De l´entretien du Président de la République d´Azerbaïdjan Heydar Aliyev avec l´ambassadeur des USA Stanley Escudero - Le 9 octobre 1999

Heydar Aliyev: on m`a dit que vous voudriez me rencontrer aujourd`hui. Il est vrai qu`aujourd`hui j`ai beaucoup à faire. Et demain je partirai pour le Nakhitchevan. Mais chaque fois j`essaie de satisfaire votre demande.

Stanley Escudero: Monsieur le Président, c`est très aimable de votre part d`avoir trouver du temps dans votre agenda et de me recevoir à la fin de la semaine. Je sais que demain vous y irez pour participer aux festivités consacrées au 75ième anniversaire de la République autonome de Nakhitchevan. J`espère vous rejoindre mardi le 12.

Heydar Aliyev: Oui, je souhaite que vous y participerez.

Stanley Escudero: je ne manquerai jamais une telle occasion. Il y a quelques mois quand j`ai été au Nakhitchevan, j`ai pris alors la décision d`y revenir encore une fois.

Heydar Aliyev: Parfait. Je suis satisfait.

Stanley Escudero: Monsieur le Président, ce matin j`ai reçu par le télégraphe la lettre du vice-président Albert Gore. Cette lettre vous est adressée et il a demandé que dans la mesure du possible je vous transmette cette lettre au cours de la journée.

Il est notoire que le Président Clinton et le secrétaire d`Etat madame Albright et le vice président Albert Gore accordent une attention particulière aux relations stratégiques avec l`Azerbaïdjan et aux intérêts des Etats-Unis d`Amérique en Azerbaïdjan. Notre vice-président avait suivi avec un grand intérêt les négociations tenues entre vous et le Président de l`Arménie Robert Kotcharian ces derniers mois. Je dirais que ces négociations sont très courageuses et perspicaces.

Récemment le secrétaire d`Etat m-me Albright a informé le vice-président Albert Gore de la rencontre des ministres des affaires étrangères de deux pays à New York, c`est à dire elle l`avisa de la rencontre du ministre azerbaïdjanais des affaires étrangères Zoulfougarov avec le ministre arménien des affaires étrangères Oskanian. Cette rencontre a enthousiasmé le vice-président.

Ainsi le vice-président m`a demandé de remettre cette lettre en vos propres mains. Dans cette lettre est exprimé le respect profond du monsieur Albert Gore et du Président Clinton également. Dans cette lettre le vice-président exprime l`espoir que vous pourrez éliminer les obstacles majeurs par le biais des négociations au nom de l`avenir radieux de l`Azerbaïdjan dans une ambiance tranquille et paisible.

Nous comprenons que ces négociations se tiennent dans les conditions très difficiles. En même temps le vice-président ne perd pas d`espoir de vous voir éliminer ces difficultés, les surmonter en faisant preuve du courage.

On sait que les négociations actuelles, comme vous le croyez, vont apporter la paix, stabilité et tranquillité dans cette région. Dans sa lettre il exprime l`espoir que si vous à cette étape, c`est-à-dire à l`étape précédant le sommet de l`OSCE qui sera tenu en novembre à Istanbul, pourrez venir à un accord avec Kotcharian, alors lors du sommet d`Istanbul toute l`organisation de l`OSCE et le vice-président des Etats-Unis d`Amérique seront avec vous, travailleront ensemble avec vous et une décision concrète sera prise. A la fin de la lettre Monsieur Gore exprime la certitude que la fin heureuse des négociations contribuera au développement ultérieur de l`Azerbaïdjan. C`est-à-dire aidera au développement de la coopération en Azerbaïdjan, dans cette région et va élargir encore plus la coopération de l`Azerbaïdjan avec l`Alliance de l`Atlantique Nord.

Monsieur le Président, je vous ai transmis le fond de la lettre. Avec votre permission je vous remets la lettre. Nous ne sommes pas contre que cette lettre parait dans votre presse.

Heydar Aliyev: Cher Monsieur l`ambassadeur, je vous remercie. Tout d`abord pour cette lettre très importante qui m`a été adressée par le vice-président Albert Gore. Vous savez que tout au long de mon mandant présidentiel j`apprécie hautement les liens avec les Etats-Unis d`Amérique et je fais constamment des efforts pour développer ces liens.

