Discours d’Heydar Aliyev, Président de la République d’Azerbaïdjan, prononcé au Centre de stratégie et de recherches Internationales à Washington – Le 26 avril 1999


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Monsieur le Président !

Mesdames et Messieurs !

Je vous salue et je dois vous dire que j`accorde une grande importance à cette rencontre avec vous.

Je remercie tous ceux qui sont venus jusqu`ici pour m`écouter au Centre de stratégie et de recherches internationales, qui est si renommé aux Etats-Unis, et c`est un honneur pour moi que de prononcer un discours devant cet auditoire.

Monsieur le Président, je vous remercie des paroles que vous venez de prononcer sur l`Azerbaïdjan et sur moi. Je peux dire que vous avez tout expliqué très objectivement.

L`Azerbaïdjan est un petit pays du Caucase. Vous en connaissez probablement beaucoup sur notre pays, c`est pourquoi je ne veux pas rappeler certains détails qui nous prendraient du temps Mais je tiens à dire que l`Azerbaïdjan a restauré son indépendance étatique en 1991au moment de la chute de l`Union Soviétique. L`Azerbaïdjan avait rétabli pour la première fois son indépendance étatique au XX siècle – en 1918, au moment de la chute de l`empire russe tsariste. Mais le premier Etat démocratique de l`Azerbaïdjan a eu peu de temps d`existence -23 mois – et s`est effondré au moment du rétablissement du pouvoir soviétique en Azerbaïdjan. Pendant 70 ans l`Azerbaïdjan a été l`une des Républiques de l`Union Soviétique et sous le régime soviétique, comme je viens de le noter, à la fin de 1991 après la chute de l`Union Soviétique, le pays a recouvré son indépendance.

Depuis 1991, toutes ces années passées ont été les années les plus compliquées de la vie de l`Azerbaïdjan. Je peux dire qu`à la différence des autres républiques soviétiques la situation intérieure de l`Azerbaïdjan a été très tendue, difficile et tragique. La raison principale en est que, encore du temps de l`Union Soviétique en 1988, l`Arménie a soulevé des prétentions territoriales non fondées, elle a occupé le Haut-Karabagh et a voulu l`annexer à l`Arménie. C`est à cette occasion qu`un conflit armé s`est déclaré entre l`Arménie et l`Azerbaïdjan, provoqué par une agression militaire de l`Arménie contre l`Azerbaïdjan. Vous savez que cette agression se poursuit jusqu`à ce jour. Je vous présenterai des informations à ce propos un peu plus tard.

La deuxième raison qui complique la situation en Azerbaïdjan est que la direction azerbaïdjanaise s`est heurtée à l`injustice du temps du régime de l`Union Soviétique. L`entrée des troupes russe au mois de janvier 1990 à Bakou, en Azerbaïdjan et ses menées répressives contre le peuple azerbaïdjanais en est une parfaite illustration. Au cours des événements sanglant de janvier 1990 des civils pacifiques et innocents de tout crime ont perdu la vie, nous les appelons des « martyrs ». Cet événement a encore tendu la situation intérieure sociale et-politique de l`Azerbaïdjan.

L`accession à notre indépendance s`est déroulée sur ce fond d`événements tragiques. Ces événements ont débouché sur une lutte entre différentes forces armées en Azerbaïdjan pour conquérir le pouvoir. En conséquence, il y a eu plusieurs changements de la direction politique au pouvoir en Azerbaïdjan en 1992 et 1993.

Les discordes, les affrontements internes ont débouché au mois de juin 1993 sur une situation de guerre civile en Azerbaïdjan et le pays faisait face à un grand fléau – le danger de la partition. Dans une telle situation intérieure, l`agression arménienne et la pression des forces étrangères contre l`Azerbaïdjan s`étaient intensifiées. Nous avons pu prévenir à grand peine le développement de la guerre civile à l`intérieur de l`Azerbaïdjan en 1993. Mais les groupes et les forces armées qui s`étaient formées à l`intérieur du pays n`abandonnaient pas leur lutte pour le pouvoir. A la suite des actions destructrices de ces groupes armés illégaux et de ces différents groupes politiques il y eut des tentatives de coup d`Etat en octobre 1994 et en mars 1995 en Azerbaïdjan. Elles ont été empêchées. Mais des groupes terroristes ont essayé de commettre des actes terroristes et des provocations en Azerbaïdjan. Les organes spéciaux de pays étrangers ont tenté de faire quelques actes terroristes, deux puissantes explosions ont eu lieu dans le métro de Bakou. Nous avons pu prévenir le développement de tout cela.

