Déclaration de Heydar Aliyev, Président de la République d`Azerbaidjan, relative à la décision du 15 mars 1996 de la Douma d`Etat de la Fédération de la Russie, qui a annulé "l`Accord de Belovejsk" signé par la Russie, l`Ukraine et la Biélorussie le 8 décembre 1991 - le 16 mars 1996


La Douma d`Etat de la Fédération russe a adopté une décision hier. Cette décision a eu un grand écho et créé une certaine effervescence dans le monde. La Douma d`Etat a annulé le document intitulé "Accord de Belovejsk", signé par trois Etats, la Russie, l`Ukraine et la Biélorussie, daté du 8 décembre 1991. Ceci a résonné comme un rétablissement de l`Union Soviétique, cela a éveillé un grand intérêt en Russie et dans les autres pays.

Qu`est-ce que je peux dire à ce propos? C`est une décision qui suscite de l`étonnement. Egalement, ce qui provoque l`étonnement est qu`on recherche déjà à la Douma d`Etat les fautifs et la main qui a détruit l`Union Soviétique et on veut les punir. Je trouve que c`est un évenement absurde. Parce que l`Union Soviétique s`est effondrée dans le sillage d`un processus historique, social et politique et totalement naturel, en pleine conformité avec les lois objectives qui ont pris naissance au début des années 1980 dans le monde ainsi que dans l`ex-Union Soviétique. Elle devait s`effondrer et elle s`est effondrée. Pas de route en arrière. Personne ne peut rétablir l`Union Soviétique.

La décision de la Douma d`Etat est une affaire intérieure de la Russie. Il est bien entendu que cela ne peut pas avoir d`influence sur les autres Etats, sur les Etats indépendants. En ce qui concerne notre position, la position de l`Azerbaidjan, elle est claire à ce propos. Je l`ai déclaré à maintes reprises.

L`année passée nous avons adopté la première Constitution de la République d`Azerbaidjan indépendant. Cette Constitution a été adoptée par la voie du suffrage universel. La liberté nationale, la souveraineté et l`indépendance étatique de l`Azerbaidjan forment le fond, le coeur de notre Constitution. Nous ne pouvons pas renoncer à notre indépendance étatique, c`est à dire nous ne pouvons pas la laisser s`échapper de nos mains. J`avais dit à maintes prises, je le déclare aussi aujourd`hui, que l`indépendance étatique de l`Azerbaidjan est éternelle. Et nous allons faire tous nos efforts pour la rendre éternelle et tout le monde doit faire des efforts.

Aujourd`hui, étant dans la nécessité de prononcer certaines vues sur cette question, je voudrais également jeter un coup d`oeil sur les événements qui se sont déroulés il y a cinq ans. Cinq ans avant, exactement à cette époque, au début de 1991, le processus d`effondrement de l`Union Soviétique était en cours. Les dirigeants de l`Union Soviétique de cette époque, ainsi que certains dirigeants de différentes Républiques alliées à cette Union voulaient conserver l`Union Soviétique. Le processus d`effondrement était si fort qu`ils voulaient prendre des mesures pour le prévenir. A cette époque-là une constatation était apparue selon laquelle l`Union Soviétique qui existait dans les formes de cette époque ne répondait pas aux besoin du jour. On a décidé de mettre en oeuvre un référendum universel pour conserver l`Union Soviétique et lui accorder un nouveau caractère. 

En Azerbaidjan il n`y avait pas de relation univoque à l`égard de cette décision. Je savais, je sentais à cette époque-là moi-aussi que la plus grande part de notre population était favorable à l`effondrement de l`Union, qu`elle était contre l`organisation d`un référendum portant création d`une nouvelle Union et de son maintien. Mais, malheureusement, les dirigeants de la République d`Azerbaidjan de cette époque-là ne comprenaient pas où était l`intérêt de notre République, et ils essayaient d`appliquer avec grande docilité les instructions qui venaient de Moscou, pour leur intérêt personnel, et voulaient traîner l`Azerbaidjan dans l`organisation d`un référendum pour conserver l`Union Soviétique.

Vous vous rappelez, une session spéciale du Soviet Suprême de la République d`Azerbaidjan a eu lieu le 7 mars 1991, au cours de laquelle cette question était discutée, c`est à dire l`organisation d`un référendum relatif au maintien de l`Union Soviétique. Le référendum devait se tenir le 17 mars. Moi aussi, j`assistais à cette session-là en tant que député du Soviet Suprême de l`Azerbaidjan, élu de la République Autonome du Nakhitchevan. J`ai prononcé un discours et j`ai informé encore une fois que l`Union Soviétique allait s`effondrer. J`ai dit qu`il était impossible d`empêcher ce processus, que l`Union Soviétique s`effondrait et qu`elle devait s`effondrer. L`Azerbaidjan ne devait pas entrer dans une nouvelle Union et l`Azerbaidjan ne devait pas participer au référendum relatif au maintien de l`Union Soviétique.

