolutions du Conseil de Sécurité et six déclarations de son Président ont été adoptées au sujet de l`occupation des territoires de l`Azerbaïdjan par les forces armées de la République d`Arménie.

Dans toutes ces résolutions du Conseil de Sécurité sont confirmées la souveraineté et l`intégrité territoriale de la République d`Azerbaïdjan, sont soulignées l`irrecevabilité de l`utilisation de la force pour s`emparrer d`un territoire; elles exigent le retrait immédiat, sans réserve et complet de toutes les forces d`invasion ainsi que le retour des réfugiés dans leurs résidences d`origine.

Mais la République d`Arménie ne respecte pas ces résolutions. En outre, elle continue à accroître ses forces armées sur les territoires qu`elle occupe en Azerbaïdjan.

D`autre part, le Conseil de Sécurité non plus n`a pas mis en oeuvre les mécanismes requis par ces résolutions. Une telle question se fait jour: à quel point le Conseil de sécurité est-il conséquent et décisif, par quoi est déterminé le niveau de mise en oeuvre de ses pouvoirs dans chaque cas concret?

La non-exécution des décisions du Conseil de Sécurité joue contre l`ONU et peut saper toute confiance dans sa capacité à accomplir sa tâche principale qui est le maintien de la paix et de la sécurité internationale.

L`expérience accumulée dans le domaine de la résolution des conflits régionaux montre que des efforts dans la mise en oeuvre de résolutions ne peuvent apporter des succès que lorsqu`ils sont suivis par des mesures décisives envisagées par la Charte de l`ONU.

Des mesures fermes à l`égard d`un pays qui viole de manière flagrante les normes du droit international, sont une obligation de l`organisation internationale prestigieuse devant la communauté internationale.

Nous confions à la CSCE – une organisation de grand prestige également -, les efforts pour la résolution du conflit arméno-azerbaïdjanais. Le "Groupe de Minsk", fondé par la CSCE, se base sur la nécessité de libérer tous les territoires occupés et sur le retrait de toutes les forces d`occupation du territoire de l`Azerbaïdjan, sur le respect de sa souveraineté, sur l`intégrité territoriale et sur ses frontières reconnues internationalement pour la résolution du conflit arméno-azerbaïdjanais.

Mais étant donné que la CSCE ne dispose pas des mécanismes pertinents, ses nombreux efforts de médiation n`ont pas conduit jusqu`à présent à des résultats significatifs. Aujourd`hui nous avons obtenu seulement un unique résultat positif: suite aux efforts de la Fédération de Russie et du "Groupe de Minsk" de la CSCE, à la suite d`une mission de médiation, le cessez-le-feu a été obtenu dans la zone des combats.

Il y a plus de quatre mois qu`on n`entend plus le canon et que le sang ne coule plus. Nous apprécions hautement tout cela. Mais la situation demeure toujours extrêmement compliquée, le cessez-le- feu est très fragile.

La République d`Arménie propose une condition infondée, qui est l`échange d`une partie des territoires occupés de l`Azerbaïdjan contre le statut d`indépendance du Haut-Karabagh, qui appartient à la République d`Azerbaïdjan. Elle exige que ses forces armées restent dans cette région de l`Azerbaïdjan et de maintenir son contrôle sur les villes azerbaîdjanaises de Choucha et de Latchin ce qui, en fait, serait une annexion de nos territoires.

L`Arménie exclut totalement le rétablissement de la situation démographique qui a existé au Haut-Karabagh avant le début du conflit et le retour des Azerbaïdjanais dans cette région, de même que la restitution à l`Azerbaïdjan de la ville de Choucha, qui est un des centres culturels les plus anciens de l`Azerbaïdjan.

Sans respecter les résolutions du Conseil de Sécurité de l`ONU, l`Arménie propose avec ces conditions d`installer les forces d`interposition internationales le long de périmètre de la région du Haut-Karabagh, notre région azerbaïdjanaise occupée par les Arméniens, pour les transformer en un instrument de gel de la situation en un otage de sa politique annexioniste.

La position de la République d`Azerbaïdjan a été toujours pratique et revêt un caractère pacifique. Malgré tous les dommages que nous avons subis, nous proposons la paix sur la base du droit international, de la justice et de l`humanité. Nous sommes prêts à garantir la sécurité des Arméniens du Haut-Karabagh. Nous sommes favorables, sur une base de réciprocité, à la restauration des communications dans la région, ainsi qu`à une circulation normalisée dans le couloir humanitaire entre le Haut Karabagh et l`Arménie. En cas de besoin, nous sommes d`accord pour un déploiement de casques bleus internationaux dans la zone de conflit. Nous sommes prêts à discuter le statut du Haut Karabagh à l`intérieur de la République d`Azerbaïdjan.

