Discours du Président de la République d’Azerbaïdjan, M. Heydar Aliyev, lors de la conférence internationale consacrée aux questions de législation sur les réfugiés, de droits de l’homme et des migrations - Bakou, le 14 novembre 1994


Chers participants,

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Je me félicite au plus haut point de la tenue d’une telle conférence. Je crois que les travaux et les discussions menées pendant ces trois jours sont d’une grande importance pour la République d’Azerbaïdjan. Je tiens à exprimer mes respects et mon estime aux participants et aux organisateurs de cette conférence.

Cette conférence est consacrée à des thèmes qui préoccupent fortement la communauté mondiale, la République d’Azerbaïdjan et notre peuple. La législation sur les réfugiés, les droits de l’homme et les migrations sont très sensibles. Ce sont des questions qui pèsent sur les processus politiques et sociaux dans le monde et qui sont particulièrement aiguës pour l’Azerbaïdjan. C’est pourquoi je tiens à exprimer ma gratitude à l’Organisation des Nations Unies, à son Haut Commissariat pour les réfugiés, à la représentation de l’ONU en Azerbaïdjan, à la représentation en Azerbaïdjan du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, ainsi qu’au Milli Médjlis, le Parlement de la République d’Azerbaïdjan, pour avoir rendu possible la tenue de cette conférence.

La question des réfugiés a été toujours un problème important dans l’histoire de l’humanité. Au milieu du XXème siècle, après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les organisations internationales se sont saisies de ces questions. L’Organisation des Nations Unies a adopté en 1961 une résolution spéciale sur les réfugiés et les décisions prises en 1967 pour déterminer leur statut sont une illustration parfaite de l’attention qui était portée à ces problèmes.

En plus de ces décisions onusiennes bien connues, de grands travaux ont été effectués dans divers pays, dans les régions ayant connu des afflux de réfugiés. Une longue expérience a été accumulée en cette matière. Désormais, le Haut Commissariat pour les réfugiés de l’ONU opère à haut niveau et s’attache à ces questions. Ce sont des processus et des événements très importants pour la communauté, pour les populations, et qui touchent à la protection des droits de l’Homme. Cette conférence est une partie intégrante de ces problématiques.

En tant que partie de la communauté mondiale, la nation azerbaïdjanaise et la République indépendante de l’Azerbaïdjan ont tenu en haute estime les travaux qui ont été accomplis depuis que le Haut Commissariat pour les réfugiés de l’ONU a été institué. Aujourd’hui, je réitère l’expression de notre considération à son égard. Je tiens à vous informer que nous espérons que l’ONU et son Haut Commissariat pour les réfugiés maintiendront encore leurs efforts. En effet, au cours ces dernières années, la question des réfugiés s’est aggravée dans le monde car le nombre des réfugiés s’est encore accru. Dans certaines régions du monde, le problème des réfugiés a conduit à des grandes douleurs, cette tragédie a frappé des peuples, des gens, des pays. C’est pourquoi il est devenu actuellement un des problèmes universels les plus importants.

La nation azerbaïdjanaise et la République d’Azerbaïdjan ont fait face au cours de ces dernières années à ces problèmes qui ont surgi dans sa vie et dans son histoire. Ces problèmes sont une des raisons essentielles des tensions qui sont apparues dans la vie actuelle de la République d’Azerbaïdjan. Notre attitude à cet égard sera cruciale. Nous avons donc un intérêt particulier dans ces questions et leur résolution cohérente est très déterminante pour le présent et l’avenir de notre République d’Azerbaïdjan.

Ainsi la tenue d’une telle conférence en Azerbaïdjan découle-t-elle d’une urgente nécessité pour nous, et elle démontre à quel niveau de sensibilité est parvenu le problème des réfugiés dans notre pays, au point que l’ONU et les autres organisations internationales se penchent sur la situation qui est la nôtre. Le fait que cette conférence se déroule dans notre pays est une illustration des soins et de l’attention de l’ONU et des autres organisations internationales envers notre pays, la République d’Azerbaïdjan. Je tiens à exprimer une fois de plus mon respect et ma reconnaissance pour cette attention. Je tiens aussi à exprimer ma conviction que cette conférence portera ses fruits, de sorte à résoudre ce problème dans la République d’Azerbaïdjan et, plus généralement, à faire sortir notre pays de cette situation très difficile.

