Entretien de Heydar Aliyev, Président de la République d`Azerbaidjan lors de l`ouverture de l`exposition de peinture - Musée national d`Art de l`Azerbaidjan Rustam Moustafayev, le 18 janvier 1995


Mesdames et Messieurs, frères et soeurs, chers compatriotes! Le 20 janvier 1990 est une page noire et tragique de l`histoire du peuple azerbaidjanais, mais aussi une page d`héroisme et de bravoure. Des commémorations à ce propos se préparent dans notre république, on va se souvenir de ces jours-là, on va analyser à nouveau ces événements et passer en revue encore une fois le contenu de ces journées, de cette époque. Plus nous nous en éloignons, plus nous comprendrons quelle place importante ces jours tragiques ont pris dans l`histoire du peuple azerbaidjanais et peut-être les générations futures l`évalueront plus correctement, encore plus précisement.

Mais une chose est vraie, c`est que le 20 janvier 1990 a été le point-clé, un tournant dans la vie du peuple azerbaidjanais. Jusqu`à aujourd`hui, nous jugeons les événements du 20 janvier comme une tragédie. Ce jour est entré dans notre histoire comme un jour noir. Il est certain qu`il y a une verité. Mais la tragédie a une cause, elle n`arrive pas comme ça d`un coup. Il existe des fléaux naturels. Mais une tragédie qui se passe dans une communauté humaine doit avoir une cause. C`est pourquoi il faut considérer ces événements à grand échelle. Peu à peu nous comprenons le sens large de ces événements. Nous comprenons de plus en plus le sens plus large de cet événement.

Comme vous le savez, après le 20 janvier 1990 les processus politiques dans notre république n`ont pas suivi la direction de la défense complète de notre peuple, de notre pays. C`est pourquoi les années suivant l`événement du 20 janvier n`ont pas été évaluées correctement. C`est vrai, la nuit du 19 au 20 janvier a provoqué un trouble, une agitation, une perturbation, d`une manière telle qu`on a eu l`impression d`une éruption volcanique. Un grand sentiment s`est éveillé dans l`âme des gens. C`est pourquoi contrairement à de la volonté des responsable de la République d`Azerbaidjan à cet époque-là, des gens zélés - des intellectuels, des députés de notre pays- ont convoqué la session extraordinaire du Soviet Suprême de l`Azerbaïdjan. Cette question a été discutée dans une situation difficile, sous de grandes pressions, dans la crainte et devant un grand danger. Je crois que dans cette nuit-là, dans une telle situation, une décision méritoire a été prise. Aujourd`hui, il faut souligner que la force principale de cette session se trouvait dans nos intellectuels, parmi les nôtres attachés à la Patrie, à la terre. Ce n`est pas par un effet du hasard que Bakhtiyar Vahabzade, le poète populaire de l`Azerbaidjan, menait la session du Soviet Suprême. La direction du Soviet Suprême était en dehors, certains parmi eux étaient dans la salle de la session, mais c`était Bakhtiyar Vahabzade et si je ne me trompe pas, Ismayil Chikhli qui menaient la session. Tous les deux dirigaient ce travail. Dans une situation difficile et très hostile-dans des circonstances où l`armée soviétique régnait en Azerbaidjan, où le Parti Communiste de l`Union Soviétique exerçait une forte pression sur l`Azerbaidjan, la nuit, une telle décision a été prise. Vraiement, cela mérite un grand éloge.

 Mais, qu`est-il arrivé après cela? Je regrette que ces gens qui dirigeaient l`Azerbaidjan à cette époque-là, à qui le peuple avait fait confiance et qui devaient servir le peuple -si le peuple ne leur avait pas fait confiance, ils n`auraient pas pu accéder à ces postes élevés- aient commencé à dissimuler au fur et à mesures ces événements. C`est pourquoi cette question n`a pas été discutée au niveau auquel elle aurait mérité de l`être, n`a pas été évaluée correctement, non plus du point de vue politico-juridique. Les coupables sont restés en dehors, ils ont essayé de dissimuler l`ampleur de cette tragédie historique du peuple pour leurs buts et leurs intérêts personnels.

