Entretien de Monsieur Heydar Aliyev, Président de la République d`Azerbaïdjanais avec les membres de la délégation du Parlement européen - Le 22 mai 2001


Heydar Aliyev: Chers invités, soyez les bienvenus en Azerbaïdjan. Je juge comme très positive l`arrivée en Azerbaïdjan de votre nombreuse et très estimable délégation de l`Union Européenne. Mais voyant tant de papiers devant vous, je me dis que si nous devons tous étudier, nous devrons parler pendant trois heures. Je plaisante, nous parlerons autant que vous le voulez.

Les relations entre l`Azerbaïdjan et l`Union européenne se sont instituées sur la base de l`accord de coopération signé en 1996. C`est un grand plaisir pour nous que de l`avoir signé autrefois. Nous devions le signer à Luxembourg. J`y participais, je l`ai signé moi-même. Depuis, notre coopération continue. Du point de vue des résultats concrets, la coopération avec l`Union Européenne est plus efficace que celle des autres organisations internationales.

Depuis les années 1992-1993, l`intérêt de l`Union Européenne pour notre région, le Caucase et l`Asie Centrale, ne s`est pas démenti. L`apparition de nombreux programmes - ceux de TACIS, TRASECA, INOGATE sont vraiment de parfaites illustrations de l`attitude attentive de l`Union Européenne envers notre région. Nous sommes très actifs dans la mise en place de ces programmes. Notre position géographique et stratégique rend l`Azerbaïdjan indispensable à la misee en place de ces programmes.

De nombreuses affaires ont été faites. Nous apprécions l`assistance et les crédits consentis par l`Union Européenne pour le développement de certaines branches de notre économie.

Enfin, vous savez que nous avons organisé une grande conférence avec l`Union Européenne en Azerbaidjan. L`objet essentiel de cette conférence était le rétablissement de la grande Route de la Soie du programme de TRASECA. C`est un grand plaisir pour moi d`organiser cette conférence en Azerbaïdjan. Je pense que nous y avons signé un accord très important. Nous avons fondé une organisation relative au rétablissement de l`antique Grande Route de la Soie. Son secrétariat a son siège en Azerbaïdjan. Un peu plus tôt, nous avions accordé de bons locaux à ce secrétariat et j`ai participé personnellement à leur inauguration.

Nous sommes convaincus de l`importance du programme de rétablissement de la Grande Route de la Soie. Nous estimons que ce programme est porteur de grandes perspectives. C`est le plus court et le plus sûr itinéraire qui unit l`Est avec l`Ouest, l`Europe avec l`Asie.

Mais ce n`est pas seulement en vertu de ces programmes que nous envisageons notre coopération avec l`Union Européenne. Vous êtes les délégués du parlement de l`Union Européenne.

Je suis très content qu`aient été créées des relations officielles entre vous et le Parlement azerbaïdjanais et qu`hier et aujourd`hui une sérieuse conférence ait eut lieu ici et que de nombreuses questions y aient été discutées. Nous estimons que tous ces événements contribuent à en faire une date importante pour nous, et nous fondons de grands espoir dans la coopération azerbaidjano-européenne.

Vous savez que nous avons adhéré au Conseil de l`Europe en tant que membre à part entière. Il y a de nombreux d`Etats au Conseil de l`Europe, 43 états. Avant d`y adhérer, nous avons passé des examens pendant longtemps. Quelquefois, «les professeurs des examens n`étaient pas justes»envers nous. Mais nous leur avons prouvé que nous méritions d`être membre du Conseil de l`Europe. Je sais que l`Union Européenne compte 15 membres, mais il y a de nombreux pays dans la file d`attente. Vos conditions sont plus sérieuses. Nous sommes réalistes. Nous ne pensons pas que nous pouvons prétendre à cela bientôt. Mais en tant que membre de la famille européenne, l`Azerbaïdjan veut avancer. C`est pourquoi les relations interparlementaires ont une grande importance. J`espère vous avez vu la réalité actuelle de l`Azerbaïdjan pendant ces deux jours. Naturellement, tout n`est pas comme vous le voulez dans notre pays. Mais en tout cas, au de ces cinq-six dernières années, le processus de développement économique s`engage en Azerbaïdjan et nous voyons de bonnes perspectives.