Au mois d`octobre 1995, la première constitution de l`Azerbaïdjan a été adoptée, les premières élections législatives sur la base de ses principes très démocratiques se sont tenues.

Actuellement, la situation sociale et politique est stable. Nous sommes parvenus à restaurer cette stabilité à partir de 1995, l`Etat de l`Azerbaïdjan contrôle entièrement le territoire du pays.

Avec une telle situation intérieure, l`agression de l`Arménie contre l`Azerbaïdjan s`est poursuivie. Les Forces armées de l`Arménie, profitant d`une situation intérieure affaiblie et instable en Azerbaïdjan ainsi que de l`assistance que certains Etats lui ont apporté, sont devenues une force d`occupation sur 20% du territoire de l`Azerbaïdjan. Plus d`un million d`Azerbaïdjanais ont souffert de l`épuration ethnique qui s`en est ensuivie dans nos régions occupées et en ont été expulsés. Ils vivent désormais dans différentes régions de l`Azerbaïdjan dans des camps de toile. Vous voyez sur cette carte les terres azerbaïdjanaises occupées par les forces armées de l`Arménie. En rouge, c`est le territoire du Haut-Karabagh. Mais, outre le territoire du Haut-Karabagh, sept régions adjacentes sont occupées. Ces terres sont jusqu`à présent sous l`occupation armée des forces de l`Arménie.

Au mois de mai 1994 un accord de cessez-le-feu a été obtenu dans le conflit entre l`Arménie et l`Azerbaïdjan. Nous avons signé cet accord de cessez-le-feu. Il y a cinq ans que nous veillons à maintenir ce régime du cessez-le-feu. Il y a cinq ans que nous essayons de régler pacifiquement le conflit arméno-azerbaïdjanais. Pour régler ce conflit, des principes ont été adoptées lors du sommet de l`OSCE à Lisbonne au mois de décembre 1996. Sur la base de ces principes nous essayons de résoudre ce problème par la voie de la paix. Ces principes sont les suivants : que l`intégrité territoriale de l`Azerbaïdjan soit rétablie, accorder un statut d`autonomie plus élevé au Haut-Karabagh sous la souveraineté de l`Azerbaïdjan, un retrait des forces armées arméniennes des terres occupées et le retour des Azerbaïdjanais expulsés de leur foyers sur leurs terres. Mais la partie arménienne n`accepte pas ces principes.

Vous savez qu`en 1992 le groupe de Minsk a été créé spécialement pour parvenir à un règlement de ce problème. Depuis le début de 1997 ; trois pays puissants – la Russie, les Etats-Unis et la France - sont co-présidents du groupe de Minsk. Le groupe de Minsk, de l`OSCE, a présenté des propositions au mois de juin et au mois de septembre 1997 en vue d`un règlement de cette question. Les propositions présentées par le groupe de Minsk au mois de septembre sont les suivants : que les six régions adjacentes au Haut-Karabagh soient libérées, ensuite accorder un statut d`autogestion au Haut-Karabagh. Le destin des deux régions de Latchin et de Choucha sera réglé postérieurement.

C'est-à-dire que c`est la proposition d`une approche par étapes: la première étape, que les régions occupées soient libérées, deuxième étape, que le statut du Haut-Karabagh soit défini. Nous avons accepté cette proposition. Au mois de septembre-octobre 1997, l`Arménie a déclaré qu`elle veut accepter cette proposition. L`ex-président de l`Arménie Ter-Petrossian a accepté cette proposition, il a justifié son acceptation et a exprimé ses opinions à ce propos dans la presse. Mais, dans la foulée des processus politiques qui se déroulaient à l`intérieur de l`Arménie, au mois de février 1998, le Président Ter-Petrossian a démissionné. En Arménie, le pouvoir a changé. Ainsi cette proposition est-elle restée sans suite.