En entrant dans ce salon j`ai vu tout d`abord ce tableau, il doit être l`oeuvre de Kamil Nadjafzade. Selon moi, c`est un tableau de valeur. Sur ce tableau il y a le visage du Cheykh ul-islam. Ce n`était pas par hasard que j`ai demandé pourquoi Cheykh ul-islam n`est pas là. On a dit qu`il est malade, c`est pourquoi il n`avait pas pu venir.

...A cette époque-là, j`étais à Moscou, vous le savez. J`avais pu regarder seulement quelques extraits à la télévision. Je vivais dans une situation très dure et j`étais ému. Dans notre parc Daghustu, à Tchemberrekend, on enterrait nos martyrs. Je crois que dans l`histoire de la République d`Azerbaidjan il n`y a pas eu de cérémonie d`enterrement où les défunts étaient si nombreux. A cette époque-là, vous y étiez, il est bien probable que vous y aviez participé, vous le savez mieux que moi.

Je vous raconte mes impressions à la vue des extraits présentés à la télévision - il n`y avait jamais eu une telle foule à un enterrement. Tout le peuple était en deuil, il enterrait les martyrs, il était impossible d`y aller, de s`en approcher.

Le 21 janvier, j`ai participé à la réunion publique des Azerbaidjanais à Moscou, ensuite j`ai participé à une très grande conférence de presse. Lors des tribunes organisées à Moscou, j`ai exprimé mon opinion à propos de ces événements, ma colère et je l`ai exprimé en mon nom, j`ai révélé ouvertement mes sentiments sur cette agression contre le peuple azerbaidjanais, je l`ai dit sans hésitation et j`ai envoyé immédiatement un télégramme de condoléances en Azerbaidjan. On a transmis son contenu par téléphone à ma présence. Bien sûr, à ce moment-là la direction n`y était pas encore connu, mais il y avait certaines personnes et en envoyant le télégramme à leur adresse je leur ai demandé de lire mon condoléance lors de la cérémonie de deuil. Plus tard je me suis intéressé et j`ai appris qu`on n`avait même pas voulu voir ce télégramme. Cela n`a aucune importance. Mais je poursuivais, j`ai vu que le peuple, et pas seulement la population de la ville de Bakou mais aussi des gens qui étaient venus de différentes villes, régions et des différents coins de l`Azerbaidjan, enterraient avec un immense respect, et en s`inclinant devant les âmes des victimes de la tragédie, de l`agression de 20 janvier commis contre notre peuple. Les dirigeants de l`Azerbaidjan auraient dû prendre part à cette cérémonie de funérailles. Je m`y suis intéressé beaucoup et j`ai appris qu`ils n`y avaient pas participé. Parmi les participants il y avaient le Cheykh ul-islam, nos autres religieux, la plupart de nos intellectuels, des gens ordinaires. Mais cette agresion était commise contre le peuple azerbaidjanais. Les morts s`étaient sacrifiés pour la liberté nationale de l`Azerbaidjan. Or les dirigeants de la République n`ont pas participé à cette cérémonie d`enterrement. Certains prétendent qu`ils sont venus ou sont passés, mais ils devaient être à la tête de cette cérémonie de deuil, ils devaient y être dès le début jusqu`à la fin. S`ils étaient les dirigeants du peuple, s`ils dirigeaient le peuple, ils devraient y venir et y rester. Ce n`est pas un effet du hasard, parce qu`ils n`avaient pas le droit moral, il y avait un grand précipice entre eux et le peuple. Je crois que c`est pour cette raison que quatre ans après cet événement ils ont essayé de dissimuler cet événement. Ils l`ont fait dans un but personnel.

Comme vous le savez, j`ai signé un décret à propos de cet événement le 5 janvier 1994, j`ai exprimé mon opinion, il s`est écoulé quatre ans, mais ces questions doivent être discutées. J`ai proposé que le Parlement azerbaidjanais - le Milli Medjlis- discute cette question. Cette question a été discuté pendant deux ou trois mois. Ces discussions ont été diffusées à la télévision, vous vous en souvenez. J`ai regretté qu`une partie des gens qui étaient au pouvoir à cette époque-là, et même ceux qui étaient dans l`opposition, ceux qui participaient au mouvement de la liberté nationale, aussi bien ceux qui le dirigeaient, n`ont pas souhaité de discussion sur ces questions.