Vous, les participants de cette conférence, vous avez examiné les aspects juridiques et humanitaires du problème du statut des réfugiés, ainsi que les principes de droit au niveau national et international. Pour autant que je sache, vous vous êtes concentrés sur les questions de l’assistance humanitaire aux réfugiés, vous avez débattu des droits de l’Homme dans un contexte d’afflux de réfugiés.

A ce que je vois, vous vous concentrez surtout sur les questions de l’aide humanitaire aux refugiés et vous avez discuté des problèmes des droits de l’Homme en rapport avec ceux des réfugiés. Tout cela est très important. Nous considérons cela comme un grand pas vers les travaux futurs, et nous savons qu’après ces échanges et ces analyses de nature scientifique, théoriques et pratiques, un grand changement s’opérera dans ce domaine. Car, à partir de l’exemple de l’Azerbaïdjan, l’Organisation des Nations Unies, le Haut Commissaire pour les réfugiés, les organismes de droit international, les organisations internationale tireront des enseignements et prendront de nouvelles décisions pertinentes. C’est très important. Mais, le plus important pour nous, ce seront les changements que nous attendons pour la solution des problèmes des réfugiés, nous attendons des résultats positifs au terme de cette conférence.

Au cours de ces dernières années, le nombre des réfugiés et des déplacés a augmenté du fait des conflits entre les Etats, ainsi que des conflits régionaux à caractère ethnique. Ces tragédies sont également la conséquence des actes d’un Etat contre un autre, en violation des droits de cette nation, en visant à s’emparer des terres d’autrui, en exerçant des actes de violence contre son peuple.

Le peuple azerbaïdjanais a connu toutes ces difficultés depuis qu’on l’a poussé dans le gouffre au cours de ces dernières années ; il comprend et ressent profondément  à quel point le problème des réfugiés est douloureux et grave pour chacun. Notre peuple n’ignore plus rien de l’état de réfugiés ou de déplacés, il ressent les tourments des autres réfugiés comme les siens propres. Dans toutes les parties du monde, les réfugiés et les déplacés ont une caractéristique qui leur est propre. Les raisons de l’exil collectif et le sort des réfugiés sont souvent différentes. Mais nous estimons que la situation des réfugiés et des déplacés en République d’Azerbaïdjan est une des plus dures, des plus graves et des plus difficiles. Les causes de l’afflux de réfugiés en Azerbaïdjan diffèrent de ceux d’autres régions. Le nombre des réfugiés et des déplacés a pesé très lourd sur les épaules de notre petit pays et du jeune Etat de la République d’Azerbaïdjan.

Vous, les participants de la conférence, vous avez débattu des problèmes des réfugiés et déplacés, des questions de droits de l’Homme, vous avez aussi discuté du statut de réfugié et de déplacé. Les réfugiés et les déplacés sont partout dans notre République, les droits de toutes ces personnes ont été violés et bafoués. Le droit, le statut, mettons ces notions de côté, nous considérons toutes ces personnes comme des réfugiés. Nous considérons que toutes les personnes qui vivent dans une condition de réfugiés doivent être traitées comme des réfugiés.

Les participants à la conférence et en particulier le Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations Unies, connaissent parfaitement les statistiques internationales. En analysant ces questions, en faisant des comparaisons, nous pouvons affirmer que pour un petit pays comme l’Azerbaïdjan, avoir un million de réfugiés sur 7 millions d’habitants est une situation terrible. Il se peut qu’aucune autre région du monde ne se trouve dans une situation semblable.