Le groupe de Minsk n`a eu aucune activité en 1998. Au mois de novembre 1998, les co-présidents du groupe de Minsk ; à l`initiative de la Russie, ont lancé une proposition. Cette proposition était de créer un « Etat général » en Azerbaïdjan, et dans le cadre de cet Etat d`accorder un statut «d`Etat» au Haut-Karabagh.

Premièrement, l`expérience mondiale en matière de normes de droit international ne connait pas encore d`Etat avec une telle structure. Cela a été bâti non pas par le groupe de Minsk, mais par les représentants russes du groupe de Minsk. Mais pour nous l`essentiel est que nous ne pourrons jamais l`accepter. Parce que ce serait accorder indirectement un statut d`indépendance étatique au Haut-Karabagh.

Les auteurs de cette proposition sont les représentants russes du groupe de Minsk. Nous leur avons déjà exprimé notre mécontentement. Ce n`est pas par un effet du hasard que l`Arménie a accepté cette proposition du concept « d`Etat général » du groupe de Minsk. Je tiens à dire que l`Arménie a refusé jusqu`à présent toutes les propositions du groupe de Minsk, même celles de 1997. Mais ils ont immédiatement accepté la proposition « d`Etat général », et disent qu`ils proposent de l`accepter.

Nous essaierons néanmoins de régler ce problème par l`intermédiaire du groupe de Minsk. Nous espérons que le groupe de Minsk présentera une nouvelle proposition acceptable pour les deux parties.

Je crois qu`une des questions qui vous intéressent dans notre région, en Azerbaïdjan en particulier, est l‘utilisation des réserves énergétiques azerbaïdjanaises et aussi le problème de la mer Caspienne. Vous savez que l`Azerbaïdjan est un antique pays de production pétrolière. Il y a des gisements abondants de pétrole et de gaz dans les terrains « on shore» et «off shore» dans les eaux territoriales azerbaïdjanaises de la mer Caspienne. Nous avons essayé d`utiliser plus largement ces réserves énergétiques afin de développer l`économie azerbaïdjanaise et d`améliorer le bien être du peuple azerbaïdjanais, mais également nous avons entamé des travaux pour subvenir aux besoins mondiaux de pétrole et de gaz.

En signant le « Contrat du siècle » au mois de septembre 1994, nous avons présenté toutes les réserves de la mer Caspienne au monde. Je peux dire avec grand plaisir que le « Contrat du siècle » est mis en œuvre d`une manière cohérente. Nous avons extrait le « premier pétrole » au mois de novembre 1997. Mais nous nous sommes aussi occupés de la construction de l`oléoduc pour son exportation. Pour l`exportation du pétrole initial nous avons construit l`oléoduc Bakou–Novorossiysk qui mène au port de Novorossiysk sur la côte russe de la mer Noire de la Russie. Vous le voyez sur la carte. Mais également, nous avons prévu dès le début la construction d`un autre oléoduc alternatif. C`est pourquoi, nous avons décidé de construire le deuxième oléoduc alternatif de Bakou vers le port de Soupsa, sur la côte géorgienne de la mer Noire. Nous avons construit cet oléoduc et nous l`avons mis en exploitation le 17 avril. Maintenant, le pétrole coule par l`oléoduc de l`Ouest et les tankers transportent le pétrole sur le marché mondial du port de Soupsa.

Egalement, nous nous occupons aussi de la conception et de la construction du nouvel oléduc principal. Il est envisagé de construire un oléodcu de Bakou jusqu`au port de Ceyhan sur la côte méditerranéenne, en Turquie. Lors des négociations menées avec le gouvernement turc il est plannifé que les questions techniques et financière soient résolues dans les trois mois qui viennent et qu`ensuite on commencera la mise en oeuvre du projet.

L`Azerbaïdjan a été toujours l`initiateur de l`utilisation non seulement de ses réserves mais de toutes les réserves d`énergie de la mer Caspienne au bénéfice de la communauté mondiale. Les travaux sont en cours de réalisation dans la mer Caspienne dans les secteurs du Kazakhstan, du Turkménistan, de la Russie et de l`Iran et des mesures pertinentes sont prises pour en extraire le pétrole et le gaz.

