Extraits d`une conversation du Président de la République d`Azerbaïdjan, M. Heydar Aliev, avec nos compatriotes habitant en France – 3 mars 2001


Heydar Aliyev: Merci beaucoup. Vous êtes engagés dans une noble tâche. Il y a encore quelques années, je n`aurais pu prévoir quelque chose de semblable.

M. le Président, l`année dernière nous avons été les premiers à fonder en Europe une association des étudiants azerbaïdjanais. Cette même année, l`association a commencé à entrer en activités à Strasbourg. A Paris, nous venons d`ouvrir une filiale de l`association, cette année. Il y a un mois, nous avons instauré à Strasbourg «Les jours de la culture azerbaïdjanaise». Nous avons l`intention, à brève échéance, de publier en France un journal sur l`Azerbaïdjan. Dans le même mouvement, nous envisageons dans les deux mois à venir de créer un site sur internet. Ce sera le premier site en français sur l`Azerbaïdjan. 

Heydar Aliyev: Vous connaissez le français à la perfection ?

Eléonora Husseinova (Ambassadeur d`Azerbaïdjan en France): M. le Président, ils la connaissent à merveille.

M. le Président, nous prenons vos paroles en référence, celles que vous avez prononcées à l`époque de votre rencontre, le 2 février à Bakou, avec la jeunesse. C'est-à-dire que la jeunesse d`Azerbaïdjan est prête à agir et qu`elle agit en faisant son possible pour l`avenir de notre pays. Nous promettons d`exécuter avec honneur les tâches qui nous attendent et répondre aux espoirs qu`on a fondés sur elle. Elle ne perd pas de vue votre exemple.

Heydar Aliyev: Merci beaucoup. A la conférence de presse à Strasbourg, un jeune homme a posé une question en français. J`en ai parlé en Azerbaïdjan, à Bakou. Cela m`a procuré une grande joie qu`il ait posé une question aussi remarquable. Il a posé au Président de l`Arménie une question difficile, en français qui plus est. Cela me remplit de fierté. 

Monsieur le Président, nous représentons plusieurs disciplines universitaires. Les principales sont le Droit et les Relations Internationales. Et ainsi nous espérons pouvoir mettre à profit en Azerbaïdjan les connaissances que nous avons acquises en France. 

Heydar Aliyev: Formez-vous bien. Nous avons un grand besoin de la jeunesse, un grand besoin de jeunes cadres. Je le dis toujours, et je l`ai dit à ce Forum de la jeunesse, qu`à notre époque la jeunesse doit aller de l`avant. Car nous construisons un nouvel Etat, une nouvelle société, et nous fondons une nouvelle économie. Les gens qui, à l`heure actuelle, s`investissent dans leur travail, ont du mérite et bien évidemment aujourd`hui la route est à eux. Il nous faut songer à la relève des générations. Il est nécessaire que la jeunesse donne toute sa mesure et qu`elle occupe des place dignes en Azerbaïdjan et que, où qu`elle se trouve, elle représente bien l`Azerbaïdjan. Et pas seulement aux fins de travailler dans une ambassade.

Désormais nous sommes un Etat indépendant. Il nous faut envoyer dans différents pays de nombreuses délégations. A titre d`exemple, nous connaissons des difficultés quand il s`agit d`envoyer des membres d`une délégation qui ignorent les langues étrangères. Nous devons envoyer avec eux un traducteur. Cependant, la question ne porte pas seulement sur la maîtrise des langues. Par exemple, ici en France vous n`étudiez pas seulement la langue, vous étudiez la France, vous étudiez l`Europe, vous étudiez le système d`enseignement qui existe ici. De tout cela, nous avons besoin. Je m`en réjouis beaucoup. 

M. le Président, je suis étudiant en cinquième année du département politique et diplomatique de la faculté des Relations Internationales de l`Université de la Sorbonne. En tant qu`étudiant et comme citoyen de la République d`Azerbaïdjan je fais la promesse de faire dans l`avenir tout mon possible pour l`Azerbaïdjan dans le domaine de la diplomatie.

Heydar Aliyev: Formez-vous bien et dépêchez-vous d`achever votre formation. 

M. le Président, on enseigne la langue azerbaïdjanaise à l`Institut des Langues et Civilisations Orientales à Paris depuis deux ans. C`est moi qui l`enseigne. Ici on constate un grand intérêt tant pour la langue que pour notre culture. 

Eléonora Husseinova: M. le Président, nos jeunes gens qui habitent ici sont actifs, cultivés et en même temps patriotes. Le principal, c`est qu`ils soutiennent l`Azerbaïdjan. A chaque fois que je les rencontre, je ressens cela. 

M. le Président, notre distingué ambassadeur connait tout cela. Notre but principal consiste à réunir nos étudiants en France, ce que nous avons déjà partiellement réussi à faire. Nous sommes reconnaissants envers notre ambassadeur et nous lui avons dit que nous souhaitions que cette association soit placée sous le patronage direct du gouvernement azerbaïdjanais. Et d`un autre côté, nous désirons que le nombre d`étudiants en France s`accroisse. Puisque nous sommes ici des ambassadeurs de notre pays, des diplomates de deuxième rang, nous espérons et nous sommes confiants que l`Azerbaïdjan, M. le Président, vous en particulier, prêtiez attention à l`amélioration de la situation des étudiants, et à l`accroissement de leur nombre.