C’est une évidence que de rappeler que l’exode de ces réfugiés est la suite directe de la politique des nationalistes arméniens qui s’est vite transformée en opérations militaires afin de porter atteinte à l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et de la République d’Azerbaïdjan. Ces événements remontent à 1988. Tous les Azerbaïdjanais qui vivaient en Arménie ont été contraints d’abandonner leurs foyers à la suite de violence, de pressions menaçantes, de harcèlement, de sabotage et d’autres graves intimidations physiques.  Ils ont été forcés de quitter l’Arménie et de trouver refuge en Azerbaïdjan. Une partie des Turcs « akhiskas » ont été accueillis en Azerbaïdjan. Bien que l’Azerbaïdjan ait été dans une situation grave, qu’il ait déjà recueilli les réfugiés chassés de l’Arménie, il a aussi ouvert ses portes aux réfugiés « akhiskas » qui venaient de différentes régions de l’ex URSS. Plus tard, à la suite de la guerre déclenchée contre l’Azerbaïdjan, des milliers d’Azerbaïdjanais ont été expulsés de leurs foyers ancestraux sur le territoire même de l’Azerbaïdjan et sont devenus les déplacés internes.

A la suite de ce que je viens de mentionner, il y a désormais plus d’un million de réfugiés en Azerbaïdjan. C’est une tragédie pour toutes les familles de réfugiés. La tragédie pour toutes les personnes en situation de réfugié. C’est une tragédie pour le peuple azerbaïdjanais et la République azerbaïdjanaise. La communauté internationale et les organisations internationales doivent être plus attentives envers cette tragédie à laquelle l’Azerbaïdjan a fait face seul. Elles doivent l’aider. J’apprécie hautement les actions de l’ONU, l’engagement de son Haut Commissariat pour les réfugiés, et celles de toutes les organisations internationales qui ont été réalisées au cours ces dernières années par rapport aux réfugiés, conséquence de l’agression de l’Arménie contre l’Azerbaïdjan et de l’occupation de nos terres. Aujourd’hui, face aux participants de cette conférence et à la communauté internationale, je tiens à présenter, en mon nom propre, au nom du peuple azerbaïdjanais, au nom de la République d’Azerbaïdjan, mes remerciements et ma reconnaissance à ces institutions.

Mais je le fais également pour la vérité, pour que toutes les organisations internationales, toute la communauté internationale connaissent de près les vérités sur l’état des réfugiés en Azerbaïdjan. Je tiens à le souligner. Malheureusement, la situation dans laquelle se trouve l’Azerbaïdjan n’est pas connue à tous les échelons de la communauté internationale. C’est peut-être le point faible de nos actions en ce sens, ou peut- être les organisations internationales ne réalisent-elle pas précisément le drame de l’Azerbaïdjan, peut-être la communauté internationale ne connait-elle pas la situation des réfugiés en Azerbaïdjan, et globalement la situation de notre République face à des problèmes aussi cruels. Nous le constatons dans la presse et lors de rencontres dans divers pays, ou lors d’entretiens. Il n’y a pas assez d’attention portée au problème des réfugiés de notre République, on n’est pas assez attentif à notre sort.

Je pense que cette conférence, qui est la première conférence de cet ordre en Azerbaïdjan, avec une telle assemblée de compétences, en termes d’expertises et d’éventail d’expertises, doit être un tournant en ce qui concerne l’attitude envers l’Azerbaïdjan, et en termes de prise de conscience de la communauté internationale à propos de la situation objective de nos réfugiés. A cet égard, nous attendons beaucoup des travaux de cette conférence, des actions des participants  dans la foulée de cette conférence, nous fondons de nombreux espoirs en ce sens.

Je constate que la situation de l’Azerbaïdjan a été analysée en détails au cours de cette conférence. On a bien pris conscience de l’occupation de 20% des terres de l’Azerbaïdjan consécutive à l’agression de l’Arménie, de l’expulsion de la population de ces terres, des réfugiés et de leur très pénible situation. La destruction dans les territoires occupés, le pillage de nos provinces, vous en aviez déjà connaissance et j’espère que vous les avez probablement déjà analysés. Les traumatismes et les dégâts matériels, ainsi que les insultes à notre histoire, à notre passé, causés à la République d’Azerbaïdjan, vous sont connus, vous les participants de la conférence. Je ne vois donc pas de nécessité de revenir sur les faits et les chiffres.