Rappelez-vous, certains ont dit qu`il faudra évaluer ces événement dans trente ans. Un autre dit qu`on doit l`évaluer dans cinquante ans. Un troisième a dit que nous ne pouvons pas l`évaluer. Comment est-ce possible? Les témoins vivants de ces événements, qui sont encore présents parmi nous, devrons-nous attendre qu`ils quittent ce monde, et qu`ensuite quelqu`un vienne et que cette personne prenne les matériaux d`archive et qu`ensuite on en prenne la mesure?

Il est évident que tout cela était un prétexte. Parce que chacun avait peur. Ceux qui étaient au pouvoir avaient peur qu`on puisse dévoiler leurs fautes. Ceux qui menaient la lutte pour la liberté nationale avaient peur qu`on les condamne d`avoir soulevé le peuple et de l`avoir mené à un massacre pareil. Vous savez combien cela a été horrible. Mais malgré tout , comme vous le savez, le débat a eu lieu. C`est vrai, il y a eu beaucoup de difficultés, et moi personnellement, je suis allé aux sessions du parlement, j`ai exprimé mes opinions. Enfin, je trouve qu`une décision détaillée et approfondie a été prise concernant les événements du 20 janvier.

 

Mais cette affaire ne finit pas avec cela. Maintenant nous commémorons le cinquième anniversaire de ces événements. Dans l`histoire du peuple azerbaidjanais il y a eu beaucoup d`exemples d`héroisme, notre peuple a survécu à de nombreuses tragédies. Au cours des siècles, notre peuple en traversant des épreuves pareils est parvenu à l`époque actuelle. Si nous jetons un coup d`oeil sur le XXe siècle - 1918, 1920 - les tragédies, les fléaux que le peuple azerbaidjanais a subi sont connues. Les tragédies des années de 1937-1938 sont aussi connues. Mais les événements commis vers la fin de notre siècle-au mois de janvier 1990 ne sont pas comparables avec aucun de ceux qui précèdent. Parce que c`était une étape de l`éveil national, le moment d`affirmer son appartenance, de dévoiler son attachement à la liberté nationale, de la réclamer.

Pour nous les événements du 20 Janvier sont comme une tragédie. C`est vrai, c`est une tragédie. Mais quelle est la raison de cette tragédie? D`un côté, la raison en est que le peuple azerbaidjanais s`est soulevé pour lutter pour sa liberté nationale. Ceci est un très grand événement historique. L`esprit national s`est insurgé, l`éveil national, le regain ont levé dans le peuple azerbaidjanais. Ces sentiments qui ont vécu pendant longtemps dans l`âme de nos grands penseurs ont émergé, ont surgi, se sont dévoilés, sont devenus la volonté non pas celle de différents groupe, mais de celle du peuple. Avec la volonté du peuple ce réveil a surgi en 1988, 1989, 1990. L`agression de l`Arménie contre l`intégrité territoriale de l`Azerbaidjan, contre notre peuple, contre notre Etat et contre cette agression d`une république à l`intérieur d`un Etat, d`un peuple à un autre peuple, et la non protection par cet Etat des droits du peuple azerbaidjanais a donné une impulsion à ce mouvement.

 

Ces sentiments se sont développés rapidement chez les gens. Le désir, le voeu de la liberté nationale, ces désirs qui ont vécu longtemps dans les âmes se sont allumés et redressés à la suite de ces processus, ils sont devenus la volonté du peuple. C`est pourquoi il faut que personne n`ait peur.

Des gens sont morts lors de la tragédie du 20 Janvier. Il est évident que c`était l`agression militaire et politique de l`armée soviétique, des dirigeants du Parti Communiste contre le peuple azerbaidjanais. A la suite de cette agression notre peuple a donné des victimes. Mais le peuple doit toujours donner des victimes dans la lutte pour la liberté. Cela a été comme ça auparavant, aujourd`hui c`est encore comme ça et il en sera ainsi dans le futur. Chaque martyr est une grande perte pour nous. Leur mémoire est très chère pour nous, elle vivra toujours dans notre coeur.

