Interview du Président de la République d`Azerbaïdjan Heydar Aliyev accordée au rédacteur du journal iranien "Asr-e-Azadi" docteur Vahid Reyhan - Le 10 décembre 1997


Question: Monsieur le Président, on dit que pendant l'époque du pouvoir de Brejnev il y a eu une abondance en Azerbaïdjan. Est-ce vrai? Après votre élection Président de l'Azerbaïdjan, la signature des contrats on dit, que l'Azerbaïdjan, sera comme Koweït un pays riche. Que pouvez vous dire à ce sujet?

Heydar Aliyev: Il y a eu une abondance non pas pendant l'époque de Brejnev mais pendant la période quand Heydar Aliyev était en tête de la République. Parce que ce n'était pas Brejnev qui dirigeait la république. A l'époque le chef de l'Azerbaïdjan fut Heydar Aliyev et Brejnev siégeait à Moscou. L'administration de l'Azerbaïdjan menait le travail en Azerbaïdjan. A l'époque il y a eu vraiment une aisance, il y a eu un très bon niveau de vie. Cependant au cours de la deuxième moitié de 1982 un préjudice fut porté à l'économie de l'Azerbaïdjan. En particulier l'agression de l'Arménie contre l'Azerbaïdjan commença, l'économie ne se développait dans notre république, la production chuta.

Grâce à des réformes économiques qu'on met en place en Azerbaïdjan ces deux dernières années, grâce à la transition vers l'économie de marché, l'indépendance des gens, la libéralisation du commerce extérieur et l'élargissement des liens commerciaux avec les pays étrangers, l'économie renaît déjà dans notre pays. Si à partir des années 1988-1989 jusqu'à 1995 la chute de l'économie continuait des années durant, la production agricole et industrielle baissait, actuellement nous avons stoppé ce processus. En 1996 la croissance commença. En 1997 la production s'est accrue encore plus.

En quoi consiste la croissance? Les économistes savent bien et vous, il se peut, vous savez également que le produit intérieur brut est un indice qui définit le niveau de l'économie. En comparaison avec l'année précédente, la production du produit intérieur brut en Azerbaïdjan s'est accrue de 5 pourcents. La production industrielle n'a pas baissé, mais s'est accrue à peu près d'un pourcent. Les revenus des gens se sont accrus de 50 pourcents, l'inflation fut liquidée entièrement. En 1994 l'inflation faisait 1600 pourcents dans la république. En 1995 elle faisait 84 pourcents, en 1996 - 6 pourcents, à présent le niveau d'inflation a atteint zéro, ce qui est un indice majeur, reflétant l'état de l'économie, des finances. Les derniers temps le coût du manat par rapport au dollar s'accroît, ce qui est également un très bon indice.

Nous avons assuré une abondance de produits alimentaires. Il y eut un temps quand on était en manque de produits alimentaires. Par exemple à l'époque de l'Union soviétique, par exemple en 1981, 1982 il y a eu une pénurie de certains produits alimentaires. En 1982 je suis parti travailler à Moscou. Maintenant nous avons l'abondance puisque nous avons privatisé l'agriculture, nous avons privatisé entièrement l'élevage, le bétail est remis aux paysans. En comparaison avec le temps des kolkhozes de l'époque de l'ancienne Union soviétique, les paysans élèvent mieux le bétail. Pendant cette période ils le soignaient mal et volaient les produits. A présent les vaches et le menu bétail sont leur propriété. Le paysan sait que plus il donnera du fourrage au bétail plus il aura du lait, de la viande et des revenus. Et de cette façon le volume de production de viande et de lait va s'accroître. Cela aboutit à des résultats.

Nous avons donné la terre aux paysans. Avant les terres furent la propriété d'état et non la propriété des gens. Là où nous avons donné la terre aux gens, ils en usent plus efficacement et en tirent un grand profit. En même temps il produisent du blé, autres produits, les vendent et de cette manière ils créent une abondance. C'est pourquoi nous avons une croissance encore plus grande de la production agricole. Il est vrai que la population dans son ensemble ne peut acheter ces produits. Par exemple nous avons un million de réfugiés, ils sont devenus réfugiés puisqu'ils étaient chassés des terres occupées par les forces armées arméniennes, ils ne travaillent pas et vivent dans les tentes. La situation de ces gens est très difficile. Nous avons encore des gens qui vivent en pauvreté. Cela est naturel. Bien qu'en Iran il n'y a eu ni kolkhozes ni sovkhozes; en Iran aussi il y a des gens pauvres. Mais vous voyez que nous changeons de système, nous passons d'un régime politique, économique à l'autre. A la suite de cela l'économie de notre république renaît, elle s'élargit petit à petit. Tout cela est le résultats des possibilités existant dans notre pays.