Les deux cents mille Azerbaïdjanais expulsés en 1988 de la République d’Arménie, les plus de cinquante mille turcs « Akhiskas », les Azerbaïdjanais expulsés du territoire du Haut-Karabagh - leurs foyer ancestral-, et enfin les Azerbaïdjanais expulsés des sept régions adjacentes autour du Haut-Karabagh constituent une armée de réfugiés d’un million de personnes. Ces réfugiés vivent actuellement dans diverses régions de l’Azerbaïdjan dans une situation difficile, ils témoignent d’une part de la situation tragique de notre pays et, d’autre part, de la tolérance du peuple azerbaïdjanais, du tempérament volontaire et humain de ces populations réfugiées, qui souffrent au premier chef directement de cette tragédie. 

Il n’est pas difficile, de ce seul fait, de se figurer la situation difficile dans laquelle se trouve plongée la République d’Azerbaïdjan, son Etat, son gouvernement et son peuple, devant faire face à ce flot de réfugiés azerbaïdjanais et faire front dans un état de guerre, et ceci en pleine crise sociale et économique, ne disposant que de possibilités limitées pour reconstruire et développer son économie et qui est, de surcroît, contrainte ces derniers temps d’affronter une situation de blocus des chemin de fer.

Cependant, l’histoire a prouvé que le peuple azerbaïdjanais est tolérant et endurant, il a traversé des épreuves cruelles et a affirmé maintenant une de ses plus grandes réussites, le retour à la liberté nationale, le retour à son indépendance. Notre peuple va survivre aussi, ces difficultés seront surmontées.

Aujourd’hui, devant les participants à cette conférence, je veux marquer mon respect et mon estime à tous les réfugiés, à tous ceux qui vivent cette vie de précarité en République d’Azerbaïdjan, à tous ceux qui vivent dans ces conditions difficiles, qui connaissent l’angoisse, qui vivent sous des tentes, qui parfois ne sont même pas en mesure de se nourrir, à tous ceux qui restent fidèles à leur peuple, à notre République et aux terres de l’Azerbaïdjan. Au nom de tous les participants à cette conférence, je transmets mes salutations à tous les réfugiés qui vivent en Azerbaïdjan et je tiens à les assurer que l’Etat de la République d’Azerbaïdjan déploiera tous ses moyens afin d’améliorer leurs conditions de vie. Les jours noirs seront courts. Leur vie de réfugié trouvera bientôt son terme et ils rentreront dans leurs foyers, tous ces jours difficiles appartiendront au passé.

La République et l’Etat d’Azerbaïdjan ont accompagné ce plus d’un million de réfugiés dans toutes les difficultés. Bien sûr, c’est notre obligation, et celle de chaque citoyen azerbaïdjanais, et les organismes d’Etat de l’Azerbaïdjan doivent avant tout considérer que c’est une tâche sacrée et glorieuse que de prêter assistance aux réfugiés et de s’investir dans la résolution de leurs peines. J’estime que nous comprenons de plus en plus à quel point sont importants les attentions et les soins aux réfugiés, et la solution de leurs problèmes sera désormais notre principal objet d’attention.

Et surtout, je tiens à déclarer devant les participants à cette conférence, notamment devant les participants provenant des pays étrangers, que l’aide humanitaire visant à améliorer la vie des réfugiés, à leur créer des conditions minimales d’existence, que l’aide de certains Etats, de certaines organisations internationales sont d’une grande valeur pour nous. Nous l’apprécions fortement. Quand nous rencontrons les réfugiés, je peux vous dire qu’eux eux aussi apprécient hautement cette aide humanitaire et humaniste des pays étrangers et des organisations internationales. A cette fin, je tiens à témoigner mon respect et mon estime, ma gratitude et ma reconnaissance à tous les pays, aux chefs d’Etat de ces pays, aux organisations internationales, aux différents entreprises, en général, à toutes les organisations, groupements, personnalités, Etats, gouvernements, et nations, en mon nom et au nom des réfugiés, pour leur attention et soin envers nos compatriotes dans le malheur .

