Appel d’Heydar Aliyev, Président de la République d’Azerbaïdjan, au peuple azerbaïdjanais à l’occasion du 31 Mars, Jour du génocide des Azerbaïdjanais – Bakou, le 29 mars 2000


Chers compatriotes,

Notre peuple est riche d`une histoire multiséculaire, nourrie d`exemples héroïques et glorieux surgis dans des situations souvent complexes. La joie et la tristesse, les victoires et les défaites ont été éprouvées ensemble comme des sœurs jumelles et se sont succédées les unes aux autres au cours de notre histoire. Ce n`est pas l`effet du hasard si je m`adresse à vous juste au lendemain de la fête de Novrouz, que nous venons de célébrer avec solennité et avec enthousiasme, pour commémorer ensemble les pages tristes et parfois tragiques de notre passé.

Depuis 1998, la journée du 31 Mars est dédiée chaque année au niveau national, dans la République d`Azerbaïdjan, au « Jour du génocide des Azerbaïdjanais ». L`objectif de cette commémoration est, d`une part, d`honorer la mémoire sacrée des victimes de ce génocide et de les recommander à Dieu, et d`autre part, d`étudier les événements de notre histoire qui n`ont pas été évalués avec objectivité, qui parfois ont été falsifiés, et d`en tirer des conclusions avant de déterminer nos devoirs pour l`avenir.

Ces événements tragiques de l`histoire du peuple azerbaïdjanais, qui doivent être qualifiés politiquement et juridiquement de génocide, remontent au début du XIXème siècle. Après les Traités de paix de Gulustan et de Turkmentchay, signés entre la Russie et l`Iran, des populations arméniennes ont été installées massivement sur les terres historiques de l`Azerbaïdjan, une politique volontariste d`instauration d`un Etat d`Arménie a été planifiée au Caucase du Sud en ce temps. Simultanément, une politique d`expulsion et de déportation des Azerbaïdjanais hors de leurs anciennes terres ancestrales fut alors conduite.

Aujourd`hui, le rétablissement dans notre mémoire de l`ordre chronologique des événements de génocide et de déportation nous permet de prendre toute la mesure de ces horreurs et de nos tragédies.

Dans les années 1905-1907, alors parrainés et orientés par les autorités russes, les nationalistes arméniens ont perpétré des tueries et des atrocités à grande échelle contre les populations azerbaïdjanaises. A la suite des évènements sanglants instrumentalisés à Bakou et dans d`autres villes et villages d`Azerbaïdjan, des centaines d`habitants paisibles ont été tués, des milliers d`Azerbaïdjanais sont tombés victimes du terrorisme arménien. En mars 1918, à une époque où des éléments étrangers anti-azerbaïdjanais régnaient en maîtres, la « Commune de Bakou », composée de bolchéviques et de partisans du parti arménien Dachnak ont commis un massacre ethnique sous couvert de « lutte contre la contre-révolution » et un plan cruel d`élimination de populations azerbaïdjanaise dans la province de Bakou était mis en œuvre. Des dizaines de milliers de civils ont  été massacrés, des mosquées, des écoles et d`autres monuments de notre culture ont été brûlés et détruits.

La politique de déportation et de génocide souhaitée par une élite arménienne contre les Azerbaïdjanais a été poursuivie et exécutée habilement  dans les années du pouvoir soviétique au nom de « l`Internationalisme ». Avec le concours de la Russie soviétique, le Zanguezour et un certain nombre d`autres territoires de l`Azerbaïdjan ont été simplement déclarés « territoires de l`Arménie ». Les dirigeants arméniens ont encore réussi à obtenir une déportation massive des minorités azerbaïdjanaises, désormais incluses dans les frontières de l`Arménie soviétique, dans les années 1948- 1953, sur une décision des dirigeants d`URSS qui conduisaient alors une politique de discrimination contre les Républiques soviétiques turco–musulmanes. 