Vous avez également évoqué la question de la production de pétrole. Oui nous avons procédé à l'extraction de pétrole et de gaz d'un nombre de gisements en Caspienne. La compagnie iranienne "OOK" participe à la réalisation de deux contrats signés sur l'exploitation commune des gisements dans le secteur azéri de la Caspienne. Les compagnies de la Russie, France, Angleterre et Amérique et des autres pays y prennent part également. Dans quelques ans sans doute on va extraire de ces gisements une quantité considérable de pétrole et de gaz. La vente de ce pétrole et du gaz sur le marché mondial aboutira à la croissance de nos revenus Au fur et à mesure de la croissance de nos revenus nous allons éliminer certaines difficultés existant dans notre pays et nous pourront investir dans d'autres domaines de l'économie bien qu'à présent nous n'avons pas de moyens. En investissant dans ces domaines nous aurons du profit et de cette manière l'avenir de l'Azerbaïdjan sera très bon.

Question: Monsieur le Président, dans les chansons azéries l'amour envers la patrie est toujours au premier plan. Qu'allez-vous faire avec les Arméniens?

Heydar Aliyev: Nous allons sans faute faire sortir les forces armées arméniennes des terres occupées de l'Azerbaïdjan. Nous n'admettrons jamais que nos terres soient occupées par les Arméniens. Il est vrai qu'il y a trois ans et demi déjà que nous avons suspendu la guerre. Pourquoi? Vous savez que dès 1988 à 1994, pendant six ans la guerre était en cours. Cette guerre n'a rien apporté à l'Azerbaïdjan à part le malheur- les gens sont devenus martyrs, ont péri, nos terres sont occupées. Pourquoi? Parce que derrière l'Arménie il y a un nombre d'états qui fournissent l'armement aux Arméniens. Mais à notre avis, nous avons pensé qu'il serait plus correct à résoudre le problème pacifiquement. C'est pourquoi nous avons suspendu le feu, avons signé l'accord sur le cessez-le-feu. A présent nous menons les négociations de paix. Ces négociations sont ramenées à ce que l'armée d'occupation arménienne quitte les régions occupées, nos réfugiés retournent dans leur pays et l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan soit restaurée. Les Arméniens vivant au Haut Karabakh auront un haut statut d'autonomie au sein de l'état azerbaïdjanais.

Question: A quoi est lié le retour de Aboulfaz Eltchibey à Bakou?

Heydar Aliyev: Tout citoyen azerbaïdjanais peut vivre là où il veut. En 1993 Aboulfaz Eltchibey avait quitté le poste de Président, avait laissé la population sans administration, est parti dans un village montagnard Kalaki, s'y était caché, il ne remplissait pas son devoir, il déserta et il y vécut quatre ans et demi. Après il a voulu revenir à Bakou et il est revenu. Il peut aller où il veut - à Gandja, Soumgaït, Lancaran, c'est-à-dire nous n'avons pas participé ni à sa fuite, ni à son retour à Bakou.

Question: Vous êtes un des hommes politiques les plus grands du monde. On vous estime premier parmi les trois hommes politiques éminents du monde. Après avoir signé le contrat de pétrole vous avez encore une fois glorifié l'Azerbaïdjan. Avant vous avez dit que vous avez privatisé la terre. Ces terres seront distribuées aux gens gratuitement?

Heydar Aliyev: Oui, nous avons distribué gratuitement les terres au peuple, aux gens, aux paysans. Ils peuvent exploiter cette terre à leur gré. Ils peuvent vendre cette terre ou bien la transmettre à leurs parents. Ils sont propriétaires de la terre. Je pense que si le propriétaire ne vend pas cette terre ou bien la vend à quelqu'un il n'y a aucune différence - il profite efficacement de la terre. Notre pays a des moyens pour cultiver des plantes. Nous avons des terres très fertiles où on peut avoir une bonne récolte. La récolte va augmenter dans le pays et au fur à mesure de l'augmentation de la récolte, on aura l'abondance en produits.

Question: Quels seront les liens entre l'Azerbaïdjan et l'Iran après la clôture du VIII sommet de l'OCI? Il existe de bonnes relations entre ces pays. Seront-elles meilleures ou pas?

Heydar Aliyev: Le VIII sommet de l'Organisation de la Conférence islamique n'a rien avoir avec cette question. Vous savez que les représentants de 55 pays sont venus à cette rencontre y compris celui de l'Azerbaïdjan. Aujourd'hui je vais rencontrer le Président de la République Islamique d'Iran monsieur Khatemi. Nous allons discuter la question du développement ultérieur des liens bilatéraux entre nos pays. Mon souhait, mon rêve est que les liens d'amitié, fraternels existent entre l'Iran et l'Azerbaïdjan, que de grandes possibilités de nos pays soient usées pour le développement de notre coopération y compris la coopération économique.

Question: Honorable Président Heydar Aliyev, avez-vous visité Tabriz auparavant?

Heydar Aliyev: Quand je vivais au Nakhitchevan, je venais à Tabriz mais quand en 1994 je suis venu en visite officielle en Iran en tant que Président de l'Azerbaïdjan, je n'ai pas eu l'opportunité de visiter Tabriz. Je voudrais le visiter et évidemment, Allah me donnera cette opportunité.

Journaliste: Inchallah. Merci beaucoup monsieur le Président.

Traduit du journal "Bakinski rabotchi" du 17 décembre 1997

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