Conférence du Président de la République d`Azerbaïdjan Heydar Aliyev à l`Institut des relations internationales de la France sur le sujet "Azerbaïdjan et Caucase au seuil du XXI siècle" - Paris, le 13 janvier 1997


Monsieur le recteur!

Mesdames et Messieurs!

Je suis très content de rencontrer un auditoire aussi prestigieux que vous, ici en France, à Paris. Puisque j`imagine assez bien le niveau de la France, de Paris, des gens qui s`y sont réunis, cette rencontre est un honneur pour moi.

Avant de commencer l`entretien sur le sujet qu`on m`avait proposé et qui vous intéresse je voudrais apporter de petites précisions dans ma biographie dont vous venez de prendre connaissance. A la fin de l`année 1982, après la mort de Léonide Brejnev, je fus invité à Moscou et on m`avait nommé le premier vice président du Conseil des Ministres de l`URSS et on m`avait élu membre du Bureau politique du CC PCUS. Jusqu`à la fin de l`année 1987 avant d`être contraint de donner ma démission suite aux divergences de principe avec les chefs de l`URSS de l`époque, en particulier avec Mikhaïl Gorbatchev, je remplissais les fonctions de ces postes. Après j`ai subi des persécutions. Vous savez de l`histoire de l`URSS que celui qui abandonnait un poste important était complètement isolé de la vie sociopolitique.

Le 20 janvier 1990, c'est-à-dire il y a sept ans quand l`administration de l`Union soviétique avait introduit un contingent des troupes soviétiques à Bakou commettant l`agression pour étouffer la révolte nationale, le mouvement national, je suis intervenu contre cette action et j`ai quitté les rangs du PCUS. Après j`ai été soumis à des persécutions, une grande campagne de calomnie contre moi était lancée dans la presse et j`ai dû quitter Moscou en été 1990. Al`époque suite à mon intervention contre les actes erronés de l`administration de l`Union soviétique, malheureusement, on ne m`avait pas donné la possibilité de vivre à Bakou où j`ai passé la plus grande partie de ma vie. J`ai dû partir encore plus loin à Nakhitchevan natal où je suis né mais que j`ai quitté dans ma jeunesse. Alors le Nakhitchevan fut en blocus, comme à présent d`ailleurs. J`y ai vécu trois ans juste dans un état isolé et quand en mai 1993 une guerre civile a commencé à Bakou et en Azerbaïdjan, je suis de nouveau revenu à Bakou sur les demandes des représentants de l`intelligentsia azérie, peuple, nombreux gens de différentes couches de la société de la république et je suis devenu Président du parlement de l`Azerbaïdjan et par la suite comme je viens de dire le 3 octobre 1993 j`ai été élu Président de l`Azerbaïdjan.

J`ai cru nécessaire d`ajouter ces faits à l`information anoncée ici pour que vous puissiez avoir une image complète de ma vie et pour que vous ne pensiez pas que tout était simple dans ma vie - j`ai été membre du Bureau Politique et après tout de suite je suis devenu Président de l`Azerbaïdjan.

Et maintenant revenons au sujet majeur de notre entretien. Quand en 1993 je suis revenu à Bakou, l`Azerbaïdjan était dans un état déplorable, la guerre civile commença. En effet c`était la deuxième année de l`indépendance de la République d`Azerbaïdjan. Pour que vous ayez l`idée sur notre pays, je dois vous informer sur les évènements qui précédaient son indépendance.

Les républiques qui faisaient partie de l`URSS par le passé, ont acquis l`indépendance suite à la chute de l`Union soviétique. Mais les processus en cours dans les républiques de l`Union soviétique qui étaient au nombre de 15, n`était pas les mêmes et ils suivaient les scénarios différents. En 1988 l`agression fut commise contre l`Azerbaïdjan, l`Arménie voisine a avancé des réclamations vis-à-vis de l`Azerbaïdjan sur l`annexion à elle de la région du Haut Karabakh de l`Azerbaïdjan. Le Haut Karabakh est une région pas très grande de l`Azerbaïdjan, après l`établissement du pouvoir soviétique en Azerbaïdjan en 1923 elle a reçu le statut de la région autonome au sein de la République d`Azerbaïdjan. Je dois dire que cette petite région autonome fut assez développée dans le cadre du système socialiste. Les milieux nationalistes, extrémistes arméniens et non seulement en Arménie, mais dans d`autres pays également, y compris le parti "Dashnaktsutun", créaient régulièrement les avis sur le rattachement de cette région à l`Arménie. Cependant ces tentatives faites aux moments différents furent vaines. Elles ont été prévenues et comme je viens de dire le Haut Karabakh se développait heureusement.