Depuis 1994 jusqu`à présent l`Azerbaïdjan a signé 16 contrats avec les plus grandes sociétés internationales. Ces sociétés représentent 14 pays. En particulier, de grandes sociétés pétrolières des Etats-Unis font des affaires en Azerbaïdjan. Demain, ici, à Washington trois nouveaux contrats seront signés.

Après la signature du "Contrat du Siècle" les réserves pétrolières de l`Azerbaïdjan a soulevé un grand intérêt. D`une part, les sociétés pétrolières, y compris celles des Etats-Unis, ont lancé des propositions pour venir en Azerbaïdjan exploiter les gisements de la mer Caspienne et font aujourd`hui affaires avec nous. D`autre part, le nombre des forces qui s`opposaient à la politique et à la stratégie pétrolière de l`Azerbaïdjan a augmenté; elles protestaient et mettaient toutes sortes d`entraves.

La stratégie pétrolière de l`Azerbaïdjan est d`offrir aux marchés nos ressources naturelles, nos réserves d`énergie à l`ensemble du monde, et de proposer une large coopération dans ce domaine à chaque pays du monde, aux pays occidentaux, et aux Etats-Unis. Mais, certains pays, certains milieux sont hostiles à notre stratégie pétrolière. Ils trouvent que les réserves pétrolières de l`Azerbaïdjan et de la mer Caspienne ne devraient être que soumises à leur influence. Ils protestent contre la venue des pays occidentaux, des Etats-Unis sur les rivages de la mer Caspienne.

Contre notre stratégie pétrolière, la question du statut de la mer Caspienne a été lancée. Les rumeurs sont venues de certains pays prétendant que, sans détermination du statut de la mer Caspienne on ne pouvait pas utiliser les réserves de pétrole qui y reposent. De nombreuses mesures ont été prises contre nous.

Je peux dire de façon assurée que les tentatives de coup d`Etat en Azerbaïdjan dans les années 1994 et 1995, les actes de terreurs et de sabotage ont été perpétrées afin de nous dissuader de conduire une stratégie pétrolière libre et indépendante dans notre pays. Mais aucun de ces sabotages, de ces différents actes censés jouer contre nous, n`ont pu nous impressionner et nous faire renoncer. Nous avons réalisé par étapes notre stratégie pétrolière. Je tiens à dire que nous sommes très contents de notre coopération avec les pays occidentaux, c`est à dire les pays d`Europe et des Etats-Unis dans ce domaine et nous accordons une grande importance à cette coopération.

Comme tous ces manigances contre notre stratégie n`ont pas eu de résultats; ces derniers temps, dans la presse de certains pays, ainsi que de celle des Etats-Unis, en Europe, en Russie des articles ont été publiés en insistant sur le fait que les réserves de pétrole dans le secteur azerbaïdjanais de la mer Caspienne étaient inférieures aux estimations et que les informations précédentes étaient fausses. Toutes ces idées, ces articles sont des mensonges, et il est bien certain qu`ils sont censés nous nuire. Je peux dire que tout cela est faux. Les réserves en pétrole de l`Azerbaïdjan sont très vastes. Les réserves en pétroles de la mer Caspienne sont immenses. J`estime que tout le monde verra à l`avenir les perspectives du pétrole de la mer Caspienne, ainsi que de celui de l`Azerbaïdjan.

Selon les calculs préliminaires, les réserves de pétrole de l`Azerbaïdjan sont évaluées entre 4 et 10 milliards de tonnes. Tous les contrats signés jusqu`à présent et ceux qui seront signés demain envisagent un investissement de 50 milliards de USD. Au cours des trois années écoulées, 2 milliards 200 million d`investissements a été fait dans l`industrie pétrolière de l`Azerbaïdjan, dont 1 milliard est la part représentée par les sociétés des Etats-Unis. J`estime que tout cela constitue une réponse bien plus cohérente à tous ceux qui s`opposent à notre stratégie pétrolière.