On vous a déjà expliqué que c`est le conflit arméno-azerbaïdjanais qui entrave toutes nos affaires. Je suppose que vous savez que ce n`est pas nous qui sommes à l`origine de ce conflit. L`Arménie a déclenché ce conflit en vue d`annexer une partie des terres azerbaïdjanaises - le Haut Karabagh. Ensuite ce conflit s`est transformé en une guerre sanglante et pour diverses raisons, les forces armées de l`Arménie sont parvenues à envahir 20% du territoire de l`Azerbaïdjan. Un million de personnes ont été expulsées de ces terres occupées et maintenant cela fait sept-huit ans que les réfugiés vivent pour la plupart sous des tentes.

Naturellement, l`avènement d`un tel conflit, au début du XXI siècle, dans la région du Caucase, n`est pas conforme aux processus actuels de l`évolution du monde. Mais il est regrettable que nous ne soyons pas parvenus à attirer la communauté internationale dans une recherche plus active d`une solution pacifique de ce conflit. Entamer à nouveau cette guerre ne peut pas du tout être avantageux, ni pour l`Arménie, ni pour l`Azerbaïdjan. Mais d`un autre côté, nous ne pouvons pas non plus supporter l`occupation d`une partie des terres azerbaïdjanaises et l`expulsion des citoyens azerbaidjanais de ces terres, ni leurs épouvantables conditions d`existence. C`est pourquoi nous voudrions résoudre cette question par la voie de la négociation. J`estime que l`Union Européenne doit définir sa position par rapport à ce conflit et rendre public les actions qu`elle prévoit d`entreprendre à cet égard.

Je pense que vous avez visité notre ville. A toute éventualité, la ville n`est pas mauvaise. Bruxelles est aussi une belle ville, mais Bakou, Azerbaïdjan n`est pas non plus mauvaise. Je vous en prie.

Je crois que vous avez visité notre ville. En tous cas, la ville n`est pas mauvaise. Bruxelles est aussi une belle ville, mais la ville de Bakou, en Azerbaïdjan, n`est pas non plus mauvaise. Je vous en prie.

Ursula Schweizer (co-président du Comité de la Coopération des Parlements de l`Union Européenne et de l`Azerbaïdjan): Monsieur le Président, tout d`abord, permettez-moi de vous faire part de notre reconnaissance, au nom de la délégation toute entière, de nous avoir reçu aujourd`hui. Je remercie surtout aussi les Ambassadeurs de l`Union Européenne, qui sont présents ici, pour leurs services dans l`organisation de cette visite et pour leur complète réussite dans l`organisation de notre visite. Ces derniers jours, Azerbaïdjan a vécu des jours historiques. Il s`y passe des événements importants. Vous avez bien souligné que l`Azerbaïdjan est devenu membre du Conseil de l`Europe. C`était une date historique dans votre vie. Nous savons que ces derniers temps des négociations intensives; vers une solution du conflit que vous venez de souligner; sont en cours. Nous sommes informés de vos négociations avec le Président arménien. Nous estimons que la poursuite des négociations de paix entre les chefs de deux pays qui ne sont pas encore partenaires dans cette région est vraiment un événement important et nous saluons ces négociations.

Lors de notre séjour ici, nous avons mené des négociations officielles avec les membres de votre Parlement. Nous savons et nous avons senti dans le cours de ces négociations que vous aviez deux problèmes principaux. Le premier, bien sûr, est le problème du Haut Karabagh. Nous souhaitons que ce conflit soit résolu bientôt par des voies pacifiques.

Je pense que pour trouver une solution pacifique à ce conflit, il y a un grand besoin de personnalités comme vous. Notamment, grâce à la volonté de grandes personnalités il est possible de résoudre ce problème.

Nous pensons que votre peuple comprend bien à quelle étape du début de son développement votre Etat se trouve. De ce point de vue, nous sommes optimistes par rapport à ce que nous avons vu ici. Nous avons vu que l`Azerbaïdjan est au seuil d`un grand avenir.