Mais pour nous il y a des normes et des principes stricts, ce sont la souveraineté de l`Azerbaïdjan et l`intégrité territoriale, la libération de tous les territoires occupés, le retour des réfugiés dans leurs foyers, ainsi que celui des 50 mille déplacés azerbaïdjanais du Haut Karabagh.

La République d`Azerbaïdjan, en souhaitant un règlement pacifique par la voie de la politique, estime que c`est seulement en respectant les résolutions du Conseil de Sécurité qu`on pourra parvenir à éliminer les conséquences de l`agression, à rétablir une paix à long terme et durable, et qu`on peut mener des négociations stables et pratiques afin d`établir la sécurité de toutes les populations de cette région.

En outre, nous espérons l`aide de la communauté internationale pour assurer la mise en œuvre des décisions envisagées sur les modalités de la paix, notamment en ce qui concerne le mandat précis des casques bleus conformément aux normes internationales.

En appréciant hautement l`accord obtenu sur le cessez–le-feu, nous percevons que cela ne signifie pas encore la paix, mais seulement que le cessez-le-feu crée les conditions pour atteindre la paix. Nous avons déclaré à plusieurs reprises que nous sommes fermes dans notre décision de respecter le régime du cessez-le–feu jusqu`à la signature d`un accord de paix qui consacre la fin du conflit armé. Aujourd`hui, du haut du pupitre de l`Organisation des Nations Unies je le déclare une fois de plus.

En soutenant les démarches de recherche de la paix du Groupe de Minsk, de l`OSCE, et de la Fédération de Russie, nous sommes d`accord pour nous unir à leurs efforts, nous déplorons toutes ces rivalités pour gagner la premier rôle dans la résolution du conflit. De telles disputes ne peuvent que retarder la signature d`une paix que les deux peuples, azerbaïdjanais et arménien, réclament dans la même mesure.

Nos revendications sur la libération absolue des territoires occupés de l`Azerbaïdjan sont conformes au droit, elles sont complètement conformes aux résolutions du Conseil de sécurité de l`ONU. Toutes les tentatives d`annexion d`une quelconque région, pour nous, ne sont pas acceptables et seraient contraires aux normes du droit international.

A la suite de notre implication dans la guerre, une crise humanitaire très dure s`est installée dans la République. Dans un pays de sept millions de personnes, une personne sur sept est un réfugié sans foyer et sans ressources. Les réfugiés et les déplacés vivent dans de très mauvaises conditions sous des tentes. Des conditions hivernales rigoureuses, le manque de nourriture et de médicaments généralisent les problèmes de santé et les carences alimentaires. La résorption de ces situations extrêmes engendrées par l`afflux de réfugiés est l`un des principaux soucis du gouvernement azerbaïdjanais.

Les organisations internationales, un certain nombre d`Etats ont répondu aux appels d`urgence de notre République et nous sommes plein de gratitude envers les donateurs les plus généreux du programme de l`ONU – la Suède, la Grande-Bretagne, l`Allemagne, le Japon, la Suisse, les Pays-Bas, le Danemark.

Nous sommes aussi reconnaissants envers les gouvernements des pays comme la Turquie, l`Iran, l`Arabie Saoudite et d`autres qui veulent apporter une aide humanitaire à l`Azerbaïdjan dans le cadre de relations bilatérales.

Nous sommes reconnaissants au Bureau du Haut Commissariat pour les réfugiés de l`ONU, au Comité International de la Croix Rouge, à l`UNICEF, aux "Médecins sans Frontières" et aux nombreuses organisations non-gouvernementales.

Mesdames et Messieurs!

Les particularités découlant de la position géographique de notre pays, de sa configuration sociale et politique, et des traditions historico-culturelles de notre pays qui est au carrefour de la civilisation orientale et occidentale, a un impact particulier sur le rôle et la place de ma République dans le système des relations internationales.

En comprenant nos particularités et en tenant compte des demandes découlant de ces changements, en avançant pas à pas, nous érigeons notre édifice de la coopération avec le reste du monde.

Depuis la reconnaissance internationale de la République d`Azerbaïdjan, nous avons tissé des relations égales, équitables et équilibrées, et nous sommes entrés dans un certain nombre d`organisations régionales et internationales, nous avons déployé de sérieux efforts pour élargir nos relations internationales ou rétablir des relations perdues pour différentes raisons.

En accordant une grande importance aux relations historiques, géographiques, économiques et humanitaires avec les Etats indépendants formés sur le territoire de l`ex URSS, nous soutenons le développement d`une coopération basée sur l`égalité en droit, que ce soit dans un cadre bilatéral ou dans le cadre de la CEI, et en particulier avec la Russie.