L`économie azerbaïdjanaise est diversifiée. Nous construisons notre économie conformément aux principes de l`économie de marché. Un Etat de droit, laïc, démocratique est en cours de construction en Azerbaïdjan, les programmes de privatisation se réalisent d`une manière cohérente. La réforme foncière se déroule avec succès et on peut dire que la terre est devenue entièrement la propriété privée des villageois.

Comme les autres pays de l`ex-Union Soviétique, notre pays vit aussi une période de transition. Nous passons d`un système économique à un autre système économique. Bien sûr, cette période de transition a des effets négatifs sur l`économie. Nous les évitons. Malgré le fait qu`il y ait un million de réfugiés en Azerbaïdjan, qu`ils vivent sous des tentes et qu`ils soient au chômage. Au cours de ces derniers trois ans l`économie azerbaïdjanaise se développe. Depuis 1990, l`économie azerbaïdjanaise subissait un déclin et chaque année perdait 20% de plus. Nous avons enrayé ce déclin et en 1995 nous avons atteint le niveau de stabilisation. Les années suivantes on a observé une augmentation de notre économie. En 1995 nous avons maitrisé l`inflation. En 1994, l`inflation était de 1400%. Mais maintenant, depuis 1997 l`inflation a beaucoup diminué, et actuellement il n`y a pas d`inflation en Azerbaïdjan. La valeur du manat, la devise nationale de l`Azerbaïdjan, est stable.

Les sociétés étrangères, y compris les sociétés des Etats-Unis, sont intéressées par le programme de privatisation en Azerbaïdjan. Nous le saluons et nous invitons les hommes d`affaires des Etats-Unis à participer à ce programme des privatisations en Azerbaïdjan.

Les relations azerbaïdjano-américaines se développent dans un sens positif. Nous attachons une importance spéciale à nos relations avec les Etats-Unis et nous jugeons que ce sont les relations de partenariat stratégique. Mais également, nous souhaitons que les Etats-Unis acroîssent leur influence sur la région du Caucase et qu`ils nous accordent plus de soutien en faveur des tâches que nous effectuons et en faveur de notre indépendance.

Vous savez que je suis venu pour le 50e anniversaire de l`OTAN. J`ai participé à tous les événements. L`Azerbaïdjan participe au programme de "Partenariat pour la paix" de l`OTAN. De notre côté, nous accordons une grande importance à ce partenariat et nous apprécions hautement ce programme. Nous approuvons et saluons le nouveau concept stratégique engagé par l`OTAN à Washington.

Je peux parler très longtemps, mais je crois qu`il faut prévoir de laisser du temps pour vous permettre de poser vos questions.

Question: Monsieur le Président, si nous prenons en compte le conflit arméno-azerbaïdjanais, quelles mesures allez-vous prendre pour que les oléoducs prévus ne subissent pas d`actes de sabotage?

Heydar Aliyev: Vous savez, ce n`est pas nous seuls qui construisons les oléoducs. Les oléoducs sont construits avec des sociétés qui coopérent avec nous en Azerbaïdjan. Par exemple: l`oléoduc vers le nord, et l`oléoduc mis en place au mois d`avril de cette année, le " Bakou-Soupsa" ont été constuits par un consortium de 11 sociétés - la Société d`Opération Internationale de l`Azerbaïdjan – et 590 millions de USD ont été dépensés pour la construction de l`oléoduc Bakou –Soupsa. Cela représente l`investissement de ces 11 sociétés. C`est pourquoi les oléoducs ne nous appartiennent pas seulement à nous seuls, mais aussi à ces sociétés. Nous tous, ensembles, assurons la sécurité de ces oléoducs et j`espère que nous assurerons cette sécurité.

Question: Monsieur le Président, quelles mesures sont prises par le gouvernement en faveur du développement du secteur non-pétrolier de l`Azerbaïdjan et quelles mesures prenez–vous relativement aux problèmes de l`environnement dans votre pays?

Heydar Aliyev: Nous prenons de nombreuses mesures à ce propos. Premièrement, nous réalisons notre programme de privatisations. La privatisation va animer et développer les domaines de production du secteur non-pétrolier. Une grande partie du secteur non-pétrolier est le secteur agricole. En Azerbaïdjan le secteur agricole tient une grande place. Je viens de dire que nous avions privatisé les terres, nous les avons données à la propriété privée. Nous voyons déjà les résultats de la mise en valeur de ces terres. L`industrie des produits agricoles est un grand domaine. Nous avons aussi privatisé ces établissements. Nous voyons aussi les résultats positifs de ceci.

