Déclaration du Président de la République d´Azerbaïdjan Heydar Alyev à la conférence de presse après le sommet des chefs d´Etat et de gouvernement des pays- membres de l´OSCE à Lisbonne - Lisbonne, le 3 décembre 1996


Mesdames et Messieurs,

La séance du sommet de Lisbonne de l'OSCE vient d'être terminé. La délégation azerbaïdjanaise est satisfaite des décisions du sommet de Lisbonne sur toutes les questions. Nous considérons qu'une démarche importante de plus est faite dans le domaine de la sécurité et de la coopération en Europe.

J'y suis venu pour vous rencontrer et expliquer la position de l'Azerbaïdjan sur la question concernant directement l'Azerbaïdjan, toute notre région.

Vous savez que huit ans déjà dure le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, déclanché par la République d'Arménie afin de séparer la région du Haut Karabakh de l'Azerbaïdjan et de l'annexer à l'Arménie. Afin de régler ce conflit, en 1992 dans le cadre de l'OSCE fut créé le groupe de Minsk. La partie azérie occupe la position du règlement pacifique de ce conflit. En mai 1994, fut signé un accord sur le cessez-le-feu qui est respecté jusqu'à présent de notre part. Et, naturellement, nous avons fondé et nous fondons nos espoirs en l'OSCE.

A la suite de la préparation du sommet l'OSCE, nous avons fait nos propositions pour qu'ils soient prisent en compte dans la Déclaration du sommet de Lisbonne sur le problème du conflit arménien- azerbaïdjanais. En particulier, nous voulons que dans les documents de l'OSCE soient fixés concrètement les principes de base de l'OSCE, concernant tous les pays de l'OSCE y compris l'Azerbaïdjan. A la suite de l'agression arménienne contre l'Azerbaïdjan fut violée l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, 20% de notre territoire furent occupés par les forces armées arméniennes et plus d'un million d'Azerbaïdjanais furent chassés des terres occupées et vivent à présent dans d'autres régions de notre république dans des conditions difficiles dans les cités des tentes. Nous estimons que la reconnaissance de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan peut servir de base pour le règlement du conflit, partant d'un des principes de base de l'OSCE. La République d'Arménie qui avait commis l'agression contre l'Azerbaïdjan refuse de reconnaître l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan et cela complique naturellement le processus.

A la dernière séance du groupe de Minsk de l'OSCE tenue à Helsinki les 19-22 novembre, les coprésidents du groupe de Minsk ont déposé le projet contenant la formule du règlement du conflit arménien -azerbaïdjanais. Le projet identique fut déposé encore en février de l'année en cours par le Président de l'OSCE en fonction Monsieur Flavio Cotti. Ce projet est composé de trois points: l'intégrité territoriale de la République d'Arménie et de la République d'Azerbaïdjan, statut d'autonomie du Haut Karabakh sur la base d'autodétermination et d'autogestion au sein de la République d'Azerbaïdjan, garantie de la sécurité pour toute la population du Haut Karabakh.

Bien que ce projet ne satisfasse pas pleinement la partie azérie, néanmoins la partie arménienne l'avait refusé à la session du groupe de Minsk à Helsinki. Ce projet est inclus dans le projet de la Déclaration du sommet de l'OSCE de Lisbonne en qualité du 20ième paragraphe. Cependant, la partie arménienne contrairement aux principes de base de l'OSCE, n'a pas donné son accord à ce paragraphe. C'est pourquoi, pendant la rencontre et des entretiens lors de la préparation du sommet et lors de sa tenue, la République d'Azerbaïdjan fut contrainte à ne pas donner son accord à tout le texte de la déclaration du sommet de Lisbonne.

Cela provoqua une grande inquiétude chez les membres de l'OSCE puisque dans ce cas le sommet serait clos sans adoption d'un document. Vous savez que à l'OSCE, il existe le principe du consensus. Usant de ce droit, la République d'Azerbaïdjan n'a pas donné son consentement à tout le document, à toute la déclaration du sommet. C'est pourquoi, hier, aujourd'hui et avant-hier même se tenaient des négociations actives avec la partie azerbaïdjanaise, chefs d'Etat, représentants des délégations -membres de l'OSCE. Ils nous ont demandés de lever nos objections au sujet de tout le texte de la Déclaration du sommet, cependant nous avons expliqué notre position. Au cours de toutes les rencontres et négociations nos interlocuteurs ont souligné la légalité de nos actions. De notre part, nous avons expliqué que nos actions sont tout à fait conformes aux principes de l'OSCE. Le refus de reconnaître l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan de la part de l'Arménie c'est le refus du principe de base de l'OSCE.