Nos martyrs sont partis vers l`éternité. Parce qu`ils sont devenus martyrs pour la liberté nationale du peuple azerbaidjanais. Ils sont devenus des victimes, des martyrs à la suite de l`agression du régime communiste, des dirigeants soviétiques, de l`armée soviétique, engagés contre notre peuple. . Si nous le disons selon notre coutume ces maryrs se trouvent dans un paradis éternel.

 

C`est pourquoi essayer de voiler ces événements, et d`un côté ou de l`autre, est une trahison pour le peuple. Dieu merci que tout a été révélé. L`histoire met tout à sa place. Un an avant on a réévalué ces événements. Maintenant ce ne sont pas seulement différents groupes qui commémorent la mémoire des martyrs, mais aussi des intellectuels y vont pour commémorer leur mémoire, l`Etat à la tête de tout notre peuple commémore cet événement dont je peux dire qu`il est un événement les plus importants de notre histoire. Nous le célébrons comme un événement héroique, qui a sa place dans les annales de l`héroisme, et également comme une tragédie vécue par notre peuple.

Lors des événements du 20 janvier il y a eu environ de 130 à 140 morts, et 600-700 blessés. Cela pourrait être plus ou être moins, je le répète encore une fois, chaque défunt est aussi cher pour sa famille, pour notre nation et pour notre peuple. Mais la place de cet événement dans notre histoire ne peut pas être réduite au destin de quelques personnes. Ce n`est pas le destin de différentes vies individuelles, c`est le destin de tout un peuple.

C`est nourri de ces sentiments que nous commémorons le cinquième anniversaire des événements de janvier. C`est pourquoi différents manifestations ont été organisées. J`apprécie hautement l`exposition d`aujourd`hui de ce point de vue. J`espère que désormais, nos intellectuels créatifs ne vont pas épargner leurs effors pour bien évoquer ces événements.

Je veux vous faire part de mes impressions sur cette exposition. Toutes ces oeuvres sont des oeuvres qui manifestent la haute créativité des peintres, des architectes, des sculpteurs azerbaidjanais. J`avais exprimé à maintes reprises mes opinions, comme la dernière fois à la célébration du jubilé de Sattar Bahlulzade. L`école de peinture en Azerbaidjan est d`un très haut niveau.

Un des aspects des progrès de notre culture au XXe siècle est la formation de l`école de peinture , la formation de nos peintres, de nos sculpteurs, de nos architectes connus et leur oeuvres. Il est possible qu`ils n`aient pas été appréciés à l`époque où nous vivons. Mais plus nous vivons et plus nous voyons les autres pays du monde, plus nous connaissons les oeuvres de leurs hommes de culture, nous parvenons à bien apprécier les oeuvres que notre peuple et nos peintres ont créées. Toutes ces oeuvres nous sont chères. Je félicite à cette occasion nos peintres, nos architectes, nos sculpteurs. Merci beaucoup. J`espère que vous allez poursuivre vos travaux dans cette voie.

Mais je voudrais exprimer quelques opinions. Je viens de le souligner, mais je voudrais me répéter sur la peinture, en général, sur les Beaux Arts, sur la création. Il n`est pas assez de décrire les événements du 20 janvier comme une tragédie. Le 20 janvier est un exemple de l`héroisme du peuple azerbaidjanais pour sa liberté nationale, pour protéger son identité. C`est pourquoi il ne faut pas se contenter, en exposant simplement les faits, que les Azerbaidjanais et leurs enfants ont été écrasés par les chars, il faut décrire leur héroisme, leur bravoure, en regardant directement la mort dans les yeux ils se sont sortis devant des agresseurs. Cela est plus nécessaire. Dommage, je n`ai pas vu de telles oeuvres parmis celles qui sont ici. Peut-être c`est parce que nous ne faisons que pleurer depuis les événements du 20 janvier. Bien sûr, notre tristesse, notre chagrin est grand. Mais devant nos yeux embués de larmes, notre peuple a montré que les fils-héros de l`Azerbaidjan sont capables de sortir devant l`armée de l`Union Soviétique qui est si grande.

