Allocution du Président de la République d`Azerbaïdjan, M. Heydar Aliyev, lors d`une soirée d`hommage en l`honneur d`Arif Malikov, le célèbre compositeur azerbaïdjanais - Musée de Beaux-Arts d`Azerbaïdjan «Rüstam Moustafayev», le 5 février 1995

Cher Arif Melikov, je te remercie de nous avoir présenté aujourd`hui vos oeuvres, je te souhaite de la santé et un plein succès pour la suite de votre carrière. Ces dernières années ont été une période très dure dans la vie de notre peuple. Toutefois, en ses temps de difficultés notre culture, notre créativité artistique, ne tarissent pas, et se développent même, les personnalités de talent qui entretiennent nos arts exposent notre culture au monde. En tant qu`Azerbaïdjanais j`ai toujours été fier des réalisations de mon peuple où que je sois. Les réussites de notre peuple dans le domaine artistique et culturel sont une source de fierté pour tous les Azerbaïdjanais qui aiment leur Patrie et leur nation. J`en ai toujours été fier. 

Arif Melikov est une des figures les plus reconnues de la culture, de l`art et de la musique en Azerbaïdjan. Sa carrière de créateur s`est déroulée sous mes yeux. J`ai toujours apprécié les travaux d`Arif Melikov et j`ai toujours profondément ressenti combien il était attaché à son métier, combien il vivait avec ses créations et avait toujours enrichi son art et la musique d`Azerbaïdjan. Arif nous a comblés aujourd`hui encore, il nous a subjugués par son talent et par sa musique. Je te présente mes meilleurs voeux à l`occasion de cette soirée d`auteur. 

Ecrire une oeuvre musicale de haut niveau exige un grand talent. Arif Melikov a ce grand talent inné, il a la passion de sa vocation, la façon dont il s`abandonne à sa vocation, cette sorte de sacerdoce et son assiduité lui ont permis d`écrire de telles œuvres magistrales. Offrir au public de telles musiques, d`une composition complexe, est encore plus difficile que de les écrire. Aujourd`hui, j`ai vu des interprètes d`exception. Mme Feuvziye, qui est venue de loin à Bakou, Rasoul Abbasov, qui a interprété à la perfection les oeuvres d`Arif Melikov au violon, et enfin, l`interprétation de notre jeune compatriote azerbaïdjanais Araz Elses, ont été un grand événement pour moi. Bien sûr, je connais en personne la plupart de ces artistes et je connais leurs oeuvres. Mais c`est la première fois que je rencontre ces interprètes aujourd`hui. C`est pourquoi je leur présente mes meilleurs vœux, à eux et à tous ceux qui ont joué les musiques d`Arif Melikov au piano ou au violon. Merci. 

C`est un événement mémorable que cette soirée d`auteur coïncide avec le jour de la naissance de Gara Garayev, notre immortel compositeur, une fierté du peuple azerbaïdjanais. Il me semble que cela ne doive rien au hasard. J`honore et j`estime la musique de Gara Garayev. J`étais depuis mon enfance un ami de Gara Garayev. Nous étions des amis proches. Il est vrai que nos métiers étaient totalement différents, lui était compositeur, musicien, un maître des arts, et moi je me suis engagé dans la politique dès ma jeunesse. Cependant, j`ai toujours aimé l`art, j`ai toujours respecté les arts. Depuis ma jeunesse, j`ai été un admirateur du métier de Gara Garayev, j`ai toujours admiré son esprit et son intelligence.

Plus tard, quand je suis devenu un dirigeant de l`Azerbaïdjan, G. Garayev était devenu président de l`Union des compositeurs. J`ai été en contact étroit avec lui parce qu`il était un grand compositeur, un grand maître, j`ai toujours suivi ses créations. J`ai fait de mon mieux pour faire reconnaître son activité créatrice. Aujourd`hui nous célébrons aussi l`anniversaire de la naissance de Gara Garayev. Je me rappelle très bien du 60e jubilé de G. Garayev. Nous avions fêté ce jubilé ensemble, j`y ai participé avec joie. Aujourd`hui, je peux dire avec fierté qu`à cette époque-là, à la suite de ma proposition, la plus grande distinction de l`Union Soviétique «l`Etoile d`or» avait été remise à G. Garayev. Nous avions célébré le jubilé de Gara Garayev à Bakou. Ensuite, il avait été envisagé de célébrer son jubilé dans la salle d`honneur du Grand Conservatoire à Moscou. J`y suis allé spécialement. Malheureusement, la santé de G. Garayev ne lui pas permis de pouvoir participer à ce jubilé. Mais ma défunte épouse Zarifa et moi, avions participé à ce jubilé. L`épouse de Gara Garayev, Tatyana, et les membres de sa famille étaient là. A cette époque, les grands maîtres de la culture, de l`art de l`Union Soviétique, avaient participé aussi à cette cérémonie jubilaire. Tikhon Khrennikov, le président de l`Union des compositeurs de l`URSS, avait ouvert la cérémonie jubilaire. Le ministre de la Culture Pyotr Demitchev et les dirigeants de l`Etat étaient présents.