Jouissant de la sympathie et de la protection des dirigeants de l`URSS, les Arméniens ne renonçaient pas à leurs prétentions sur les territoires de l`Azerbaïdjan. Au milieu des années 80, quand des processus destructeurs prirent pied sous prétexte de reconstruction, l`extrémisme et le séparatisme arménien ont commencé à s`agiter avec une puissance renouvelée. En conséquence du conflit attisé par la direction de l`URSS, une dizaine de milliers de gens ont été tués et des centaines de nos compatriotes ont encore été expulsés de leurs terres ancestrales. Plus d`un million d`Azerbaïdjanais ont alors été condamnés à éprouver les douleurs de la vie de réfugié et de déplacé. En janvier 1990, une nouvelle atrocité était commise contre notre peuple par la direction de l`URSS, qui refusait d`accomplir ses obligations constitutionnelles. Se soulevant alors pour prendre la défense d`une intégrité territoriale menacée et pour organiser la protection de leurs droits nationaux, des centaines de gens ont été tués à Bakou par l`armée soviétique. En février 1992, des troupes arméniennes, avec l`aide de troupes ex-soviétiques encore cantonnées sur notre territoire, ont perpétré un massacre sans précédent dans l`histoire contemporaine. Des milliers de défenseurs de la ville de Khodjaly et de sa population civile ont été tués ou pris en otage, et la ville a été rasée jusqu`aux fondations. L`objectif de ces actes de pure barbarie et de génocide était de semer l`effroi dans notre peuple et de briser sa volonté de combattre.

Une nouvelle vague de déportations a accompagné ces actes génocidaires, ainsi que son convoi de tueries en masse de populations, de destructions de villages et de villes, et de saccages de monuments culturels de notre nation. Environ 2 millions d`Azerbaïdjanais ont connu au XXème siècle les tourments de cette politique génocidaire. La politique de déportation et de génocide, délibérément poursuivie avec perfidie et cruauté par nos ennemis, a été habilement accompagnée dès le début par des experts qui ont développé une guerre de l`information bien pensée et de grande envergure. A cette fin, ils ont utilisé tous les moyens et les méthodes de leur arsenal.

En conséquence de cette guerre de l`information, l`histoire de l`Azerbaïdjan et de tout le Caucase a été adultérée, l`histoire arménienne a été exagérément présentée comme ancienne, une campagne de guerre psychologique agressive a été menée contre les Azerbaïdjanais. Les événements dans le Caucase ont été faussés délibérément afin de donner naissance à l`image d`un «  peuple arménien opprimé », image créée artificiellement pour les yeux de la communauté de Russie et de l`Occident. Le riche patrimoine culturel de notre peuple, sa musique et d`autres patrimoines matériels et culturels ont fait l`objet de tentatives d`usurpation par les Arméniens et aujourd`hui encore, ces mêmes efforts sont déployés pour s`en octroyer la paternité. Les communautés arméniennes qui vivent dans différents pays du monde et qui opèrent conjointement à travers leurs groupes de pression disposent d`une réelle influence sur les décisions politiques des grands Etats, ont mené depuis des décennies des opérations bien conçues.

En exposant ces faits, notre objectif est de rendre conscients nos citoyens de l`importance de la lutte sur le champ de bataille de l`information et de l`ampleur des tâches qui nous attendent. De nombreux travaux ont été effectués par l`Etat azerbaïdjanais et par ses dirigeants afin de porter ces vérités sur notre pays et les malheurs de notre peuple à la connaissance de la communauté internationale, et de renforcer les activités des communautés azerbaïdjanaises en matière de lobbying. Mais il nous reste encore beaucoup à faire.

Chers compatriotes,

Mes frères, mes sœurs,

Comme vous le voyez, des crimes graves ont été commis par étapes au fil des siècles contre notre peuple, résultat d`intentions insidieuses et perfides méthodiquement mises en œuvre. En jugeant de leur gravité, de leur envergure et de leurs conséquences, ces agressions doivent être appelées des « crimes contre l`humanité », elles doivent être qualifiées juridiquement et politiquement au niveau international, leurs idéologues et organisateurs doivent être punis. S`assurer de tout cela est une obligation qui pèse sur nous tous.

Nous sommes loin de promouvoir la haine contre des peuples entiers. Ce chemin n`a pas de perspectives, et ceux qui avaient pris ce chemin allaient bientôt comprendre leur erreur. Mais en revanche nous n`avons pas le droit d`oublier ces événements. L`amnésie historique et l`oubli individuel peuvent créer des obstacles infranchissables au règlement de problèmes de notre peuple. Apprendre ces enseignements, en effacer les conséquences, former les générations actuelles et futures à l`esprit de vigilance contre les ennemis qui agissent contre  notre peuple est notre devoir.

Une fois de plus, je m`incline devant la mémoire sacrée des victimes du génocide, je demande à Dieu de les combler de sa miséricorde, et je souhaite à notre peuple d`avoir la volonté de lutter pour son bien-être, pour sa prospérité et pour notre Etat d`Azerbaïdjan.