Il est évident qu`il y aura des questions que souhaitent vous poser les membres de notre délégation. Je voudrais vous présenter tout d`abord les membres de notre délégation. Monsieur Stéphane Zappala, Député du Parlement européen. Il représente l`Italie et il est membre du Comité de la Protection de l`Environnement au Parlement européen. Monsieur Olivier Dupuis, aussi représentant de l`Italie. Il est membre du Comité Constitutionnel du Parlement européen où je travaille. Madame Marie Anne Isler-Beguin, représente la France. Comme Monsieur Zappala, elle est aussi membre du Comité de la protection de l`Environnement. Monsieur Dimitios Coulourianos représente la Grèce. Lui est membre du Comité de l`Agriculture au Parlement européen. C`est un grand plaisir pour moi, Monsieur Per Garton est aussi dans notre délégation. Il est membre de la Commission des Relations Etrangères et des Droits de l`Homme du Parlement européen. Outre cela, il est le chef du groupe de rapport sur le Caucase du Sud au parlement européen. Après que Monsieur Garton aura présenté le rapport relatif à l`Azerbaïdjan et au Caucase du Sud à la Commission des Relations Etrangères et des Droits de l`Homme au Parlement européen, pui après y avoir mené les débats, nous planifions des discussions générales au Parlement européen pour les mois de septembre et d`octobre.

Nous estimons que ces discussions joueront un rôle important entre l`Union Européenne et l`Azerbaïdjan. Je veux dire par là que nous attendons beaucoup de ces discussions de l`automne. Car récemment, trois représentants de trois pays de l`Union Européenne sont venus dans la région. Selon les informations de notre Ambassadeur de la Grèce ici, nous savons que des travaux intensifs ont été menés en direction d`une recherche de voies de résolution pacifique du conflit pendant ces dernières semaines. Outre cela, ces derniers temps, de nombreuses délégations, ainsi que la grande délégation de l`Allemagne que je dirigeais, ont visité votre pays. Nous pensons que nous aurons beaucoup de questions à discuter lors de la session d`automne.

Je constate que, lors de notre visite officielle, nous avons eu la possibilité de voir tous les domaines pour mener une coopération multilatérale. Nous avons mené des discussions sur différentes questions. Je vois qu`avec votre soutien nous pouvons entamer une nouvelle étape de notre coopération avec l`Azerbaïdjan.

Heydar Aliyev:  J`ai compris que vous allez poser des questions. J`ai compris que vous êtes venu nous tester dans le cadre de notre approche de l`Union Européenne. Je vous en prie. 

Olivier Dupuis(membre de l`Union Européenne, Italie): Monsieur le Président, je crois que ce sera totalement le contraire. Je veux dire par là que c`est vous qui allez conduire cet examen. Parce que l`Europe travaille très lentement. Aujourd`hui les processus d`intégration ne marchent pas avec une grande rapidité en Europe. Il est regretteble que ni à Bruxelles, ni en Europe, personne ne comprenne la grande importance que votre pays représente.

Heydar Aliyev: Vous avez raison.

Olivier Dupuis: C`est pourquoi nous attendons de sérieux signaux de vous et de la Géorgie, qui est votre allié. C`est-à-dire des signaux orientés vers l`Union Européenne et à Bruxelles de sorte que les gens qui y siègent prennent bien toute la mesure de la grande importance de votre région. Je trouve qu`adhérer à l`Union Européenne est déjà un grand processus. Mais nous attendons de votre part et de la part de la Géorgie, qui est votre allié, que vos gouvernements fassent une annonce claire concernant le commencement des processus de négociations pour adhérer officiellement à l`Union européenne. Je pense que s`il y a un appel de votre part et de la part de la direction géorgienne pour s`engager dans un très long processus, semblable à celui par lequel la Pologne et la Bulgarie sont passées avant d`adhérer à l`Union Européenne, alors on peut comprendre très bien à Bruxelles l`importance de votre région. En tout cas, cela peut être un des élements le plus important pour comprendre l`importance de votre région. C`est pourquoi vous devez nous donner quelques leçons. Et nous devons recevoir certains enseignements de vous.