Malheureusement, nous avons perdu Gara Garayev, il nous a quittés. En tant qu`ami, en tant qu`admirateur de son art, mais aussi comme dirigeant de la République, j`ai porté son cercueil sur mes épaules. Je n`avais jamais prononcé d`oraison funèbre auparavant. Mais pendant les funérailles de Gara Garayev, auprès de sa tombe j`ai prononcé un discours. Je lui ai souhaité que Dieu ait son âme. 

J`ai toujours pris soin de cette famille. Quand je travaillais à Moscou, j`ai toujours gardé des contacts par téléphone avec Tatyana, son épouse. Mais, comme vous le savez, j`ai ensuite été « exilé », j`avais besoin de soins moi-même. Les contacts ont été interrompus.

Si je raconte tout cela, c`est qu`aujourd`hui est le jour anniversaire de la naissance de Gara Garayev. Quand je travaillais à Moscou, je l`avais répété au plus haut niveau et je tiens à rappeler que G. Garayev était l`un des compositeurs les plus éminents du monde moderne. A cette époque-là, nous considérions tout à l`échelle de l`Union Soviétique. Selon moi, à cette époque-là, après Dimitri Chostakovitch, il était le deuxième. Je le dis une fois de plus, il était pour nous une source de grande fierté.

La musique azerbaïdjanaise, notamment à travers ses compositeurs professionnels, est porteuse d`une longue et grande histoire. L`école fondée en Azerbaïdjan par Uzeyir Hadjibeyov a été une école grâce à laquelle notre peuple a offert au monde de nombreux musiciens, compositeurs, et artistes. Gara Garayev, Fikret Amirov, Niyazi Djövdat Hadjiyev, Afrasiyab Bedelbeyli, et un des héritiers de cette école féconde, notre célèbre artiste Arif Melikov. 

Bien sûr, chacun écrit sa musique, une musique qui lui est propre. La musique d`Arif est une musique professionnelle. Un classique de l`Azerbaïdjan, la musique que nos compositeurs ont écrite est la première musique classique professionnelle en Orient et, dans ce domaine, l`Azerbaïdjan a pris la première place. Les fondateurs de cette école ont été Ü. Hadjibeyov et Müslüm Magomayev.

A cette époque-là dans les années 20, 30 et 40, dans certains des pays orientaux de l`intérieur de l`Union Soviétique, c`était des représentants d`autres peuples qui écrivaient de grandes oeuvres musicales. Le grand compositeur Gliyer a écrit en Azerbaïdjan. Il a écrit un opéra sur la vie de l`Azerbaïdjan. Dans les pays de l`Asie centrale, Gliyer et d`autres ont écrit des musiques professionnelles pour ces peuples. Mais l`école de musique fondée au début de notre siècle en Azerbaïdjan par Üzeyir Hadjibeyov a formé de grands compositeurs, les suites de cette école sont toujours vivantes. La jeune génération apparaît, elle pousse. J`espère que nous assisterons à la floraison de grands compositeurs parmi eux. Arif Melikov prend une place particulière parmi eux.

Le ballet d`Arif Melikov intitulé « La légende d`amour » est joué sur la scène des opéras et des ballets partout dans le monde. De telles oeuvres jouées partout dans le monde sont rares. Arif vient de le rappeler. Il y eut un grand événement en 1986. A la fin de cet événement, à l`occasion de l`ouverture de la nouvelle saison du Théâtre Bolchoï, le ballet « La légende de l`amour » d`Arif a été mis en scène par Youri Grigorevitch. Les dirigeants de l`Union Soviétique étaient là. J`étais parmi eux. 