Prenez les processus de cette époque-là. Tant de gens patriotes, et avec l`esprit national de l`Azerbaidjan -ses intellectuels, ses ouvriers, ses gens ordinaires ont quitté le Parti communiste, ont exprimé leur haine et leur protestation contre la direction communiste, ces meetings, cette potence symbolique devant le palais présidentiel. Est-ce que ce n`était pas de la protestation, pas seulement de la protestation mais la révolte du peuple azerbaidjanais contre l`injusticequ`il subissait? S`il n`y avait pas eu une telle révolte cette grande armée serait-elle venue en Azerbaidjan? Figurez-vous, le Ministre de la défense de l`Union soviétique, son ministre des Affaires Intérieures, un grand Général du ministère de la Sécurité Nationale, tant de généraux sont venus et se sont assis ici. Pourquoi sont-ils venus s`il n`y avait pas un grand danger ici?

De quoi ce danger était-il fait? Le danger était la révolte du peuple, la volonté du peuple. C`était l`éveil national. Ils voulaient l`étouffer. Ils sont arrivés à l`étouffer dans une certaine mesure. Mais ils n`ont pas pu l`étouffer totalement. Mais où est ce peuple, ce peuple héroique, ce peuple insurgé, où sont ceux qui travaillaient pour la lutte de la liberté nationale? Pourquoi ne sont-ils pas présents dans ces oeuvres. Il y a ceux qui sont écrasés, morts sous les chars, mais où sont les azerbaidjanais qui étaient audacieusement devant le chars? Pourquoi ne les voit-on pas ?

Vous savez, ce n`est pas votre faute. Je ne ferai de reproches à personne. En général, après les événements de janvier, il faut refléter les égards relatif à ces événements. Si j`y voyais par exemple que nos chers intellectuels prononcent des discours, jetent leur carte du Parti en signe de protestation, d`engagement contre ces événements -ceci pourrait être une très belle oeuvre.

Par exemple, s`ils vous décrivaient ces meetings, ceux-ci aussi pourraient être le cadre de très belles oeuvres. Alors il pourrait être clair de quoi sont faits les fils qui relient ces événements. Sinon, il n`est pas clair pourquoi ce char est venu ou pourquoi telle personne a fini sous un char. Je donne mon opinion. Il est possible qu`on soit d`accord ou qu`on ne soit pas d`accord. Ce n`est pas un ordre. Je suis aussi un citoyen, et une personne qui connait à un certain niveau ces questions et bien sûr, je suis un homme politique. J`exprime mon opinion du point de vue politique et j`estime qu`il y a un fossé. En général, partout il existe ce fossé. Dans les oeuvres de nos écrivains, et ainsi de nos peintres ce fossé existe. Je souhaiterais que vous accordiez une attention à ce domaine oublié.

Bien sûr, je ne suis pas informé de toutes les oeuvres de nos écrivains, de nos poètes et je ne veux pas les analyser, mais il est clair que Bakhtiyar Vahabzade a exprimé sa réaction face à ces événements, et il a fait un très beau poème: "Les martyrs". On l`a lu à maintes reprises à la télévision, je me rappelle. Il fallait que les autres aussi écrivent. Il est évident qu`il faut y penser.

D`une manière générale, ce sujet n`a pas encore été assez commenté. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être sont-ils hésitants en considérant la position des dirigeants d`Etat, ce qui expliquerait pourquoi nos artistes ne se sont pas attaqué à ce sujet, ou ont été indifférents. En appréciant hautement les oeuvres qui sont ici, je pense que nos peintres - et nous avons beaucoup de peintres - peuvent faire de belles oeuvres sur ce thème.

En 1990, quelques mois après de ces événements, je suis venu à Bakou. Je n`ai pas eu la possibilité d`y vivre, je suis allé à Nakhitchevan. On m`y a invité à une exposition. J`ai vu les oeuvres impressionnantes de peintres locaux consacrés à ces événement du 20 Janvier. Bien que ces événements aient eu lieu à Bakou. J`ai été ravi.

Il est possible que les peintres y ont été libres. Mais j`estimé y avoir vu plus d`oeuvres. Nous tous, tout le peuple doit le voir. Il faut décrire ces événements. C`est pourquoi je souhaiterais que vous travailliez dans ce domaine. Je sais, maintenant, il est difficile de vivre pour les peintres. Leur situation financière est très dure. En général, le temps est difficile pour nos intellectuels créatifs. Il n`y a plus les commandes d`Etat comme autrefois. Mais, rassurez-vous, si de belles oeuvres sont faites à propos de notre guerre pour la patrie, c`est à dire pour la protection de nos terres, l`Etat peut les aider à un certain niveau, peut prévoir des moyens et nous pouvons apprécier selon leur mérite ces oeuvres de valeur, nous pouvons les acheter pour l`Etat.