Au cours des négociations intenses tenues avec nous hier et aujourd'hui, les représentants des pays -membres de l'OSCE, du groupe de Minsk, de l'Union européenne, ont proposé des versions alternatives pour satisfaire nos revendications. La délégation azerbaïdjanaise n'a pas donné son accord au document clé du sommet jusqu'à la dernière séance. A cette séance fut avancée la proposition disant que le Président en exercice Monsieur Flavio Cotti fera la déclaration de la part des membres de l'OSCE - participants du sommet, dans laquelle il confirmera les trois principes du règlement du conflit. J'ai dit que, dans ce cas nous sommes prêts à renoncer à nos objections contre le document clé du sommet. Ce qui a été fait. A la séance finale le Président en exercice de l'OSCE Monsieur Flavio Cotti a fait la déclaration dans laquelle, il a dit qu'il regrette de ne pas arriver à un accord sur le conflit du Haut Karabakh et considère que le règlement du conflit du Haut Karabakh puisse être atteint sur la base de ces trois principes dont on a déjà parlé. Cela veut dire la reconnaissance de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, le haut statut de l'autonomie du Haut Karabakh au sein de l'Azerbaïdjan et les garanties de la sécurité pour toute la population du Haut Karabakh. Dans la déclaration du Monsieur Flavio Cotti est signalé que ces principes et déclaration sont soutenus par tous les participants du sommet, membres de l'OSCE, à l'exception d'un seul. Cela veut dire que cette déclaration du président en exercice est devenue l'expression de la volonté de tous les participants du sommet- membres de l'OSCE, à l'exception de l'Arménie.

Compte tenu d'une telle déclaration, d'un certain soutien de la position de l'Azerbaïdjan dans ce cadre j'ai retiré les objections de l'Azerbaïdjan concernant le document principal du sommet de Lisbonne, c'est-à-dire j'ai donné mon consentement à l'adoption de ce document. Nous sommes satisfaits du fait que la déclaration de Flavio Cotti a été faite du nom de tous les membres de l'OSCE, hormis l'Arménie et aussi de ce qu'en soutien de cette déclaration a été faite une intervention de la part de l'Union européenne, ont été intervenus le chef de la délégation de la Fédération de Russie, premier ministre de la Russie monsieur Tchernomyrdine, coprésident du groupe de Minsk, Président de la Finlande monsieur Ahtisaari et représentants des autres délégations.

Ainsi, par l'adoption du document principal s'est terminé le sommet. Nous sommes satisfaits de ce que le sommet de l'OSCE a de nouveau soutenu les principes de base de l'OSCE pour le règlement du conflit arménien -azerbaïdjanais surtout du point de vue de la reconnaissance de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan.

Je sais qu'en rapport avec notre position sur le projet de la Déclaration de base il y avait déjà eu des informations dans la presse, affirmant que l'Azerbaïdjan bloque l'adoption du document principal. C'est pourquoi, j'ai cru nécessaire à expliquer pourquoi nous l'avons fait. C'était notre ferme position. Et nous l'avons changée, parce qu'une déclaration acceptable de la part du président en exercice, du nom de tous les membres - participants du sommet a été faite. La déclaration officielle écrite du président en exercice, comme il a signalé, est incluse au corps des documents du sommet de Lisbonne de l'OSCE.

Voilà tout ce que je voulais dire. Je suis prêt à répondre à vos questions.

Question: Monsieur le Président, est-ce que vous avez eu la rencontre avec le ministre britannique des affaires étrangères Malcolm Rifkind ce matin? Pouvez vous dire quelques mots sur cette rencontre? 

Réponse: Oui, ce matin j'ai eu une rencontre avec le ministre des affaires étrangères de la Grande Bretagne monsieur Rifkind. Et toute la rencontre presque fut consacrée à la question, dont je vous ai parlée. C'est-à-dire, monsieur Rifkind me convainquait qu'il fallait donner l'accord à l'adoption du document principale du sommet. Et moi, j'ai exposé à monsieur Rifkind notre position, nos idées sur cette question. Je dois dire que monsieur Rifkind ainsi que mes autres collègues dont j'ai rencontré, a souligné la légalité et le bien-fondé de notre position.

