De l`entretien du Président de la République d`Azerbaïdjan Heydar Aliyev à la rencontre avec la délégation du Conseil de l`Europe - Bakou, le 3 janvier 2001


Je vous salue, Monsieur le ministre. Je suis très heureux de vous voir à Bakou, en Azerbaïdjan. Je vous félicite à l`occasion de la présidence actuelle de la Lettonie au Conseil de l`Europe. C`est un évènement très important pour chaque pays. Quand nous avons été au sein de l`Union soviétique, les représentants de la Lettonie auraient dû avoir une autorisation de Moscou pour faire un voyage à l`étranger. A présent, la Lettonie préside un organisme aussi prestigieux que le Conseil de l`Europe. On peut se représenter, quels changements ont eu lieu dans le monde pendant une courte période de temps du point de vue historique.

J`ai été témoin des premières années de la perestroïka, quand la Lettonie se donnait de la peine pour l`indépendance, je me le rappelle très bien. Et vos gens sont activement intervenus. Il est vrai, qu`à cette époque je ne travaillais plus - en 1987 j`ai quitté tous les postes et ce processus commença un peu plus tard, mais je le suivais. Sans parler de ce qu`à l`époque de l`Union Soviétique, j`ai dû m`occuper de plusieurs problèmes de la Lettonie.

A présent, nous nous rencontrons à un autre niveau. Vous êtes le ministre des affaires étrangères de la Lettonie qui préside le Conseil de l`Europe et moi, après beaucoup de péripéties - Président de l`Azerbaïdjan. Je pense qu`il soit agréable de voir les gens qui ont travaillé ensemble dans le passé, qui ont vécu dans un Etat. Il est agréable que nous soyons devenus libres et indépendants. La Lettonie a acquis son indépendance plus tôt que les autres pays baltes. En tous cas, avant l`effondrement de l`Union Soviétique, en Lettonie et en Lituanie également existait le parti communiste sur les positions du CC du PCUS.

Beaucoup de changements ont eu lieu dans le monde. C`est la première délégation que je reçois la nouvelle année, le nouveau siècle, le nouveau millénaire. Cette délégation est très importante parce que c`est la délégation du Conseil de l`Europe. La délégation est arrivée en Azerbaïdjan pour un problème très sérieux. C`est pourquoi, je suis content de cette rencontre et je pense qu`elle sera intéressante et ce qui importe le plus, aboutira à des résultats positifs. Je sais qu`aujourd`hui vous avez rencontré le président de notre parlement, le premier ministre, le ministre des affaires étrangères, le chef de mon administration. Les questions qui vous intéressent sont plutôt de la compétence du chef de mon administration.

Le jour d`aujourd`hui prend sa fin. On m`a dit que demain vous partez, vous êtes venus pour un temps court, c`est dommage. Parce ce qu`il serait bien de parler plus et ce qui est le plus important - vous pourriez voir l`Azerbaïdjan actuel avec ses progrès, problèmes, et difficultés. Vous pourriez visiter notre ville - capitale de l`Azerbaïdjan. Je vous en prie.

...Je vous remercie, monsieur le ministre pour les idées énoncées ici, les paroles sur l`Azerbaïdjan, sur sa situation actuelle, sur ce que l`Azerbaïdjan suive la voie de la démocratie, du pluralisme politique, de la défense des droits de l`homme.

Vous avez bien dit. Moi, je suis un homme droit et franc. Malheureusement, parfois dans certains pays occidentaux on n`imagine pas très bien ces choses-là. La démocratie est un processus. Ce sont vos paroles. Je le dis parce que ce ne sont pas mes paroles. La démocratie, comme vous avez dit, ce n`est pas quelque chose qu`on puisse vite construire. Quand j`ai été à la tête de l`Azerbaïdjan, c`était aux années 70-80, j`ai construit un grand nombre de fabriques, usines, ponts, maisons d`habitation, écoles, hôpitaux, etc.. Ce bâtiment où nous nous trouvons, je l`ai construit également, ainsi que beaucoup d`autres. D`après vos paroles, la démocratie n`est pas une chose, qu`on aurait pu construire et mettre en exploitation après avoir trouvé des moyens, matériel, main d`œuvre. C`est une chose tout à fait différente. La démocratie est un processus. Et ce processus est suivi par les gens, pays, et peuples conformément à leur état d`esprit.