Heydar Aliyev: Magnifique, je m`en réjouis. 

M. le Président, en dépit du fait que nous nous trouvons loin de l`Azerbaïdjan, nous promettons que nous ferons tout pour notre pays. Et ceci nous le disons en présence d`une personnalité en qui la nation azerbaïdjanaise a placé une grande confiance.

Heydar Aliyev: J`en suis très heureux. Vous n`ignorez pas quel est le problème fondamental de notre nation. C`est le conflit arméno-azerbaïdjanais. Vous voyez, il ne s`est pas passé un mois que je reviens ici pour une série de négociations. Certainement, vous avez entendu qu`après la tenue ici de ces négociations nous avons examiné cette question au Milli Medjlis (le Parlement, ndt). Malheureusement, nombreux sont ceux qui, jusqu`à ce jour, n`ont pas pris conscience de la complexité et de la difficulté de la question, ils sombrent dans l`émotion et deviennent véhéments. 

Mais cette question est éminemment difficile et pénible. Dès lors qu`un pays a occupé 20% des terres d`un autre pays, il devient indispensable de le chasser de là soit par les armes – mais la guerre à cette heure n`est pas vraiment admissible – soit par la négociation. Bien entendu, parvenir à cela par les négociations est extrêmement ardu, combien de réunion de pourparlers n`avons-nous pas tenues. Et pas seulement ici, partout. En l`espace d`un mois, c`est la seconde fois que je viens ici. Toutes ces négociations sont faites pour que vous, notre jeunesse, vous puissiez vivre tranquillement à l`avenir, dans un Azerbaïdjan indépendant. 

M. le Président, pour confirmer vos dires, j`ajouterais qu`il m`a été très difficile de défendre mes travaux scientifiques, que je vous apporte aujourd`hui. Car il a été compliqué de démontrer aux professeurs français que l`Azerbaïdjan est dans son droit dans ce conflit. 

Malgré les difficultés, j`ai défendu mes travaux à un haut niveau et deux exemplaires de ma publication ont été transmis à la Bibliothèque Nationale de France. A l`heure actuelle, je suis inscrit en thèse dans le département des Sciences Politiques de l`Université de la Sorbonne. Je suis le premier azerbaïdjanais inscrit en doctorat. 

Heydar Aliyev: Je vous en remercie.

Vous savez, à notre encontre, à l`encontre de notre pays, de notre nation, on commet une injustice. Pourtant, malheureusement, dans la communauté internationale, dans de nombreux pays, parmi lesquels la France, ils ne savent pas ou ne veulent pas connaître cette injustice. Pourquoi ? Parce que les Arméniens disposent d`une large diaspora dans le monde. Ils savent diffuser une efficace propagande. L`Azerbaïdjan, déjà dans le passé, n`a pas pu avoir recours à de telles possibilités. C`est déjà bien que vous vous en occupiez à votre mesure. Il est indispensable que nous puissions démontrer qu`une injustice est faite à l`Azerbaïdjan et qu`une agression s`est déchaînée contre nous. Si nous ne le faisons pas savoir, nous ne pourrons pas résoudre la question. Et dans cette affaire, chacun doit joindre ses efforts.

M. le Président, nous sommes venus de Grenoble. Je suis moi-même en train de préparer une thèse dans le département de Sécurité Internationale et de Défense de l`Institut européen de Grenoble. Que Dieu fasse que soit rapidement disponible la première revue scientifique sur l`Azerbaïdjan. Nous avons été en pourparlers avec la direction de l`Institut à propos de cette revue et nous avons reçu leur agrément final. Cette revue sera publiée sous le titre de «l`Azerbaïdjan et la sécurité internationale». A cet égard nous lui apporterons notre aide en fonction de nos possibilités. Cette revue aura une édition française et anglaise. Elle constituera dans ce cas un appréciable soutien à la formation d`une opinion publique plus favorable à l`Azerbaïdjan. J`espère qu`elle verra le jour dans les prochaines semaines. 

Heydar Aliyev: C`est nécessaire, absolument indispensable.

M. le Président, en conclusion je voudrais dire que nous reviennent à la mémoire les paroles d`un ancien Président de la France, Charles de Gaulle, prononcés en octobre 1958 à Paris. Il disait que «la France est un grand pays, que le peuple français est un grand peuple et que la nation fera son possible pour que la France retrouve une position digne». Nous aussi, nous pensons que la jeunesse d`Azerbaïdjan et le peuple azerbaïdjanais peuvent dire que l`Azerbaïdjan est un grand pays, que le peuple d`Azerbaïdjan est un grand peuple et que dans l`avenir l`Azerbaïdjan prendra une position importante. Nous ferons pour cela tout notre possible.

Heydar Aliyev: Oui, je vous remercie, la jeunesse. 

M. le Président, nous vous souhaitons des succès dans toutes vos entreprises. 

Heydar Aliyev: Merci beaucoup.

Journal «Bakinski rabotchi», 8 mars 2001