Heydar Aliyev: Je remercie notre honorable hôte. C`est un grand plaisir pour moi que vous accordiez une si grande importance à notre région, surtout à l`Azerbaïdjan et à la Géorgie, notre amie et voisine.

Je partage votre opinion selon laquelle, en Europe et à Bruxelles, on n`arrive pas à nous comprendre. Mais à vrai dire, concernant l`Union Européenne, il existe le sentiment que des pays ont tenté pendant plusieurs années d`adhérer à l`Union Européenne, mais qu`ils n`y arrivent pas.

Quand nous avons fait les premiers pas en direction de l`adhésion au Conseil de l`Europe, on nous a tiré si souvent d`un côté et de l`autre que nous avons eu peur. C`est pourquoi nous n`osons pas. Mais après cette déclaration de votre part, il est sûr que nous allons devenir plus volontaristes.

Je ne peux pas dire que l`Azerbaïdjan ou la Géorgie doivent être un example pour l`Union européenne, ou bien qu`elles peuvent donner des leçons. Parce que dans cette Union se trouvent les pays les plus développés de l`Europe. Nous sommes encore en phase de développement. Mais nous sommes optimistes par rapport à notre avenir. Pourquoi j`accepte avec grand plaisir votre conseil. Je vous remercie.

Dimitrios Kulurianos (membre du parlement européen, Grèce): Nous tous, nous vivons dans un espace qu`on appelle la planète Terre. Le XXI siècle a commencé, non pas sur le mode de la fin des idéologies, mais sur celui de la fin des conceptions dogmatiques.

L`Europe n`est pas seulement une carte, elle est une idée, elle est le contenu des idéologies et de la culture universelle européenne. Et nous, nous sommes les représentants élus des peuples qui vivent en Europe, nous les représentons. Nous souhaitons beaucoup diffuser l`idée de l`Europe dans son entier, la culture universelle européenne et l`idéologie européenne dans le monde entier. Nous ne voulons pas être les victimes des géographies. De ce point de vue, vous pouvez être sûr que nous allons faire tout notre possible pour faire diffuser l`idéologie et la culture européenne dans votre pays et dans votre région.

Heydar Aliyev: Honorable député, je vous remercie. Je partage vos idées. Il y a une grande différence entre vous et nous. C`est que nous avons vécu sous une idéologie dogmatique pendant 70 ans au XX siècle. Dans vos pays aussi il y a eu aussi des dogmes. Vos pays sont aussi passés par de grandes étapes. Par exemple, si nous prenons la deuxième guerre mondiale, le fascisme s`est établi en Allemagne et en Italie, mais aussi dans d`autres pays d`Europe. C`était un dogme particulier pour vos pays. C`est-à-dire nous avons eu notre dogme et vous, votre dogme. Mais après de la deuxième guerre mondiale, vous vous êtes libérés de ces dogmes. L`Europe, vos pays ont franchi de grandes étapes après la deuxième guerre mondiale et se sont engagés sur la voie de grands progrès.

Mais nous nous sommes libérés il y a seulement 10 ans de ce dogme. Et ces 10 années n`ont pas été paisibles pour nous. C`est pourquoi il est évident que vous avez pris de l`avance de nous dans tous les domaines. Notre vœux d`être dans la famille européenne est lié à celui de nous rapprocher au plus tôt de vos valeurs. Mais cela ne sera pas seulement profitable pour notre société, cela le sera aussi pour l`Europe.

Les pays comme les notres, s`ils entrent en Europe, il me semble qu`ils contribueront beaucoup à l`enrichissement de l`esprit et de la tradition de l`Europe. La réalité d`aujourd`hui de l`Azerbaïdjan est la synthèse de valeurs nationales de l`Europe et de l`Orient. Je pense que si nous les ajoutons aux valeurs européennes, si elles s`y joignent, les valeurs européennes en seront très enrichies. C`est pourquoi nous coopérons. Et vous, vous devez nous aider. Parce que les démarches que vous avez faites en 1945-1946 nous sommes en train de les faire maintenant -à la fin du XX siècle et au début du XXI siècle. C`est évident, nous avancerons plus vite que vous. Sinon, nous ne pourrons pas arriver à votre niveau. Mais malgré tout, nous avons besoin de votre aide.