Nous ne pouvons pas nous comparer aux pays ayant une histoire de 100 -200 ans de démocratie. Votre Lettonie également, jusqu`à 1940 a vécu sous un régime, après s`est retrouvée au sein de l`Union Soviétique. Jusqu`à l`année 1990, elle fut sous l`impact de l`idéologie communiste. Là aussi on disait que nous avons la démocratie, la liberté d`expression. A l`époque, dans le cadre de cette société cela fut ainsi.

Vous savez qu`il soit irréel de suivre le chemin emprunté par les pays il y a 100 -200 ans et être au même niveau qu`eux. Je le dis à tout le monde. C`est pourquoi, j`exprime ouvertement mes idées, pour qu`on puisse imaginer d`une manière réelle les pays entrant dans l`Union Soviétique, les pays qui étaient dans le camp socialiste, - ce sont les pays de l`Europe Est etc, - ils étaient aux niveaux différents de leur développement et naturellement, sauter de 100 mètres en avant, quand un homme ne peut sauter que de 6 mètres au plus, c`est impossible, c`est irréel. Malheureusement, certains gens à l`Occident estiment, que la démocratie dans un des pays de l`Europe Ouest et la démocratie au Caucase ou quelque part ailleurs, doivent être identiques. Cela ne peut avoir lieu.

D`autre part, le chemin fait par les pays étant des représentants de la démocratie et ayant grande expérience, nous pouvons faire et faisons pour une période beaucoup plus courte. C`est pourquoi, la démocratie -est un évènement quand les changements doivent se produire dans la mentalité des gens. Ce n`est pas le cas de construire rapidement, ordonner rapidement de faire ceci, cela, de se lever ou de s`asseoir. Cela est impossible. C`est pourquoi, je suis d`accord avec vous et je veux vous dire franchement que nous suivons le chemin de la démocratie, du pluralisme politique, de la défense des droits de l`homme. Nous n`avons pas d`autre chemin, c`est à dire nous ne suivrons pas un autre chemin et nous ne le faisons pas pour plaire à un pays occidental et pour pouvoir adhérer au Conseil de l`Europe. Nous le faisons, parce qu`après l`indépendance nationale nous avons opté pour cette voie. Cela n`est pas pour faire une présentation, cette voie nous semble unique pour le développement ultérieur libre et souverain de notre Etat. Quel trajet nous avons passé, quel trajet ont passé les autres est une évaluation relative. Chacun a sa propre vision. Mais nous suivons cette voie et la suivrons.

En ce qui concerne l`adhésion au Conseil de l`Europe. Bien sûr, nous sommes une partie de l`Europe, nous nous trouvons à l`extrémité de l`Europe. Après l`Azerbaïdjan l`Europe se termine. Nous voulons adhérer à la communauté européenne. Si quelqu`un ne le veut pas, que faire, nous pourrons nous en passer, c`est-à-dire, on ne peut pas procéder par violence.

Admettons qu`un des éléments importants sont des élections. Les élections au parlement se sont tenues chez nous. Selon notre avis, dans nos conditions, compte tenu de la mentalité de notre peuple, compte tenu des traditions de notre peuple, elles se sont déroulées normalement. Il y a eu des défauts, des infractions également. C`est pourquoi, les élections ont été reconnues non valables par la décision de la Commission électorale centrale et la Cour constitutionnelle dans les 11 districts. Nous n`avons pas d`ambition à avoir une image idéale sous ce rapport. En même temps, je ne sais pas ou se tiennent des élections idéales. Certains pays peuvent dire que chez eux les élections se déroulent d`une manière absolument idéale, qu`ils le pensent. Je ne le discute pas avec eux. Mais, en même temps, je ne peux pas être d`accord avec ce qu`en Azerbaïdjan les élections ont été tenues d`une manière absolument antidémocratique etc. Je ne peux pas être d`accord avec cela. Qui veut peut accepter mon avis, qui ne le veut pas qu`il ne le fasse pas.

Regarder combien de journaux paraissent chez nous.