Malheureusement, à la session du Soviet Suprème, il y eut diverses attitudes discourtoises contre moi; bien sûr issues des instructions et de la conduite des ex-dirigeants de la République et il y eut des discours contre mon discours. Même, à cause de mon discours, une décision a été adoptée pour qu`on organise une commission et qu`on contrôle mes activités quand j`étais à la direction de l`Azerbaidjan et soi disant pour qu`on me punisse. Mais moi, j`ai dit ce que j`avais à dire. Ceci s`est passé cinq ans plus tôt, au mois de mars 1991. Aujourd`hui nous sommes encore au mois de mars. Cinq ans après, les paroles que j`avais prononcées se sont réalisées, l`Azerbaidjan est devenu indépendant.

Si aujourd`hui, quelqu`un voulait recréer cette Union, cela serait une chose irréfléchie. Parce que s`il a été impossible de conserver l`Union à cette époque et qu`elle s`est effondrée, si les Républiques de cette Union sont devenues indépendantes, si elles sont entrées dans la communauté mondiale, maintenant qui pourrait renoncer à son indépendance étatique pour intégrer à nouveau une nouvelle Union? Je le dis à nouveau, peut-être les forces qui ont accepté cette récente décision en raison des processus qui ont cours à l`intérieur de la Russie ont-ils un but. C`est leur affaire et cela, en général, est l`affaire intérieure de la Russie, nous n`y interfèrerons pas, moi non plus, je n`interviendrai pas. Mais j`exprime simplement ma position et en saisissant cette occasion, je me rappelle de ce mois de mars-là en 1991, je me rappelle ces jours-là.

Pour l`Azerbaidjan ces jours-là ont été très durs et au cours de ces journées-là, pendant que l`Azerbaidjan était à l`intérieur de l`Union Soviétique, j`avais exprimé ma position. C`est vrai, on ne m`a pas écouté à cette époque-là. Pas moi seul, mais d`autres Députés partageaient aussi cette opinion que le référendum ne devait pas se dérouler en Azerbaidjan. Au contraire, sous la pression des dirigeants azerbaidjanais, une décision a été adoptée lors de la session pour que la République d`Azerbaidjan organise un référendum, et le 17 mars 1991 le référendum a été organisé en Azerbaidjan. Mais je veux aussi noter que dans la République autonome du Nakhitchevan, j`y demeurais à cette époque-là et j`avais été élu Député au Parlement azerbaidjanais du Nakhitchevan, le référendum pour conserver l`Union Soviétique n`a pas eu lieu. Cela était le résultat de ma volonté et de la volonté des gens qui étaient avec moi. Dans toutes les autres régions de l`Azerbaidjan, le référendum a eu lieu. Bien sûr, puisque le poids du Nakhitchevan n`était pas si grand par rapport au nombre de voix exprimés en Azerbaidjan, on a informé que quatre-vingt-dix et quelques pour cents de la population de l`Azerbaidjan s`étaient prononcés pour le maintien de l`Union Soviétique. Ainsi, à cette époque-là l`Azerbaidjan avait voté pour le maintien de l`Union Soviétique. Mais je crois que notre peuple n`a pas voté dans ce sens, cela était le résultat de falsifications.

Les processus qui se sont déroulés au cours du mois suivant ont prouvé que cette décision était une faute, que c`était une décision qui allait contre l`intérêt du peuple azerbaidjanais. Parce que quelques mois plus tard, au mois d`août, vous savez que des événements désormais célèbres, des insurrections ont eu lieu à Moscou et la direction de la République d`Azerbaidjan a été obligée de déclarer l`indépendance. Il n`y avait pas d`autre chemin. Parce que déjà à Moscou, au centre de l`Union Soviétique, l`URSS était en cours d`effondrement. Il n`y avait pas d`autre chemin. Après cela le processus d`indépendance de la République d`Azerbaidjan s`est mis en place.

Aujourd`hui je me rappelle tout cela pour qu`on en tire les conséquences et qu`aujourd`hui et dans le futur, les gens qui s`occupent de politique chez nous ne prennent pas de mauvais chemins, qu`ils ne fassent pas de faux pas. Mon discours au Parlement le 7 mars 1991 est disponible. Evidemment nos lecteurs peuvent le lire pour se rappeler ces journées-là.

A cet égard, je dis fermement aux représentants de la presse, de ceux des pays étrangers et de ceux de notre République qui sont réunis, que nous ne rebrousserons jamais le chemin de l`indépendance et que la décision adoptée par la Douma d`Etat de Russie ne peut pas donner de résultat. Je dis encore une fois que cela est leur affaire intérieure, mais notre position est celle -là. Merci.

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