Dimitrios Kulurianos: Monsieur le Président, me permettez-vous de dire un mot? Les boissons qu`on mélange et qu`on boit sont lesmeilleures.

Heydar Aliyev: Je suis d`accord.

Dimitrios Kulurianos: Dans le marathon, le plus important n`est pas de savoir qui est parti le premier, mais ce qui est important est d`arriver le premier sur la ligne d`arrivée.

Heydar Aliyev:C`est vrai. Mais il est également vrai que si quelqu`un commence le marathon une heure avant que les autres, les autres, aussi forts soient-ils, ne peuvent pas arriver à le rattraper. Mais de ce que vous avez dit avec mes boissons, je partage votre opinion. Je l`ai essayé plusieurs fois quand j`étais en Italie. En Grèce aussi, il y a de bonnes boissons. C`est vrai, l`Ambassadeur ne m`y a pas encore y amené. Mais je sais qu`il y a de bonnes boissons.

Mercurios Karafotias (Ambassadeur de la Grèce à Bakou): Votre Excellence, dès que vous donnerez votre accord, ce sera un grand plaisir pour nous que de vous y saluer et de vous y rencontrer. Ce sera un grand honneur pour nous.

Heydar Aliyev: Je le sais. Je vous en remercie.

Madame Marie-Anne Isler-Beguin (membre du parlemenrt européen, France): Monsieur le Président, si vous le permettez, je parlerai français.

Monsieur le Président, c`est la deuxième fois que nous avons l`honneur de venir en Azerbaïdjan et de vous revoir. C`est pourquoi je vous présente mes profonds remerciements. Lors de notre précédente rencontre, nous nous étions concertés et nous avions avancé l`idée de signer une Charte, une Charte régionale sur l`environnement en Azerbaïdjan.

Monsieur le Président, nous avons déjà eu des conversations à ce sujet et nous avons eu des échanges de vues sur ce thème dans différents endroits. En général, nous avons parlé beaucoup de l`écologie dans la région du Caucase du Sud, des problèmes de la pollution de l`environnement. D`après moi, il serait dans l`intérêt de nous tous d`arriver à créer un centre.

Monsieur le Président, quand nous avions parlé avec vous à ce propos il ya quelque temps, vous n`aviez pas répondu de façon décisive, mais vous aviez accordé une grande attention à ces questions.Mais la grandeur de votre attitude à cet égard fut qu`après cette rencontre, quelques jours après mon retour à Bruxelles, nous avons reçu des informations selon lesquelles vous aviez signé cette Charte.

Monsieur le Président, c`est pourquoi maintenant je voudrais vous témoigner ma reconnaissance au nom de tous ceux qui travaillent dans ce bureau, dans ce centre. Je voudrais attirer votre atention sur le fait qu`aujourd`hui, à Tibilisi, il existe aussi un centre similaire qui s`occupe des problèmes de l`écologie, de la pollution et de l`environnement. En saisissant l`occasion que me donne cette rencontre, je vous prie de donner votre accord pour l`ouverture d`un tel bureau en Azerbaïdjan, à Bakou. Il me semble que l`écologie, la pollution de l`environnement sont aussi des questions d`actualité pour l`Azerbaïdjan et que nous pourrions, avec vous, être actifs dans ce domaine. En général, nous pourrions préparer certains programmes et contribuer à une aide technique. A ce que je crois, nous pourrions obtenir de bons résultats en oeuvrant dans ce sens.

Monsieur le Président, à cette époque, vous aviez souligné que l`Azerbaïdjan pouvait s`intéresser à la question de la signature des programmes régionaux après qu`une solution soit trouvée au conflit arméno-azerbaïdjanais, c`est-à-dire que l`Azerbaidjan pouvait faire une telle démarche et n`était pas hostile sur le principe. Mais nous avons constaté à nouveau et ressenti la mesure de votre intérêt pour ces questions. Parce que dans la vie, à notre époque, il y a des questions qui sont peut-être plus urgentes, plus importantes. C`est pourquoi, malgré le fait que cette question politique n`ait pas encore été résolue, vous avez fait cette démarche et vous avez signé ce programme et cette Charte.