En Hollande, il n`y pas autant de journaux qu`en Azerbaïdjan. Ici, chacun commence à publier un journal. Nous avons une économie de marché libre. On a gagné de l`argent ou bien on n`en a pas gagné, on l`a trouvé quelque part et comme ça nous avons eu une maladie de journal. Dans les pays les plus démocratiques il existe 5,6,10 journaux et tout le monde les lit etc. Et ici vous voyez il y a une compétition qui et combien de journaux publient. C`est une maladie et je l`observe absolument tranquillement. Parce que nous devons passer ces étapes de la maladie pour arriver à un niveau civilisé de la démocratie et de la liberté d`expression, du pluralisme politique. Dans nos journaux il y a beaucoup de diffamation, il y a beaucoup même d`insultes. Vous imaginez, plusieurs journaux m`insultent chaque jour. On me dit de saisir le tribunal. Je peux saisir le tribunal, je peux prouver qu`on m`avait insulté, mais tout de suite en Europe on fera un grand bruit, pour dire que la presse est persécutée. C`est pourquoi, quelques fois je suis contraint à tolérer toutes sortes d`insultes, de fables, d`attaques injustes pas pour vous plaire, mais pour faire habituer le peuple à la civilisation. Je peux dire que chez nous, tout est à l`étape initiale - la démocratie, la liberté de presse et les droits de l`homme. Cette étape initiale notre société passe très douloureusement.

Monsieur le ministre, vous avait deux fois noté qu`une stabilité sociopolitique existe actuellement en Azerbaïdjan. Alors ceux qui examinent aujourd`hui la question de l`adhésion de l`Azerbaïdjan au Conseil de l`Europe, regardent le chemin fait par l`Azerbaïdjan dès son indépendance. On y ajoute que dès 1988 l`Arménie a commis l`agression, à vrai dire déclancha la guerre contre l`Azerbaïdjan pour séparer le Haut Karabakh- les terres appartenant depuis toujours à l`Azerbaïdjan, - et l`annexer à l`Arménie sous prétexte que la majorité de la population y sont des Arméniens. Evidemment, je reviendrai à cette question. Cette agression se dégénéra en guerre et dura dès 1988 à 1994 jusqu`au moment où ma volonté l`avait arrêté.

Qu`est-ce qui se passait ici! Les dirigeants étaient remplacés tous les ans, ou tous les deux ans. Au lieu d`unir le peuple, défendre leur terre ou bien résoudre le problème sans guerre, d`une manière équitable, les gens ont usé de l`ambiance, ils ont créé des groupements armés pour se battre pour le pouvoir. Et la lutte pour le pouvoir à vrai dire en 1990 a conduit à la tragédie. D`un côté les troupes soviétiques, Gorbatchev, Bureau politique, ont dirigé des chars vers l`Azerbaïdjan, un nombre important de troupes et ils ont fait couler le sang dans les rues de Bakou. Je ne sais pas si vous avez visité l`Allée des martyres ou non. Jusqu`à 1990 cette Allée n`existait pas, il y avait un parc. Tans de gens ont péri pendant une nuit! Je connais bien l`histoire de l`Union soviétique. Vous vous êtes occupé de l`histoire, évidemment, vous aussi le savez bien. Dans l`histoire de l`Union soviétique il n`y avait pas de cas, quand le gouvernement, l`Etat avait commis une agression monstrueuse contre son peuple.

Naturellement, cela aggrava la situation en Azerbaïdjan. Dans cette situation compliquée d`une part l`Arménie attaque les terres de l`Azerbaïdjan, d`autre part à l`intérieur du pays il n`y a pas de stabilité, au temps de la guerre on n`arrive pas à faire unir le peuple, à faire face à son adversaire. Au contraire les gens s`assemblent dans les groupements armés et mènent la lutte pour le pouvoir. A quoi cela a conduit? A une nouvelle tragédie, au génocide, commis par les forces armées arméniennes à Khodjali, ensemble d`ailleurs avec les troupes russes et au remplacement de l`administration de l`Azerbaïdjan. Et ce nouveau dirigeant s`est évadé aussi à Moscou.

Les forces appelées forces démocratiques, c`est-à-dire Front populaire sont venues au pouvoir. Vous avez eu le Front populaire également à l`époque. Mais, votre Front populaire fut cultivé, civilisé. Malheureusement, notre Front populaire n`avait pas atteint le niveau du Front populaire ni letton, ni lituanien, ni estonien. Ils sont arrivés au pouvoir, dans un an la guerre civile commença en Azerbaïdjan. Vous savez, les gens de la même équipe, ayant en leur disposition plus d`armes, ont décidé de devenir président. Ils ont envoyé les troupes de Gandja ici, et l`administration fut si impuissante qu`au lieu de défendre l`Etat, ils se sont dispersés, sauvant leurs vies. Une nouvelle espèce de mouvements de séparation a apparu. Les Arméniens, et leur séparatisme déclancha la guerre à Haut Karabakh, de nouveaux mouvements séparatistes apparurent au sud. Plusieurs "militants" aussi du Front populaire ont cru qu`on puisse séparer quelques régions de l`Azerbaïdjan et créer une république indépendante et même la rattacher à l`Iran. Au nord il y a avait eu des tentatives du séparatisme également.