Je tiens aussi à ajouter que les matériels de cette conférence et les déclarations qu’elle adoptera seront une source d’informations pour la communauté internationale, les pays, les organisations internationales, sur la situation des réfugiés azerbaïdjanais. L’aide humanitaire aux réfugiés en République d’Azerbaïdjan connaîtra une nouvelle croissance. Les réfugiés vivent avec cet espoir. Je souhaite que ces espoirs ne soient pas vains, et que les réfugiés puissent recevoir une aide plus généreuse qu’aujourd’hui.

Je pense que la conférence a dévoilé la vérité sur les aides humanitaires qui ne sont pas suffisantes si l’on prend en compte le nombre des réfugiés dans notre République et leurs très pénibles conditions de vie. Je souhaite que tout cela soit pris en considération et je crois que cela sera considéré, et que le volume, la qualité des aides humanitaires aux réfugiés azerbaïdjanais seront désormais accrus. De plus, nous ne pensons pas que l’Azerbaïdjan sera toujours un pays des réfugiés. Je suis sûr que ce problème trouvera sa solution et au premier chef, que les terres azerbaïdjanaises occupées par les forces armées arméniennes seront libérées, que les réfugiés auront la possibilité de rentrer chez eux. Les réfugiés – expulsés de la République d’Arménie -, s’il y a une justice et si les organisations internationales ont la possibilité de rétablir la vérité, eux aussi bien sûr, ils rentreront à leurs foyers. Les turcs « Akhiska » ont été expulsés de leur foyer il y a cinquante ans. Malgré le temps qui a passé et malgré la succession de plusieurs générations, ils ont la volonté ardente de rentrer sur leurs terres. Nous sommes favorables à la réalisation de leurs vœux et nous sommes prêts à les abriter jusqu’à leur retour.

Il ne fait pas de doute que les futurs processus historiques préviendront les changements historiques, politiques et sociaux en cours dans le monde : la violation des frontières de certains pays au XX siècle, l’expulsion de populations par la force, la vie va tout mettre à sa place. Les Azerbaïdjanais seront réinstallés dans les territoires où ils ont vécu pendant des siècles, ils rentreront. Le peuple azerbaïdjanais vit et vivra avec de tels espoirs et si cela n’était pas destiné à notre génération, alors les générations futures seront en mesure de le faire.

Mais aujourd’hui le défi qui est devant nous est de libérer les territoires qui sont occupés par les forces armées arméniennes depuis 1988, d’assurer l’inviolabilité des frontières de la République d’Azerbaïdjan connues et adoptées sur la base des normes du droit international et de restaurer l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan. Le règlement de ces problèmes est une tâche primordiale pour nous, pour la République d’Azerbaïdjan. Nous nous occupons de la résolution de ce problème, et nous continuerons à nous en occuper résolument.

Vous savez qu’un cessez –le- feu a été instauré pour interrompre cette guerre qui s’éternise depuis six ans entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et vous savez que ce cessez-le-feu tient toujours. Nous avons lancé plusieurs initiatives, pris des mesures, mené des négociations afin de faire sortir notre République de cette situation de guerre, de mettre fin à cette guerre, pour résoudre pacifiquement ce conflit. Les négociations et un processus d’initiatives sont suivis, et nous nous en occupons et occuperons aujourd’hui, demain et dans l’avenir. Nous essayons de régler ce problème en assurant l’intégrité territoriale de notre République. Pour ce faire, les forces armées arméniennes doivent se retirer sans réserves des territoires occupés de l’Azerbaïdjan et les déplacés de ces territoires doivent rentrer dans leur foyer. Ces territoires sont les sept régions adjacentes au Haut-Karabagh, ainsi que les régions de Choucha et de Latchin. Bien sûr, la protection des droits des Arméniens vivant dans le Haut-Karabagh doit être garantie. Le statut du Haut-Karabagh doit être discuté. Mais tout cela doit être fait sous la condition que soient garanties l’intégrité territoriale de la République d’Azerbaïdjan et l’inviolabilité de ses frontières, ainsi que le retour de tous les réfugiés et déplacés. Nous essayons de résoudre ce problème de telle manière que soient apaisées la vie, le destin, le présent et l’avenir d’un million de personnes réfugiées et déplacées.