Heydar Aliyev: Chère Madame, je vous remercie. Vos idées sont très importantes. Maintenant la protection de l`environnement est devenue la question numéro un dans le monde entier.

Et l`Azerbaïdjan aussi en a un grand besoin. La question se pose de la protection de l`environnement sur tout le territoire de l`Azerbaïdjan, et les rivières Koura et Araxe, qui prennent leur source en Turquie, puis qui coulent à travers les terres de la Géorgie et de l`Arménie sont polluées dans ces pays. Et nous, nous utilisons de l`eau de ces rivières pour assurer la fourniture d`eau à notre population. Et nous en avons un grand besoin pour l`agriculture. Je suis contre la coopération avec l`Arménie dans tous les autres domaines. Mais je suis prêt à jeter les bases d`une coopération dans ce domaine-là. Même à l`époque soviétique, l`Arménie polluait la rivière Araxe qui traverse son territoire. Des petites mines d`or avaient été découvertes sur leur territoire. Là, pour le lavage du minerai, ils ont construit une usine au bord de l`Araxe. Parce que, pour accomplir ce processus il faut pouvoir disposer de beaucoup d`eau, et l`eau rejetée après le lavage du minerai est une eau est qui est parmi les plus empoisonnées qui soient.

A cette époque-là, comme nous nous trouvions dans le cadre d`un seul et même Etat, j`avais tenté de m`attaquer à cette question. Le Soviet des Ministres de l`URSS est intervenu dans ces questions et nous avons pris certaines mesures. Maintenant, je ne sais pas quelles sont les installations qui se trouvent là. Mais si nous décidions de coopérer, si nous organisions un audit, nous pourrions résoudre beaucoup de ces questions.

Ou la question de la pollution de la mer Caspienne... La mer Caspienne appartient aux cinq pays qui se trouvent le long de ses rives. Comme il n`y a eu aucun traité, ni sur l`écologie, ni sur l`exploitation du pétrole et du gaz, chacun de son côté a déversé ses eaux usées dans la mer Caspienne. Il y a également la question des différentes espèces de poissons qui vivent dans la mer Caspienne, des espèces qui sont rares dans le monde, et qui sont sous la menace de disparaïtre.

Je sais qu`on aime beaucoup, à l`ouest, le caviar. Mais si on continue comme ça, et si on n`arrive pas à resoudre ces questions, dans 5 ou 6 ans, il y aura plus de caviar. C`est une illustration supplémentaire qui montre que la question de l`environnement est désormais un grand problème. C`est le problème numéro un dans le monde entier. Autant de Chartes que vous voulez, je les signe. Mais il faut prendre des mesures, s`attacher à des actions concrètes. Mais il faut pour cela avoir un centre d`impulsion. Nous allons crééer ce centre en Azerbaïdjan. Mais un centre à Tibilisi, un centre en Azerbaïdjan, des centres dans d`autres endroits..., il est impératif que leurs travaux soient coordonnés.

Si l`Union Européenne décide de s`occuper concrètement et pratiquement de ce dossier, cela constituera un grand service qu`aura rendu l`Union Européenne et l`histoire du monde le retiendra.

Per Garton (membre du parlement européen, Suisse): Monsieur le Président, j`approuve complètement l`opinion de mes collègues selon laquelle cette région est une région très importante pour nous. Je partage aussi votre avis quand vous dites que votre région n`est pas assez connue en Europe. C`est pourquoi je vais souligner avec une grande attention l`importance de cette région dans le rapport que je redige pour l`Union Européenne et pour le Parlement européen.

L`information la plus répandue en Europe est qu`il s`agit d`un conflit qui continue depuis longtemps, et malheureusement qui n`a pas trouvé la paix et qui est très compliqué. Nous sommes aussi informés que ces derniers temps, surtout vous, vous consentiez des efforts personnels, que vous avez eu de nombreuses rencontres avec le Président arménien pour rechercher une solution pacifique à ce conflit et votre dernière rencontre a eu lieu en Floride. Selon nous, votre prochaine rencontre est attendue à Genève afin de poursuivre les négociations de paix avec le Président arménien.