Regardez dans quel état difficile se trouvait l`Azerbaïdjan après l`indépendance. En même temps après m`avoir invité à Bakou, en 1993, quand j`ai commencé à créer les conditions pour établir la stabilité, il y a eu une tentative du coup d`Etat contre moi en 1994, et six mois après, le Détachement de police à Destination Spéciale - s`est révolté contre le Ministère des affaires intérieures auquel était subordonné, il a réuni ses troupes, les armes et a commencé à donner des ordres au Président de l`Azerbaïdjan: ou bien tu démissionnes et nous donnes le pouvoir, ou bien nous te tuerons. Cela également on avait dû endurer, on avait dû défendre et heureusement, on avait pu défendre l`Azerbaïdjan, le régime étatique. Et après?

Dans quelques mois, on fait une tentative et certains services spéciaux des Etats différents y sont impliqués, d`abattre par une fusée l`avion du Président quand il revenait du voyage en Roumanie et en Bulgarie. Dieu merci, grâce à son soutien, l`avion a atterri ayant changé le cap. C`est-à-dire, vous voyez combien d`années l`Azerbaïdjan était dans ces conditions difficiles, jusqu`à ce qu`il n`a pas adopté sa première Constitution et n`a pas élu son premier parlement. Et après tout ne fut pas en ordre. Il y a une pression sur l`Azerbaïdjan des côtés différents. La situation géostratégique de l`Azerbaïdjan, ses riches ressources énergétiques, gaz, pétrole et cetera -attirent l`attention de plusieurs pays et chacun veut y affirmer ses intérêts. C`est pourquoi, dans ces conditions il faut quelques fois faire face à cela.

Dans ces conditions justement nous suivons la voie de la démocratie. Certains gens estiment que la démocratie c`est le chaos, la démocratie c`est quand tout est permis: on fait ce qu`on voudrait. Nous ne pouvons l`accepter. Nous avons eu de la peine à établir la stabilité ici les quelques dernières années. Premièrement, nous avons arrêtés les hostilités, nous menons des négociations avec l`Arménie sur la résolution pacifique du problème, deuxièmement, nous avons liquidé ces groupements paramilitaires en Azerbaïdjan, les éléments criminels etc., nous avons établi la stabilité, le peuple a commencé à vivre tranquillement. Il y a 5 ans on ne pouvait pas sortir dans les rues le soir. Chacun avait une mitraillette et faisait ce qu`il voulait. Alors regardez, pendant un court délai nous avons mis fin à tous ces maux de l`Azerbaïdjan. Notre économie est actuellement en croissance. Selon le rythme de croissance de l`économie, l`Azerbaïdjan est à la première place parmi les pays de la CEI et selon les résultats des années précédentes et selon les résultats de l`année 2000. Cela n`est pas facile, cela ne tombe pas du ciel. C`est notre politique économique, ce sont les réformes que nous mettons en place, c`est notre option pour l`implantation de l`économie de marché et finalement c`est la démocratie, la liberté. C`est pourquoi, dans ces conditions considérer que la démocratie en Azerbaïdjan doit être aujourd`hui au même niveau que dans les pays où les gens vivent dans la prospérité et l`aisance et ne connaissent ni guerres, ni chocs intérieurs, il serait injuste.

C`est pourquoi, je reviens à votre idée que la démocratie c`est le processus et nous suivons cette voie. Bien sûr, nous voulons adhérer au Conseil de l`Europe. Nous comprenons que cela nous imposera plus de responsabilité. N`étant pas membre du Conseil de l`Europe, nous sommes libres à faire quelque chose ou ne pas faire, c`est notre affaire à nous, personne ne nous fera rien. Mais étant membre du Conseil de l`Europe nous signerons un document au Conseil de l`Europe et nous devons, voudrait-on ou non réaliser ce document et se soumettre aux règles. En un mot nous comprenons notre adhésion au Conseil de l`Europe dans le sens de la responsabilité encore plus grande qui nous incombe. Nous y allons pour avoir une expérience démocratique encore plus large, démocratiser l`Azerbaïdjan, coopérer plus étroitement avec les pays qui sont déjà au sein du Conseil de l`Europe et surtout avec ceux qui sont dans cette structure il y a bien longtemps.