Je veux vous signaler qu`en 1988 quand le conflit commençait, 170 mille personnes habitaient au Haut Karabakh. 30% en étaient Azerbaïdjanais et 70% étaient Arméniens. Il n`y avait rien de surprenant. Dans les autres régions azerbaïdjanaises et dans les autres républiques de l`ancienne Union soviétique, dans les autres pays vivent les gens de différentes nationalités. En 1988 au Haut Karabakh, en Arménie un mouvement pour l`annexion du Haut Karabakh à l`Arménie commença et dégénéra en conflit armé. A propos, je dois dire, je parle à vous tout à fait sincèrement, et je m`appuie sur les faits historiques authentiques, que pour animer ce mouvement il y a eu une étincelle, une interview accordée par le professeur Aganbekian au journal français l`Humanité, fin 1987. Dans cette interview il déclara qu`il fallait annexer le Haut Karabakh à l`Arménie, qu`il avait discuté cette question avec le chef de l`époque de l`Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev et Gorbatchev avait eu une réaction positive. Il y avait sans doute d`autres interventions de ce genre. J`évoque celle-ci parce qu`on y avait fait une référence directe à Gorbatchev. Tout avait commencé par cela et après dégénéra en guerre sanglante qui dure 8 ans déjà.

Je considère qu`à l`époque où l`Azerbaïdjan et l`Arménie étaient au sein de l`Union soviétique - dès 1988 à 1991 plus de 3 ans se sont écoulés, l`administration soviétique aurait pu prévenir ce conflit, on pourrait ne pas donner lieu à son élargissement, aux conséquences aussi douloureuses.

L`attitude inéquitable de l`administration soviétique à l`égard de l`Azerbaïdjan, provoqua sans doute la naissance de la vague de mécontentement chez la population de la république par le régime communiste et le système socialiste. Quand la colère du peuple, due à l`attitude inéquitable de l`administration communiste de l`Union soviétique à l`égard du peuple azéri, s`est rependue largement vers la fin de 1989, l`administration soviétique et Gorbatchev en personne ont décidé de briser notre peuple en introduisant un grand contingent de troupes soviétiques en Azerbaïdjan le 20 janvier 1990.

La tragédie de janvier 1990 avait aggravé la situation sociopolitique en Azerbaïdjan. Tout cela a abouti à une situation instable dans la république. Certaines forces négatives à l`intérieur de l`Azerbaïdjan en ont profité pour commencer la lutte pour le pouvoir. En octobre 1991, quand l`Azerbaïdjan avait acquis son indépendance nationale, il était dans une situation politique difficile. Tout cela a affaibli le pouvoir d`état en Azerbaïdjan dont la suite fut le renversement du pouvoir. En 1992 un coup d`état a eu lieu et le Front national de l`Azerbaïdjan est venu au pouvoir. Mais il n`avait pu rester au pourvoir qu`un an, des groupes paramilitaires se sont de nouveau insurgés et l`ont renversé, en juin 1993 une guerre civile commença en Azerbaïdjan. Dans ces conditions j`ai été contraint de m`engager à créer et assurer l`administration stable en Azerbaïdjan. Malgré de grandes difficultés il y a trois ans le pouvoir d`état stable existe en Azerbaïdjan.