Les relations d`amitié de l`Azerbaïdjan avec les Etats-Unis, le Royaume de la Grande-Bretagne, la France, la Chine se développent avec succès. Des liens étroits d`amitié nous rapprochent avec les pays de notre région et de régions proches comme la Turquie, l`Iran, l`Arabie Saoudite, l`Egypte, le Pakistan. Nous coopérons étroitement avec ces pays dans le cadre de l`Organisation de la Conférence Islamique.

L`adhésion de l`Azerbaïdjan au programme de "Partenariat pour la paix" de l`OTAN, au mois de mai de cette année, a représenté un événement important dans la vie politique de l`Azerbaïdjan. Cette coopération dans l`intérêt de la sécurité commune et l`activité mutuelle nous attirent vers ce programme. Je salue l`adhésion d`un ex membre du traité de Varsovie à ce programme. Ceci suscite l`espoir, sur tout le continent de l`Eurasie, qu`à l`avenir il attend une coopération dans un environnement apaisé et que cette coopération assurera la sécurité, le développement et le progrès de tous les peuples, et que sera écartée une fois pour toute, la possibilité de formation de blocs de polarisation. Nous espérons que notre participation au programme de l`OTAN augmentera le rôle de notre pays dans la construction du nouvel édifice de la sécurité en Europe.

Cette année, l`Azerbaïdjan a obtenu un statut d`observateur du bloc non-aligné qui nous donne la possibilité d`établir des relations bilatérales dans divers domaines et de rapprocher nos positions avec des pays membres de ce mouvement.

En janvier 1992, l`adhésion de l`Azerbaïdjan à l`ONU en tant que membre de plein droit a été une étape importante dans le processus de sa reconstruction. Depuis ce temps-là, l`amplitude de notre coopération avec un certain nombre d`organisations internationales s`élargit. Nos relations avec le FMI, la Banque mondiale, la Banque de Reconstruction et de Développement sont pour nous très précieuses. A la suite d`observations pratiques, des spécialistes de ces institutions financières les plus grandes du monde, des projets concrets qui ont une grande importance pour le développement socio- économique de notre pays, ont été financés.

Nous estimons qu`il y a de grandes possibilités pour une coopération réussie avec ces institutions financières internationales. Nous comprenons bien les inquiétudes et la prudence des responsables du F.M.I. et de la Banque mondiale à l`égard de la situation de guerre qui affecte la République d`Azerbaïdjan. Mais néanmoins, le F.M.I. a alloué à l`Arménie, qui a lancé une guerre contre nous, un crédit de stabilisation. Nous trouvons que la justice demande une attitude symétrique.

Nous attendons beaucoup du programme relatif à l`environnement de l`ONU pour la formation de l`infrastructure du marché économique, pour une gestion moderne du pays, pour apporter une aide technique en faveur de l`élaboration de programmes nationaux dans le domaine des technologies avancées.

Nous accordons une importance particulière à la coopération internationale économique et je voudrais vous informer avec plaisir que le 20 septembre, l`Azerbaïdjan a signé un contrat de trente ans avec un consortium de grandes sociétés internationales dans le domaine de l`exploitation conjointe des gisements pétroliers situés dans les eaux territoriales du secteur azerbaïdjanais de la mer Caspienne. Ceci est le résultat des longues et difficiles négociations.

Cet événement économique est la preuve de notre politique d`ouverture au monde, de la libéralisation de notre économie et de celle de notre politique d`attraction d`investissements étrangers.

La signature, rare, d`un tel contrat contribuera au renforcement de la coopération, au rapprochement des peuples et des pays comme l`Azerbaïdjan, les Etats-Unis, la Russie, le Royaume de Grande-Bretagne, la Turquie, la Norvège, l`Arabie Saoudite. En évoquant ce thème je voudrais souligner encore une fois que la République d`Azerbaïdjan s`est engagée sur le chemin de l`intégration à la communauté internationale et nous avons toutes les possibilités pour cela. C`est pourquoi notre politique se base sur la paix et pour y parvenir nous nourrissons beaucoup d`espoirs dans les actions de l`ONU.

Mesdames et Messieurs!

Le peuple azerbaïdjanais, en m`élisant au poste de Président de son jeune Etat indépendant, m`a fait confiance et aujourd`hui, j`ai eu l`honneur de vous transmettre ses meilleurs vœux.

Je quitte le pupitre de l`ONU avec le ferme espoir que vous ayez entendu la voix de mon peuple, et je forme le vœu que cette voix trouvera un chemin vers vos cœurs.

Je vous remercie de votre attention.

Journal "Azerbaïdjan", le 30 septembre 1994