Monsieur le Président, je lis de nombreux rapports sur ces multiples rencontres de paix - et sur vos rencontres directes avec le Président arménien et, en général, sur les efforts accomplis dans le sens de la paix. Selon ces rapports, on perçoit et l`idée se forme qu`il existe une approche très optimiste dans le sens d`une résolution pacifique de ce conflit. Même, l`idée se répand que pour obtenir la paix, vous, avec le Président arménien, vous vous êtes beaucoup rapprochés. Egalement il y a une autre idée que, bien que vous vous soyez approchés d`une solution pacifique avec le Président arménien, il existe des groupes sérieux et puissants qui entravent la conclusion d`une solution pacifique et la refusent. Ils pourraient s`opposer à la réalisation de ce processus de paix et à un accord obtenu. Ainsi, ils pourraient vous conduire, vous et le Président arménien, dans une impasse. Bien sûr, que je n`attends pas que vous parliez en détail de ces négociations de paix. Je sais que ce sont des rencontres confidentielles, des négociations confidentielles. Mais il me semble que si vous nous donniez des informations sur les négociations que vous avez menées avec le Président arménien et, en général, sur l`état actuel du processus de paix, cela pourrait nous aider à bien comprendre la situation.

Heydar Aliyev: Vous savez, aujourd`hui, au début de notre rencontre, j`ai rappelé que c`est l`Arménie qui a engagé ce conflit, pas l`Azerbaïdjan. Par la suite l`Arménie a occupé le Haut Karabagh, et d`autres territoires autour de lui, soit 20% des terres de l`Azerbaïdjan. La population qui vivait sur ces terres a été expulsée. Lors de la guerre, au cours des combats beaucoup de sang a été versé. Nous avons consenti à un accord du cessez-le-feu au mois de mai en 1994. Depuis ce temps-là jusqu`aujourd`hui, cela fait déjà sept ans que nous vivons sous un régime de cessez-le-feu. Je veux aussi souligner qu`il n`y a pas des forces pacifiques d`interposition venues d`autres pays entre nous. C`est nous qui gardons le cessez-le-feu, l`Azerbaïdjan et l`Arménie. Au long de ces sept années nous avons mené les négociations pour trouver une solution pacifique par l`intermédiaire du groupe de Minsk,de l`OSCE. Enfin, depuis 1999 des rencontres directes et régulières se sont mises en place entre le Président arménien et celui de l`Azerbaidjan et les négociations se sont poursuivies. Notre dernière rencontre a eu lieu aux Etats-unis, en Floride, avec la participation des représentants de la Russie, des Etats-Unis et de la France qui sont les coprésidents du groupe de Minsk.

En entamant les négociations avec le Président arménien, nous nous sommes arrêtés sur l`idée que pour obtenir la paix, il faut faire des compromis réciproques. Si notre accord sur le principe d`un compromis est acquis, mais si nous n`avons pas encore conclu, cela signifie que nous n`avons pas encore défini quel côté s`engagera sur quel compromis. L`Arménie, en profitant de sa position dominante - c`est-à-dire qu`elle occupe les terres azerbaïdjanaises, ses forces armées s`y sont installées, les Azerbaïdjanais ont été obligés de quitter leur foyers - expose de grandes revendications. L`Azerbaïdjan, bien sûr, ne peut pas accepter ces conditions. C`est pourquoi nous n`avons pas encore résolu la question.

A la fin de 1999, nous étions très proches d`une proposition. Mais ensuite l`Arménie a refusé cette variante. Comme la question est encore irrésolue et comme les azerbaidjanais, plus d`un million, vivent dans des conditions très dures, il est normal que le mécontentement s`accroit.

La terre arménienne n`est pas occupée. Sa population n`est pas expulsée. C`est vrai, les arméniens qui ont quitté l`Azerbaïdjan ont créé certains problèmes pour l`Arménie. Mais c`est l`Azerbaïdjan qui a subi le dommage essentiel. C`est pourquoi cela doit être pris en considération.