Il est vrai notre vie est très difficile actuellement. Vous savez que l`économie est dans une situation très précaire. Mais malgré cela; nous pouvons trouver des moyens pour ces oeuvres. Mais il faut que nos créateurs travaillent. Parce que nos écrivains, nos peintres, nos sculpteurs modernes sont les témoins vivants de ces événements. S`ils ne créent pas ces oeuvres maintenant, les générations futures les apprendront de différents livres, par des souvenirs. Tandis que nous tous, nous sommes les témoins vivants de ces événements. C`est pourquoi il faut dès aujourd`hui créer ces oeuvres.

Je le dis encore une fois. Les orientations principales de cette création doivent être l`héroisme du peuple azerbaidjanais, sa lutte pour la liberté nationale, l`agression millitaire contre l`Azerbaidjan et les événements tragiques qi sont les suite de cette agression. C`est à dire nous ne demandons pas quelque chose de nouveau - cela a été comme ça et il faut le décrire. J`avais dis et aujourd`hui je le dis encore une fois: le mouvement de la liberté nationale déclenché en 1989 a une place éminente dans l`histoire de l`Azerbaidjan. Personne ne pourra jamais discréditer ce mouvement et ce mouvement doit trouver son reflet dans toutes nos oeuvres.

Evidemment qu`il y a des éléments négatifs dans un tel processus, et qu`il y a des gens qui veulent en profiter pour leur intérêt personnel. Il y en a eu. Par exemple, Rahim Qaziyev qui est l"ennemi de notre Etat, de notre peuple, soit disant il aurait aussi participé à ce mouvement. Mais dans quel but les gens y ont participé, l`histoire l`a révélé plus tard. Les trahisons, les traîtrises contre le peuple ont démontré que certains personne ne sont entrées dans ce mouvement que pour leur but personnel, ils étaient déguisés, ils voulaient atteindre leurs buts personnels et sales en suivant la vague de ce mouvement. Il y a de telles personnes, le peuple lui-même dévoile de pareils gens et va en dévoiler encore. Mais, en général, cela n`est pas une caractéristique de notre peuple dans ce grand mouvement populaire. Des centaines de milliers de gens -les ouvriers, les gens simples, les paysans, les intellectuels, nos savants, nos écrivains, nos peintres, nos gens éminents- qui se réunissaient sur cette place s`y réunissaient sincérement, avec de belles intentions, vraiment empreints d`esprit national, ils venaient pour sauver le peuple azerbaidjanais de ce fléau, de l`agression arménienne, pour montrer leur protestation contre cette injustice faite à notre peuple et celles-ci sont des pages brillantes de l`histoire de notre peuple et nous devons les apprécier à ce titre.

Vous savez que je l`avais déjà dit, mais aujourd`hui je veux le rappeler encore une fois, que moi qui ai été pendant de longues années au Parti Communiste et qui ai dirigé pendant de longues années le Parti Communiste de l`Azerbaidjan, à l`été de 1991, en déclarant à Moscou que je quitte le Parti Communiste (il y a quatre points. Ma déclaration a été publiée) j`ai indiqué la première raison: l`agression faite contre le peuple azerbaidjanais lors des événements de Janvier. Oui; en 1990, je suis allé au meeting à Moscou avec l`intention de quitter le Parti Communiste. Mais, j`étais une telle personnalité que je pensais à cette époque - là , peut être il ne faut pas faire cela, pas maintenant. Peut-être que je peux essayer de faire du bien à mon peuple? Mais ensuite j`ai vu que mes actions n`avaient aucune influence. C`est pourquoi, un an plus tard, j`ai déclaré mon départ du Parti à Moscou, au Krémlin et dans le premier point de cette décaration, j`ai condamné la direction du Parti Communiste pour cette agression contre le peuple azerbaidjanais et pour le fait qu`il n`a pas reconnu son agression, pour le fait qu`il n` a pas discrédité cette agression soi-même, pour le fait qu`il n`y a pas eu de sanctions .