En même temps, à l`époque une guerre était en cours entre l`Arménie et l`Azerbaïdjan. Les forces armées arméniennes, profitant de l`absence de la stabilité en Azerbaïdjan et aussi du soutien généreux de certains Etats, ont pu occuper une partie du territoire de l`Azerbaïdjan. A présent 20% du territoire de l`Azerbaïdjan sont occupés par les forces armées arméniennes ce territoire inclut le Haut Karabakh et les régions autour de lui dont la superficie totale est de 16 mille m2. Ces régions sont à la jonction de la frontière avec l`Arménie. Plus d`un million de nos compatriotes furent chassés des territoires occupés, ils vivent à présent dans de différentes régions du pays, dont la plupart dans les tentes.

En 1994 on avait passé l`accord avec l`Arménie sur le cessez-le-feu et l`armistice; deux ans et sept mois déjà cet accord est maintenu. Mais l`intégrité territoriale de l`Azerbaïdjan, ses frontières furent violées, un préjudice moral et matériel sérieux fut porté. Nous ne voulons pas renouveler les opérations militaires et considérons que ce problème doit être résolu par la voie pacifique et nous prenons toutes les mesures nécessaires dans cette direction. La condition majeure de la solution pacifique du conflit est le retrait des forces armées arméniennes, restauration de l`intégrité territoriale du pays, retour de tous les citoyens de notre république vers leurs foyers. Nous estimons qu`il soit possible d`accorder au Haut Karabakh le haut statut d`autogestion au sein de l`Etat azerbaïdjanais et garantir la sécurité à l`ensemble de la population du Haut Karabakh. Dans cette formule on voit des concessions et nous y consentons pour aboutir à la paix entre l`Arménie et l`Azerbaïdjan, pour établir la paix dans notre région, dans tout le Caucase. Suite à la position non constructive de l`Arménie il devient impossible de résoudre ce problème. L`Arménie essaie de parvenir à l`indépendance du Haut Karabakh et par la suite de l`annexer à l`Arménie. Nous n`y sommes pas d`accord et ne le serons jamais puisque nous ne pouvons céder une partie de notre territoire à un autre état. Aucun état n`aurait pas consenti de telles cessions.

L`Arménie avait manifesté sa position destructive au sommet de l`OSCE à Lisbonne en décembre 1996. De la part du groupe de Minsk qui s`occupait de la solution du conflit arménien- azerbaïdjanais, on avait proposé un projet sur les principes du règlement pacifique du conflit au Haut Karabakh. Dans le projet de la résolution du sommet de Lisbonne qui aurait du être inclus dans le document majeur de l`OSCE on avait avancé trois principes: reconnaissance de l`intégrité territoriale de l`Azerbaïdjan et de l`Arménie, attribution du haut statut d`autogestion au Haut Karabakh au sein de l`Azerbaïdjan, garantie de sécurité pour l`ensemble de la population du Haut Karabakh. Pour résoudre pacifiquement ce conflit, nous avons donné notre accord à ces principes. L`Arménie n`a pas donné son accord, n`a pas consenti à faire inclure ce projet au document majeur de l`OSCE. Suite à la position de principe de l`Azerbaïdjan et à la position équitable de tous les membres de l`OSCE à l`exception de l`Arménie, ses principes ont été exprimés dans la déclaration du Président en exercice de l`OSCE. De tous les états-membres de l`OSCE seule l`Arménie s`est opposée à ces principes, ainsi s`opposant aux principes clés, normes du droit international. Cependant nous considérons qu`avec l`appuie de ces principes par tous les pays membres de l`OSCE et grâce au travail commun actif des pays entrant au groupe de Minsk, nous pourrons parvenir à régler le conflit arménien- azerbaïdjanais à la base de ces principes et à l`arrêt du conflit, à l`assurance de la paix, surtout de la paix stable et durable entre l`Arménie et l`Azerbaïdjan.

J`ai cru nécessaire de dire tout cela pour que vous ayez l`idée de la construction de l`Etat national azerbaïdjanais et de la solution des problèmes socioéconomiques.