On ne prend pas cela suffisament en considération, c`est pourquoi la solution à cette question tarde à se faire jour. Le mécontentement en Azerbaïdjan augmente au fur et à mesure. Les gens sont d`humeur à recommencer la guerre et à libérer les terres occupées par la voie des armes.

Notre opposition, bien sûr, en profite. Elle nous critique de gauche et de droite. Même, elle nous reproche de ne pas encore avoir résolu ce conflit. Venez, dit-elle, on va recommencer la guerre et nous allons libérer nos terres de l`occupation. Cela a de l`influence sur certaines couches de la société. C`est pourquoi une situation très dangereuse s`est constituée. Selon les dires de la presse, on constate qu`en Arménie aussi, certaines forces ne sont pas d`accord pour que l`Arménie fasse un petit compromis. Voilà pourquoi nous nous trouvons dans une telle situation.

Si nous parvenons à trouver un compromis équilibré, sa réalisation sera très difficile. Mais dans un tel cas on peut lutter pour la réalisation de l`accord obtenu. S`il n`y a pas d`accord, alors en tant que Président, moi non plus - bien qu`on attende beaucoup de moi, qu`on me respecte beaucoup - je ne peux faire rien dans une telle situation et je ne le ferai pas. C`est pourquoi l`idée du recours à la guerre va progressivement augmenter. C`est pourquoi je demande toujours aux coprésidents du groupe de Minsk - ce sont de grands pays, la Russie, les Etats Unis, la France -, s`ils ont la possibilité d`influencer l`Arménie, qu`ils profitent de leurs possibilités. Mais ils disent qu`ils accepteront l`accord que les deux Présidents auront consentis.

Dans ce cas, pourquoi le groupe de Minsk a-t-il été créé en 1992? Dans ce cas, pourquoi ces trois grands pays, la Russie, les Etats-Unis, la France, ont-ils accepté d`assumer cette tâche?

C`est pourquoi la situation est très difficile. En disant tout cela, je ne voudrais pas que vous vous figuriez qu`il y a plus rien. En répondant à votre question, je vous décris la situation réelle. Mais je trouve qu`il faut continuer à travailler pour faire surgir une solution pacifique à ce conflit.

Per Garton: Je vous demande pardon, mais j`ai encore une question à poser. Outre les travaux que nous avons fait pour soutenir vos efforts pacifiques, que voudriez vous que l`Union Européenne fasse de plus?

Heydar Aliyev: Nous avons fait les travaux. Vous nous aidez pour que la paix soit rétablie. Que l`intergrité territoriale de l`Azerbaïdjan soit restaurée, que les terres occupées par les forces armées de l`Arménie soient libérées et qu`un million d`Azerbaïdjanais rentrent dans leurs foyers. Bien que tout soit détruit dans les endroits où ils vivaient et que tout soit devenu ruine. Mais ils veulent seulement rentrer sur leurs terres. Ce que je vous demande, c`est ça.

Ursula Schweizer: Merci beaucoup. Je trouve que nous avons eu aujourd`hui des discussions et des négociations très fructueuses. Pour nous, c`était très important d`entendre directement de votre bouche l`évaluation de la situation actuelle, de savoir comment vous évaluez la réalité actuelle. Ensuite nous allons mettre ces éléments en discussion entre nous. Nous allons ouvrir des débats supplémentaires et délibérer sur ce que nous pouvons faire pour concrétiser vos efforts et réaliser vos souhaits.

C`est un grand plaisir pour moi d`entendre que le rapport que Monsieur Garton va rédiger sera très détaillé. Ainsi, ce ne sera pas un rapport seulement pour le Parlement européen, pour l`Union européenne, ce rapport jouera un rôle pour l`éclairage et l`ouverture de cette situation actuelle pour le monde entier. Nous vous remercions.

Heydar Aliyev: Monsieur Garton, j`ai répondu à votre question principale - Que peut faire l`Union européenne? - Je vous prie de bien vouloir réfléchir profondément à cette question. Merci.