En ce qui concerne les prisonniers, vous savez que récemment j`ai signé le décret sur la grâce d`un grand groupe de gens. Je signe trois-quatre décrets de grâce par an. Sur mon initiative la parlement adopte l`arrêté sur l`amnistie et un grand nombre de gens sont libérés de détention. Ce processus est en cours chez nous et il va continuer. Que personne ne soit inquiétée par cette question.

Et votre question sur ce que se passe ici, j`ai donné déjà la réponse à une partie de cette question. La situation consiste en ce que le conflit entre l`Arménie et l`Azerbaïdjan commencé en 1988, n`est pas liquidé jusqu`à présent. Ce que nous avons pu atteindre le cessez-le-feu est une réussite pour l`Arménie et pour l`Azerbaïdjan également. Mais ce qui est mal, sans doute, c`est que jusqu`à présent, nous n`avons pas pu nous mettre d`accord sur la conclusion de la paix et le règlement intégral du conflit. En 1992 l`OSCE créa un groupe nommé groupe de Minsk, constitué de 12 pays, qui s`occupe du règlement pacifique de ce conflit. A propos, en 1993 le groupe de Minsk fut présidé par l`Italie, plus tard par la Suède.

Monsieur Yan Elisson fut président du groupe de Minsk de l`OSCE et durant l`année nous nous sommes rencontrés plusieurs fois ici et dans d`autres endroits. Malheureusement, ces rencontres ne nous ont pas aidés à résoudre le conflit. Monsieur Yan Elisson s`appliquait beaucoup. J`ai eu une très bonne impression de lui. Si vous avez la possibilité dites lui bonjour de ma part. Cependant, on n`a pas pu régler le conflit. A l`époque, le ministre des affaires étrangères chez vous était une femme - Marguerite Douglas, une femme sympathique. Madame Douglas était venue ici, je l`ai rencontrée, nous avons eu des négociations. Elle était alors président en fonction de l`OSCE. Elle aussi n`a pu rien faire. Après le relais a été pris par la Russie, elle aussi n`a pu rien faire. La Russie a passé le relais à la Finlande et elle également n`a pu rien faire. Et après, enfin au sommet de Lisbonne en décembre de 1996, on a défini en qualité de coprésidents la Russie, les Etats-Unis d`Amérique et la France. Et dès ce temps ces trois grands Etats ne peuvent pas nous porter l`aide dans la résolution de ce problème.

Et en quoi consiste le problème? L`Arménie estime que le Haut Karabakh doit être annexé à l`Arménie, parce que selon leur avis, c`est la terre arménienne. Cela contredit la vérité historique. Lors de la guerre les Arméniens, suite aux raisons différentes, ont occupé non seulement le Haut Karabakh, mais sept régions autour du Haut Karabakh, peuplées d`Azerbaïdjanais. Un million de personnes sont chassées de ces régions et elles vivent dans les tentes. Notre opposition m`accuse pour tous les malheurs, une des accusations est que Aliyev ne peut pas résoudre ce problème pendant sept ans. Chacun d`eux estime qu`il puisse régler ce problème. Eux tous ensemble ne puissent pas faire un pas pour résoudre ce problème. Je sais à quel point ce problème soit difficile. L`Arménie est agresseur, l`Arménie piétine les droits de l`homme. Le Conseil de l`Europe lutte pour les droits de chaque personne. Et pourquoi, le Conseil de l`Europe ne lutte pas pour les droits de tout un peuple? Notre peuple est soumis à l`agression. Un million de personnes chassées des lieux d`habitation permanente vivent dans les tentes 6-7 ans. Voilà la situation réelle en Azerbaïdjan. Le Conseil de l`Europe n`y prête pas d`attention, mais si une personne ayant commis un crime, est mis en prison, alors on demande sur le champ sa libération.

Vous savez nous ne pouvons accepter une telle attitude. Nous adhérons au Conseil de l`Europe pour que le Conseil de l`Europe fasse des efforts pour la résolution du problème clé, là où il y a une lésion massive de droits de l`homme. Cela veut dire - la résolution du problème sur la libération des terres de l`Azerbaïdjan de l`occupation, le retour des gens vers les lieux de leur habitation permanente, bien qu`on ait tout détruit là bas, toute la vie doit commencer du zéro, et l`assurance de l`intégrité territoriale de l`Azerbaïdjan. C`est ce qui concerne la région du Caucase du Sud.