Les télécommunications sont un grand domaine, nous allons les privatiser aussi bientôt. Nous privatiserons le secteur des transports routiers. Nous privaiserons les autres domaines de transport.

L`industrie lourde est aussi un grand secteur. La privatisation dans les domaines de la chimie, de la métallurgie, de l`industrie automobile progresse difficilement. Mais nous essayons de les développer aussi.

La protection de l`environnement est une question essentielle pour nous. Nous lui accordons une attention particulière dans l`exploitation du pétrole. Dans tous les contrats signés, la protection de l`environnement prend une place particulière.

Question: Monsieur le Président, êtes-vous sûr que des proposition cohérentes seront présentées pour la réalisation de l`oléoduc Bakou-Tibilissi-Ceyhan? Nous voudrions savoir, dans les propositions récentes de la Turquie, quel prix est envisagé pour l`exportation d`un baril de pétrole et êtes-vous sûr que la Société d`Opération Internationale de l`Azerbaïdjan sera d`accord avec ces tarifs?

Heydar Aliyev: Vous savez, cette question a été largement discutée. Parce que la Société d`Opération Internationale de l`Azerbaïdjan a évalué la valeur de l`oléoduc Bakou –Tibilissi-Ceyhan à 3 milliards 700 millions d`USD. Ceci n`est pas avantageux d`un point de vue économique. Mais la Turquie a fait des études, des calculs. Selon eux, pour la construction de l`oléoduc Bakou-Tibilissi-Ceyhan, on a besoin de 2 milliards 400 millions d`USD. Selon la Société d`Opération Internationale de l`Azerbaïdjan, si ce prix est demandé pour la construction de cet oléoduc, elle ne le refusera pas.

A l`heure actuelle, on s`attache à définir le prix de l`oléoduc principal. Plus tard, les tarifs seront étudiés. La Turquie a déclaré qu`elle donnera tout les garanties pour la construction de l`oléoduc Bakou-Tibilissi-Ceyhan.

Question: Monsieur le Président, dans votre discours vous n`avez pas évoqué l`oléoduc Transcaspien. Quelles sont les chances pour que cet oléoduc, qui permettrait l`exportation du gaz turkmène vers le marché mondial, devienne une réalité? Comment cette question peut-elle contribuer à mettre fin aux disputes sur les gisements de pétrole entre le Turkménistan et l`Azerbaïdjan?

Heydar Aliyev: Je n`ai pas évoqué cet aspect des choses, parce que je savais que vous alliez me poser cette question. Une fois que cette question est posée, oui nous sommes favorables à l`exportation du gaz Turkmène en Turquie à travers la mer Caspienne, puis par l`Azerbaïdjan et la Géorgie. A cet égard, il n`y aucune dispute entre l`Azerbaïdjan et le Turkménistan. Le Président turkmène Sapermurad Niyazov m`a contacté à ce propos; il a écrit une lettre et a demandé mon consentement pour que le gaz turkmène soit transporté par la mer Caspienne à travers l`Azerbaïdjan. J`ai présenté l`accord du gouvernement azerbaïdjanais à ce propos et je lui ai envoyé une lettre de réponse. Nous avons eu une conversation à ce propos au téléphone. Il n`y a aucun problème. En accueillant les sociétés américaines qui s`occupent de cette question je les ai informés de notre consentement. J`estime que cette question a été déjà résolue.

Question: Monsieur le Président, quel est le rôle aujourd`hui de la Russie au Caucase du Sud, ainsi qu`en Azerbaïdjan? La Russie mène-t-elle une politique de nature à compromettre la stabilité de la région ou peut -elle jouer un rôle positif dans le règlement des conflits en Abkhasie, en Arménie –Azerbaïdjan?