Le thème central de la conférence est celui des droits de l’Homme. Les droits de l’Homme sont aujourd’hui un des principes essentiels dans l’établissement de processus démocratiques partout dans le monde. La République d’Azerbaïdjan, en fondant sa vie publique sur la base des principes démocratique, s’efforcera toujours de faire prévaloir les droits de l’Homme. Il serait possible lors de cette conférence de comparer la situation d’une personne privée de parole ou subissant certaines restrictions, dont les droits sont violés, avec celle d’un million d’Azerbaïdjanais qui ont été expulsés de leur foyer, qui ont perdu leur maison, leurs biens, qui ont perdu les tombes de leurs ancêtres, qui ont été empêchés de vivre là où ils avaient vécu pendant des siècles. N’est-ce pas là une violation massive et terrible des droits de l’Homme ?

Nous avons condamné la violation des droits de différentes personnes, des individus par les hommes politiques, dans les parlements des différentes nations ou dans les organisations internationales et nous avons  évoqué les mesures prises pour la protection de ces droits. C’est la protection accordée par l’Acte d’Helsinki sur les droits de l’Homme et la démocratie. Dans un tel cas, pourquoi ne tire-t-on aucun signal d’alarme lors de la violation massive des droits d’un million de personnes, pourquoi cela ne fait-il aucun bruit, pourquoi cela n’est-il pas discuté dans les Parlements ? Pourquoi les organisations internationales n’expriment-elles pas franchement leur opinion à ce propos ? Il est impossible de le comprendre.

Je saisis cette occasion pour m’adresser à la communauté internationale, à toutes les organisations internationales, aux Parlements des pays développés, aux chefs d’Etats, aux hommes politiques qui se sont sacrifiés pour la démocratie, et plus généralement au monde et à l’humanité en leur déclarant que les droits d’un million de personnes ont été violés, je les invite à aider à rétablir leurs droits. Le Haut Commissariat pour les réfugiés de l’ONU, qui a organisé cette conférence, l’ONU, les représentants des organisations internationales vont faire écho de ma demande au monde entier. Pour moi, l’un des principaux résultats de cette conférence sera de révéler au monde la violation des droits de plus d’un million d’Azerbaïdjanais et je les invite tous à œuvrer pour rétablir leurs droits. J’espère que cette conférence sera le point de départ de cette noble tâche.

La conférence touche à sa fin. Comme la conférence s’est déroulée avec succès, nourrissant beaucoup d’espoirs quant à ses suites, je vous présente  à tous mes félicitations et je remercie les organisations internationales, l’Organisation des Nations Unies et tous ceux qui ont rendu possible cette conférence.

Je tiens à réitérer les marques de mon respect et de mon estime au million de réfugiés vivant sur le territoire de la République d’Azerbaïdjan, je les embrasse, je les remercie pour leur tolérance, pour leur patriotisme, leur fidélité envers leur terre et leur Etat. Je leur garantis qu’ils sortiront de cette situation difficile. A tous les citoyens de la République d’Azerbaïdjan indépendant sera rendue la maîtrise de leurs droits. Merci

" Heydar Aliyev : Notre indépendance est éternelle " (discours, déclarations, allocutions, interviews, lettres, appels, décrets) –Azernasr, Bakou -1982, volume II, page 502-510