A cette époque-là, la trahison de certains de nos dirigeants, des dirigeants de l`Azerbaidjan a assené un grand coup au peuple. Figurez-vous. Au mois d`avril 1989, il y a eu les événement de Tiflis. Les armées y sont entrées et y ont sévi contre les gens qui participaient au meeting, 16 personnes furent tuées. Le peuple géorgien a donné de la valeur à cet événement! J`habitais à Moscou à cette époque-là. Je me rappelle, les représentants azerbaidjanais sont partis à Tiflis et ont participé à la cérémonie de deuil, ils mettaient des fleurs sur leurs tombes et cela était une bonne attitude. Je suivais tout cela. A cette époque-là, la communauté de la Géorgie, les intellectuels géorgiens ont tellement fait pression sur Gorbatchev et les gens comme lui qu`ils ont demandé pardon au peuple géorgien pour les 16 morts.

Mais à la suite de la trahison des dirigeants de l`Azerbaidjan de cette époque-là, la direction sovietique n`a pas demandé pardon au peuple azerbaidjanais. Voilà la fossé qui existait entre le peuple et les dirigeants. Ils ont trouvé qu`on pouvait écraser le peuple azerbaidjanais. Je me rappelle, à cette époque Gorbatchev une fois a dit, et on l`a passé à la télévision: "Je connais le peuple géorgien, on ne peut pas le traiter comme ça". Est-ce qu`on pouvait traiter le peuple azerbaidjanais comme ça?

On n`a pas tiré les conséquences des événements d`avril 1989. Cette tragédie a été commise contre le peuple azerbaidjanai au mois de janvier 1990. Parce qu`eux, en Géorgie ont demandé pardon, mais ici non seulement ils n`ont pas demandé pardon, mais ils ont même dissimulé ces événements, les ont escamoté. Il est vrai, certains de nos députés, certains des intellectuels je me rappelle, je le suivais à la télévision, ont voulu prononcer un discours. Ils ont dit leurs paroles à la session du Soviet Suprème, mais ils ont été interrompus. Tandis que l`insurrection de notre peuple devait se transformer en l`insurrection de notre Etat et des dirigeants de la République.

Mais seuls les dirigeants qui n`étaient pas fautifs pouvaient faire cela. Qu`ils en aient le droit moral. Ils n`ont pas pu le faire.

Il y a quelques jours une émission consacrée au quatrième anniversaire des événements de Vilnius a été diffusé par la télévision de Moscou. A Vilnius, ce n`était pas une grande unité millitaire qui s`y est rendue. Seulement quelques détachements des OMON de l`Union Soviétique y sont allés et sont intervenus: il y a eu des morts. A quelle échelle et comment la Lituanie a organisé la quatrième année de la comémoration de ces événements? Par une petite émission de la télévision de Moscou j`ai vu comment ce peuple a exprimé son indignation devant cette agression. Mais chez nous, pour rester au pouvoir, on a essayé de voiler les événements, de les cacher. J`ai un grand respect envers les peuples géorgien, lituanien et russe. Mais chaque peuple , ainsi que le peuple azerbaidjanais a sa dignité nationale. Cette dignité nationale doit être exprimée et représentée par les dirigeants du peuple. Si le peuple monte au sommet de la dignité nationale avec un esprit national, et si ses dirigeants étouffent la voix du peuple pour ses intérêts personnels, ça c`est la plus grande tragédie du peuple.

 

Pour toutes ce raisons nous ne devons jamais oublier ces événements. Ces jours tragiques, ces exemples d`héroisme doivent vivre dans notre histoire et je souhaiterais beaucoup que nos intellectuels créatifs - nos écrivains, nos poètes, nos compositeurs, nos peintres, nos sculpteurs écrivent des oeuvres d`un niveau moral qui s`élève à ces hauts sommets. Parce que ces jours-là le niveau moral du peuple azerbaidjanais s`est haussé aux sommets les plus hauts. Je trouve que notre peuple a ce grand potentiel et qu`il y a de larges possibilités pour l`utiliser désormais et on s`en servira. L`année précédente, en célébrant la quatrième année de la commémoration de la tragédie de janvier, ensuite quand Milli Medjlis a évalué ces événements, nous avons pris la décision qu`un monument soit dressé à la mémoire des martyrs du 20 janvier et de ces événements. On m`a montré deux projets. Une fois quand j`étais à l`atelier de Omar Eldarov, sculpteur, grand créateur, j`ai regardé sa petit esquisse. Vous savez, ces esquisses, ces projets exposés ici, ont chacun leur importance. Mais je trouve qu`actuellement à ce stade, nous n`avons pas encore la possibilité de dresser un grand monument à cet événement, qui demanderait beaucoup de finances. Nous devons considérer la réalité. C`est la première chose.