Au Caucase du Sud, il y a trois républiques - la Géorgie, l`Arménie et l`Azerbaïdjan. Nous avons eu de très bonnes relations. En Géorgie vit un demi- million d`Azerbaïdjanais. Mais il n`y pas de problèmes. Ni de notre côté il n`y a de prétentions sur les terres, bien qu`ils vivent aux régions limitrophes à l`Azerbaïdjan, ni de leur côté. Nous avons de bonnes relations entre nous. La situation de la Géorgie est difficile pour le moment, évidemment, vous le savez. Nous aidons la Géorgie comme nous pouvons. Bien que nous ayons beaucoup de problèmes. Notre voisin du Nord - est la Russie. La Russie est actuellement coprésident du groupe de Minsk de l`OSCE. Cependant, ils ont secrètement livré à l`Arménie les armes et tout le matériel militaire pour un milliard de dollars. Pourquoi? Pour régler le conflit ou bien pour une autres chose? Sur notre territoire il n`y a pas de bases militaires d`aucun pays. En Arménie sont disposés des bases militaires de la Russie. Même plus, cette année ils y font croître leurs forces, ils y ont livré les fusées les plus modernes C-300, les avions les plus modernesMIG-29. C`est-à-dire sur cette petite terre on a disposé tant d`armes. Je pose une question aux dirigeants de la Russie: Pourquoi? Mais je ne peux pas avoir une réponse satisfaisante. C`est la particularité de notre région.

Nous avons de bonnes relations avec la Turquie. Ce sont de bonnes relations traditionnelles et actuellement elles sont bonnes également. Nous avons une bonne circulation de marchandises et nous considérons la Turquie comme un pays frère.

L`Iran est notre voisin du sud. Là vivent beaucoup d`Azerbaïdjanais. Certains gens disent qu`en Iran vivent presque 30 millions d`Azerbaidjanais. Historiquement nous sommes très liés à l`Iran. Nous voulons avoir de bonnes relations amicales avec l`Iran. Nous avons une bonne circulation de marchandises, le commerce se fait. Allées et venues sont libres aux frontières.

Nous avons de bonnes relations avec les pays de l`Asie Centrale. La Caspienne est actuellement un grand problème. Parce que nous -l`Azerbaïdjan, il y a 50 ans, à l`époque de l`Union soviétique, nous avons commencé à extraire le pétrole et le gaz des profondeurs de la mer. Nous avons une grande pratique. Nos géologues ont prospecté beaucoup de gisements de pétrole et de gaz dans la mer. C`est pourquoi, nous avons conclu beaucoup de contrats avec les pays occidentaux, compagnies des Etats-Unis d`Amérique, de l`Angleterre, de l`Allemagne - avec une grande compagnie qui s`appelle "Bibel", compagnie de la Hollande "Shell" travaille activement ici, dispose de grandes possibilités, les compagnies belges travaillent ici, les compagnies italiennes, même les compagnies espagnoles travaillent, de grandes compagnies françaises "Total", "Elf Aquitaine", compagnie norvégienne "Statoil". En un mot, nous avons découvert les possibilités de la Caspienne au monde, puisqu`il existe ici de riches ressources de pétrole et de gaz. Nous avons construit un oléoduc à travers la Géorgie vers la merNoire. Nous exportons déjà le pétrole par cet oléoduc. Récemment nous avons signé un très grand contrat sur la construction de l`oléoduc Bakou- Tbilissi -Ceyhan pour exporter dans le futur près de 50-60 millions de tonnes de pétrole par an. Et cela nous lie à tous les pays.

Mais sur la côte opposée de la Caspienne - le Kazakhstan, Turkménistan extraient du pétrole et du gaz également. La Caspienne fut partagée en secteurs au temps de l`Union soviétique encore. Il est vrai qu`à présent certains gens le contestent, les discussions sont en cours sur le statut de la Caspienne - cela est aussi un de nos problèmes. J`ai essayé de répondre à vos questions.

En ce qui concerne les élections du 7 je pense, ils ont parlé en détails à ce sujet. Vous pouvez être sûr que tout est fait et tout sera fait pour que les élections se tiennent au plus haut niveau le 7. Evidemment, ils ont tout raconté. Je ne le répèterai pas. Merci.