Un grand groupe de dirigeants de l`Union soviétique et moi, nous nous sommes assis dans nos loges du théâtre Bolchoï. Pouvez-vous vous figurez à quel point je me réjouissais qu`à Moscou, en Russie, sur la scène d`un aussi prestigieux théâtre que le Bolchoï, d`une histoire si riche, à l`occasion d`un tel événement, lors de l`ouverture de la nouvelle saison du Bolchoï, le ballet «La légende de l`amour» d`Arif avait été joué sur cette scène. Je jubilais, mon plaisir était immense et j`étais rempli de fierté. Nous étions assis côte à côte, les dirigeants se tournaient vers moi et me présentaient leurs félicitations. Et moi je partageais ma joie avec eux. A la fin du spectacle, Arif Melikov et Youri Grigorevitch ont été invités à monter sur la scène. Nous les avons applaudis et je leur ai présenté mes félicitations. Il y a beaucoup de souvenirs comme cela.

Arif a parlé de nos rencontres. J`ai toujours été très attentif envers les artistes et les musiciens. Je me rappelle bien, je les rencontrais de temps en temps et je sentais que les relations entre eux pouvaient être tendues et je m`efforçais de les aplanir. Quand je recevais l`un d`eux, je lui disais que telle personne était venue et qu`elle avait fait ton éloge. Quand j`en recevais une autre, je lui disais que telle ou telle personne était venue et qu`elle faisait ton éloge. Vous savez comme les gens talentueux sont toujours bizarres…

Ils ne sont pas ordinaires, s`ils étaient ordinaires, ils seraient peut-être moins talentueux. Chacun de ces gens de talent a un caractère unique. Les politiciens, un chef d`Etat comme moi doit savoir parler avec eux en tenant compte des caractéristiques de chacun. On doit essayer de parler à chacun en propre. On doit faire en sorte que les relations soient bonnes, affectives. Je m`y suis essayé. Nous nous sommes maintes fois réunis, nous nous asseyions ensembles et nous parlions.

En 1973, j`avais décidé de les inviter un dimanche à Zagullba, au bord de la mer dans le parc-jardin gouvernemental et d`être pendant une journée avec eux. Je les ai invités. Le défunt Gara Garayev, Fikret Emirov, Niyazi, Afrasiyyab Bedelbeyli, Djahanguir Djahanguirov, Soltan Hadjibeyov sont venus avec leurs épouses. Tofig Gouliyev, Arif Melikov étaient là aussi. Nous avons parlé toute la journée. T. Guliyev et Niyazi ont joué du piano. Nous avons beaucoup causé. Je crois que c`était une grande journée. Après cela, les relations se sont considérablement améliorées. De bonnes oeuvres ont vu le jour. Je peux vous dire que le ballet des « Mille et une nuit » de Fikret Emirov aura été sa meilleure oeuvre, ainsi que les oeuvres de Gara Garayev.

Nous nous sommes rencontrés avec Arif Melikov plus tard. Il y a 7-8 ans que j`ai appris qu`il était aussi artiste-peintre. Mais il ne m`a pas montré ses oeuvres. Récemment, alors que nous étions ensembles, il a dit qu`il m`offrirait de ses oeuvres. Je viens de les voir et je sais que son talent ne s`exerçait pas seulement dans le domaine musical, mais aussi dans celui de la peinture. Je te félicite, Arif.

Composer de la musique aujourd`hui, à un moment où la vie est si difficile, et composer des oeuvres symphoniques est un nouveau défi. Mais Arif y parvient. Comme il le dit lui-même, il dort peu et travaille beaucoup. C`est nécessaire pour notre peuple. Arif a récemment présenté une septième symphonie. Mon grand ami, Ihsan Doghramaci prend beaucoup de soin de la musique azerbaïdjanaise. Il a animé l`ouverture de la cérémonie, à Bilkend, lors de la première, par la septième symphonie d`Arif Melikov et il a bien fait. Je lui ai présenté mes meilleurs voeux. J`ai invité Ihsan Doghramaci en Azerbaïdjan en mars, nous le rencontrerons. Probablement, Arif Melikov présentera-t-il une de ses nouvelles compositions lors de cette rencontre.

Arif Melikov est un trésor de l`Azerbaïdjan. Je le dis sincèrement et avec sûreté. Nous devons le protéger, nous devons être plus attentifs envers lui. Il recèle beaucoup de richesses personnelles. Arif doit écrire désormais. Bien sûr, il vit avec cette certitude et cette intuition. Cette soirée d`auteur, bien sûr, l`inspirera et il écrira de nouvelles oeuvres.

Je présente mes félicitations à ses admirateurs qui se sont réunis dans ce salon ce soir à l`occasion de la célébration des créations d`Arif Melikov. Je vous salue tous, je vous souhaite à tous du bonheur. Arif, je te présente une fois de plus mes félicitations et je te souhaite un plein succès.