Deuxième chose, le caractère impressionnant de ce monument, pour qu`il reflète complétement ces événements, ne dépend pas de son volume. Auparavant, à l`époque soviétique, on a créé de grands monuments, de grandes sculptures. Mais parfois un petit monument est plus important qu`un grand monument selon sa force, son contenu, son niveau. C`est pourquoi je souhaiterais que nos sculpteurs, nos architectes, travaillent sur ce sujet. Mais il ne faut pas retarder ce travail. Que Eltchin Efendiyev, Izzet Rustamov et Madame Fatma Abdoullazade s`occupent de ce travail. Qu`on présente quelques projets de cette sorte pour que vous puissiez organiser un concours. Ensuite nous verrons lequel parmi eux nous pouvons choisir. Ma suggestion personnelle serait que ce monument n`exprime pas seulement la tragédie mais, comme je viens de le dire, qu`il reflète tous ses côtés, toutes ses orientations. Omar Eldarov est-il ici?

 

Omar Eldarov: Oui, je suis ici.

Heydar Aliyev: Te rappelles-tu, j`ai vu ton esquisse je t`ai dit ce que je viens de dire et tu as été d`accord avec mon opinion. N`est-ce pas?

Omar Eldarov: Oui, c`est ça

Heydar Aliyev: Omar est un grand sculpteur. J`ai un grand respect pour son métier. J`ai regardé, il a fait une petite esquisse. Vraiment, c`était très impressionnant. Mais elle reflète seulement la tragédie. Je ne veux pas répéter, mais tous les monuments doivent inviter les gens à l`optimisme. Vous savez, et au passé, et dans notre religion nous avons pleuré beaucoup. C`est vrai, nous portons un grand respect à notre religion et dans les siècles passés et aujourd`hui, et la religion est notre source de notre moral. Mais dans notre religion il y a beaucoup de raisons de pleurer. Il faut montrer la tragédie, et l`héroisme du peuple, et l`agression. Je ne dis pas qu`il faut créer une grande composition. Il est possible qu`on n`a pas besoin d`un grand monument pour cela. Que chacun réfléchisse lui-même. Je dis seulement mon opinion. Mais il nous faut un monument qui reflète cet événement, cet étape de notre histoire.

Maintenant il n`existe pas de possibilité de faire un grand monument. Mais peut être qu`à l`avenir on en aura un. Pour l`heure, il faut créer un monument qui reflète exhaustivement ces événements comme une oeuvre d`art la plus élevée et impressionnante. Je souhaiterais que pendant peu de temps les projets soient préparés et il se peut que les personnes que je viens de mentionner puissent organiser une consultation. Nous sommes prêt à les considérer immédiatement et à le mettre en oeuvre. Voici quelle est ma suggestion.

Je trouve qu`aujourd`hui rencontrer un groupe de nos artistes est très important pour moi. Parce que notre travail est très difficile maintenant. C`est pourquoi il y a peu de rencontres. Mais plus ces rencontres sont nombreuses, plus elles seront importantes et pour vous et pour nous. Je suis content de cette rencontre. Je vous souhaite à tous le succès dans votre vie de créateurs et je voudrais dire que j`espère que désormais, nos artistes participeront activement à l`activité mené par l`Etat azerbaidjanais pour la protection de notre souveraineté, pour notre indépendance, pour la libération de nos terres de l`occupation étrangère, pour la garantie de notre intégrité territoriale et comme au passé, dans toutes les étapes de notre histoire, qu`elles restent la force principale de notre société. Je vous souhaite à tous une bonne santé et du bonheur.

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