Heydar Aliyev: La Russie est un grand Etat, notre voisin de nord. Nous souhaitons que les relations entre la Russie et l`Azerbaïdjan soit normales et se développent dans un sens positif. La Russie est un des coprésidents du groupe de Misnk qui a été formé pour trouver les voies d`un règlement pacifique au conflit arméno-azerbaïdjanais du Haut Karabagh. C`est pourquoi nous souhaitons toujours que la Russie accomplisse cette mission. Malheureusement, on n`a pas encore obtenu de résultats positifs. Pas plus que dans les missions des Etats-Unis, de la France il n`y a de résultats positifs. Ce qui nous inquiète est que bien que l`Arménie et l`Azerbaïdjan soient dans une situation de conflit, la Russie entretient des relations privilégiées avec l`Arménie. Au début de 1997 on a découvert que la Russie avait vendu illégalement et confidentiellement à l`Arménie des armes pour une somme d`un milliard au cours de trois dernières années. Les unités militaires russes se sont installées en Arménie et un accord d`alliance militaire est signé entre la Russie et l`Arménie. Les unités militaires informelles russes en Arménie ont eu un statut une "base militaire officielle".

Ces derniers mois, la Russie a installé de nouvelles armes, des missiles S-300, des avions modernes MIG -29. Tout cela compromet la stabilité, la paix et présente un grand danger pour l`Azerbaïdjan. Nous protestons vivement contre cette politique et cette attitude de la Russie. Nous avons présenté nos protestations par des déclarations officielles et moi, j`ai envoyé des lettres privées à Boris Yeltsine, le Président russe, à ce propos. Le 2 avril, lors de la réunion des Chefs d`Etat de la CEI, j`ai protesté à propos de la vente illégale d`armes de la Russie à l`Arménie, et contre l`installation de sa base militaire sur le territoire de l`Arménie avec de nouvelles armes, et j`ai fait une déclaration officielle.

Il n`est pas nécessaire de prouver qu`une telle politique de la part de la Russie porte préjudice à la mission de règlement pacifique du conflit arméno-azerbaïdjanais du Haut-Karabagh, qu`elle nuit à la stabilité et à la paix dans le Caucase du Sud. A notre protestation contre l`installation d`une base militaire russe en Arménie, la Russie répond que ce n`est pas contre l`Azerbaïdjan, mais contre l`OTAN. Nous jugeons tout cela comme une politique inadéquate de la Russie dans le Caucase. Voyez-vous à quel point la Russie est liée étroitement avec l`Arménie?

Question: Dernière question. Comment voyez-vous le futur de la Communauté des Etats Indépendants et qu`est-ce que vous pouvez dire de l`attitude de l`Azerbaïdjan envers de la CEI?

Heydar Aliyev: Je peux dire que le 2 avril, lors de la réunion des Chefs d`Etat de la CEI, on discutait du prolongement du délai du Traité sur la sécurité collective parce que la durée de ce Traité est parvenue à son terme. L`Azerbaïdjan, la Géorgie, l`Ouzbékistan, la Moldavie ont refusé de proroger cette Convention et nous ne l`avons pas signé. Vous voyez ainsi qu`il ne reste que 6 pays dans le Traité de sécurité collective – la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikstan, et l`Arménie.

Ainsi, le CEI, avec le temps, n`a pas pu se former comme il faut. Il est évident que ses activités ne sont pas efficaces. L`avenir montrera le reste.

K. Bouch (chef des programmes spéciaux du Centre des Recherches Stratégiques et Internationales) Nous remercions Heydar Aliyev, le Président azerbaïdjanais, pour ce grand honneur qu`il nous a fait.

Heydar Aliyev: Je souligne encore une fois que je suis très heureux de cette rencontre avec vous. Je vous invite tous, ceux qui aiment et ceux qui n`aiment pas l`Azerbaïdjan, en Azerbaïdjan. Je crois que plus vous viendrez en Azerbaïdjan, plus vous pourrez obtenir des informations correctes, équitables sur l`Azerbaïdjan.

Je vous souhaite à tous une bonne santé, du bonheur, et je souhaite de nouveaux succès au peuple et à l`Etat américain. Merci.

Journal "Azerbaïdjan" le 29 avril 1999

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Relations économique: Azerbaidjan - ‎les Etats Unis

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