Question: le gouvernement de la Russie est-il prêt à résoudre le conflit du Haut Karabakh?

Réponse: Oui, aujourd'hui, à la séance finale du sommet est intervenu le chef de la délégation de la Fédération de Russie monsieur Tchernomyrdine, qui approuva entièrement la déclaration du président de l'OSCE en exercice monsieur Cotti et déclara, qu'il considère que notamment sur la base des principes énoncés dans la déclaration du président en exercice on puisse arriver au règlement rapide du conflit. Donc, il déclara qu'ils s'occuperont de la question par la suite également.

Question: Monsieur le Président, si l'Arménie permet de transporter le pétrole azéri à travers son territoire vers les marchés mondiaux, pourrait elle avoir de l'avantage sur l'arène mondiale.

Réponse: Vous savez cette question est tout à fait abstraite. Nous avons des projets, sur le transport du pétrole de l'Azerbaïdjan vers les marchés mondiaux. Mais cela n'est pas lié du tout à l'Arménie. Je ne vois pas auquel niveau vous voulez relier ces questions. Je n'y vois pas de lien.

Question: Monsieur le Président, avant tout je voudrais vous féliciter de la part des journalistes azéris à l'occasion de la victoire brillante diplomatique remportée au sommet de Lisbonne. Nous tous sommes devenus témoins de ce que l'Arménie est resté dans la solitude diplomatique et isolation. Une question liée à cela, si vous permettez: les résolutions du sommet de Lisbonne vont-elles influencer et à quel point vont-elles intensifier le processus des négociations et le succès dans le règlement pacifique du problème de Karabakh? C'est-à-dire, est-ce qu'on pourrait s'attendre à la progression et les compromis de la part de l'Arménie?

Réponse: Je considère que, le processus des négociations va continuer. J'ai fait une telle déclaration au cours de mon intervention au sommet. La même déclaration a été faite par le Président de la République d'Arménie. La déclaration, faite par le Président de l'OSCE de la part des membres de l'OSCE est une bonne base pour le règlement pacifique ultérieure du problème et naturellement, pour activer le processus de négociations.

Question: Monsieur le Président, hier Levon Ter-Pétrosian dans son intervention au sommet a dit que, les actes de génocide contre les Arméniens commis en Azerbaïdjan - à Bakou, Soumgait, Gandja - ne donne pas de possibilité d'assurer la sécurité du Haut Karabakh. Est-ce vrai? Et qui est responsable de cela- La République d'Azerbaïdjan ou l'ancienne Union Soviétique?

Réponse: Les paroles du Président Ter-Pétrosian prononcées dans son intervention d'hier ne sont pas nouvelles. Ils ont parlé de cela plusieurs fois et hier l'ont répété une fois de plus. Sans rentrer en détails de ces évènements, je veux dire que des accusations pareilles sont totalement infondées. Nous pouvons citer encore plus de faits et de raisons sur le génocide des Azerbaïdjanais en Arménie, aussi que sur le génocide des Azerbaïdjanais au Haut Karabakh, à Khodjali. Actuellement, pour résoudre nos problèmes, il est sans importance quel pays est responsable de ces évènements. Je considère que nous devons regarder en avant. Aujourd'hui, nous devons mener des négociations pour résoudre le conflit arménien - azerbaïdjanais et atteindre la paix sur la base des principes déclarés au sommet de Lisbonne.

Question: L'Azerbaïdjan et l'Arménie ont mené des négociations directes avant le sommet dont l'interruption incombe à la partie azérie, d'après les dires du monsieur Ter-Pétrosian lors des rencontres avec les autres leaders. Pourquoi la partie azérie a-t-elle interrompu les négociations?

Réponse: Le Président Ter-Pétrosian ment. Ce n'est pas la première fois qu'ils disent des mensonges à l'opinion publique. Les négociations bilatérales, c'est-à-dire des négociations directes entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, menées par les représentants de deux Présidents continuent. La dernière fois ils ont eu lieu le 7 novembre à Paris. Nous n'avons pas interrompu ces négociations et allons les continuer à l'avenir également. Hier soir, pendant ma rencontre avec le Président Lévon Ter-Pétrosian nous nous sommes mis d'accord qu'il faut continuer ces négociations. On a donné des indications directes au représentant du Président de l'Azerbaïdjan Vafa Goulouzadé et au représentant du Président de l'Arménie Libaridian qui mènent ces négociations.

Il n'y plus de questions? Merci.