Je suis très satisfait de ce que le gouvernement des Etats-Unis d`Amérique prend soin et accorde une attention permanente à l`Azerbaïdjan, L`Azerbaïdjan est connu comme un pays très important pour les Etats-Unis d`Amérique et le Président des Etats-Unis d`Amérique monsieur Bill Clinton, le vice-président monsieur Albert Gore, le secrétaire d`Etat madame Albright se sont exprimés plusieurs fois sur ce sujet.

Je suis très satisfait de ce qu`entre moi et monsieur Bill Clinton, monsieur Albert Gore et madame Albright se sont établies des relations amicales, chaleureuses. J`en ai confiance. Je suis satisfait de ce qu`ils ont une attitude attentionnée à mon égard. Et cela est d`une grande importance pour le développement des relations entre nos pays.

Je suis très content de ce que le vice-président Albert Gore dans cette lettre me soutient, on peut dire, dans la question du règlement pacifique du conflit arménien- azerbaïdjanais et m`inspire à mener des négociations encore plus courageuses.

Naturellement, mes rencontres avec le Président de l`Arménie Robert Kotcharian on peut dire n`ont jamais été aussi intenses que ces dernières négociations au cours de toute la période du conflit arménien-azerbaïdjanais jusqu`à ce jour. Il est vrai que la réaction dans notre pays n`est pas univoque. Mais je considère que la plupart de nos citoyens approuvent et soutiennent ma ligne, mes actes et placent leurs espérances dans mes initiatives, c`est-à-dire dans mes rencontres. Mais en même temps vous savez que notre opposition sans faire des propositions concrètes, rejette tout le travail que nous avons fait et se considère comme soit disant des combattants les plus courageux, les plus résolus dans la libération du Haut Karabakh. Mais cela est sans aucune importance pour moi. Puisque en tant que Président de l`Azerbaïdjan j`assume une grande responsabilité et je la conçois. Je conçois ma responsabilité non seulement vis-à-vis du jour actuel, mais de l`histoire future. Avec ces idées notamment je mène des négociations et j`annonce la nécessité d`accepter les compromis mutuels.

Mon but est d`aboutir à la paix dans le futur proche. Mon but est de libérer les terres azéries, occupées par les forces armées arméniennes. Mon but est de faire revenir nos citoyens devenus réfugiés sur leurs propres terres, vivant dans des conditions difficiles, dans leurs maisons, dans leurs lieux d`habitation. Bien sûr, mon but est d`établir une paix solide et durable entre l`Arménie et l`Azerbaïdjan dans le futur. Mon but est de servir la cause d`établissement de la paix, du calme au Caucase, en particulier au Caucase du Sud. C`est pourquoi je fais des démarches très résolues et je les ferai par la suite également. Puisque s`il n`y pas de démarches résolues, de politique d`actes réels, on aboutira à rien.

Je partage entièrement les idées du vice-président monsieur Albert Gore énoncées ici. Je considère que si une base puisse être établie pour la solution du problème entre le Président de l`Arménie Kotcharian et moi, alors dans le mois à venir à Istanbul nous pourrons contribuer beaucoup au sommet de l`OSCE. Je vais continuer à faire des efforts dans cette direction. Naturellement, cela dépend non seulement de moi mais du Président arménien également.

Le 11 je vais de nouveau rencontrer le Président Robert Kotcharian à la frontière arménienne -azerbaïdjanaise. La lettre du monsieur Albert Gore à mon attention à la veille de cette rencontre m`anime et m`enthousiasme encore plus.

Merci de transmettre ma reconnaissance à monsieur Albert Gore. A mon retour du Nakhitchevan je ne tarderai pas à répondre à sa lettre et à l`informer de nos négociations dans la mesure du possible. Je vous remercie.

Stanley Escudero: Monsieur le Président, je pense que vous ne serez pas surpris en entendant que mon gouvernement approuvera ce que vous avez dit. Il est clair que je suis entièrement d`accord avec tout ce que vous venez de dire. A mon retour à l`ambassade j`aviserai le vice-président de cette rencontre. Je suis absolument convaincu qu`il lira avec un grand intérêt ce que vous écrirez sur votre rencontre avec le Président Kotcharian.

Heydar Aliyev: Merci, et comme vous venez de dire je ne tarderai pas à présenter la lettre à la presse, pour que nos citoyens, notre opinion publique puissent prendre connaissance de cette lettre.

Traduit du journal "Bakinski rabotchi", le 12 octobre 1999