Si on parle des conflits au Caucase, de la situation ici dans son ensemble, alors sur le territoire de la Géorgie les conflits géorgien- abkhaze et géorgien- ossète sont en cours, en Tchétchénie il y a le conflit dont vous connaissez entre la Russie et la Tchétchénie, dans d`autres régions du Caucase il y a lieu certains autres conflits. Dieu merci, qu`ils ne se sont pas élargis. Nous estimons que pour résoudre tous les conflits au Caucase il importe beaucoup de respecter les principes de l`intégrité territoriale de tout état. Nous intervenons contre le séparatisme et le nationalisme agressif, terrorisme international dans n`importe quel point de la planète.

Malgré tous ces problèmes et difficultés, l`Azerbaïdjan existe et se développe comme un état indépendant, suit avec assurance la voie de la construction de l`état démocratique, de droit, état civilisé; de l`établissement des principes démocratiques dans toutes les sphères de la vie. En novembre 1995, nous avons adopté la première Constitution démocratique de l`Azerbaïdjan par la voie du référendum. A l`époque on avait tenu les premières élections au parlement de la République d`Azerbaïdjan sur la base du pluripartisme. On met en place des statuts de la Constitution, le parlement fonctionne, on avait adopté beaucoup de lois importantes pour le développement démocratique de notre pays. En Azerbaïdjan dans toutes les sphères est assuré le pluralisme politique, une attention particulière est accordée à la défense des droits de l`homme, de la liberté individuelle. L`Azerbaïdjan est un état multinational, chez nous trois religions existent et on les professe librement: islam, christianisme orthodoxe et judaïsme. Nous suivons la voie de la mise en place des réformes de marché d`envergure, privatisons la propriété nationale et dans les deux années à venir 70% de toutes les entreprises publiques seront privatisés. Nous avons adopté une loi sur la réforme foncière très radicale, révolutionnaire pour notre situation. Cette loi prévoit de transmettre la terre à la propriété privée par la voie de vente et du transfert aux tiers.

Toutes ces mesures portent leurs fruits. Les derniers temps la situation socioéconomique de l`Azerbaïdjan s`améliore, il y a déjà deux ans, que le taux d`inflation baissa chez nous. Par exemple le taux d`inflation mensuelle est moins d`un pourcent, dans son ensemble, en 1996 il faisait moins de 5%. La monnaie nationale- manat est stable, les derniers temps son taux de change s`est raffermi par rapport au dollar américain. Nous avons pris beaucoup de mesures pour libéraliser toute notre économie, en particulier dans le domaine du commerce extérieur. Nous invitons activement les investisseurs étrangers à investir dans l`économie azerbaïdjanaise et aussi à participer à la privatisation, exploiter ensemble des entreprises agricoles et industrielles importantes.

L`Azerbaïdjan est riche en ressources naturelles, a un grand potentiel économique, industriel, agricole, sociotechnique et intellectuel. Notre ligne magistrale est la formation de l`économie de l`Azerbaïdjan sur la base des principes de l`économie mondiale, sur la base de l`expérience économique des pays développés du monde.

Nous avons fait encore plus de progrès dans le domaine d`exploitation des gisements pétroliers de l`Azerbaïdjan ensemble avec les compagnies étrangères. En septembre 1994 nous avons signé le premier grand contrat sur l`exploitation en commun des gisements de pétrole de l`Azerbaïdjan avec le consortium des compagnies étrangères, intitulé "Contrat du siècle". Aujourd`hui au palais de l`Elysée fut signé le cinquième contrat avec la participation du Président français Jacques Chirac et Président azerbaïdjanais entre la Compagnie nationale pétrolière de l`Azerbaïdjan (SOCAR) et les grandes compagnies françaises "Elf Aquitaine" et "Totale" sur l`exploitation en commun des gisements pétroliers "Lankaran daniz" et "Talich daniz" dans le secteur azéri de la Caspienne. Le contrat signé aujourd`hui prévoit le travail commun au cours de 25 ans et l`investissement de 1,5 milliards de USD. Dans ces contrats participent 16 compagnies transnationales des 11 pays du monde.

J`estime que ces chiffres vous donnent l`idée que l`Azerbaïdjan profite efficacement et avec un objectif nettement orienté de ses ressources naturelles et qu`il exploite sans doute la technologie moderne des pays développés économiquement et technologiquement du monde pour s`intégrer à l`économie mondiale. A mon avis tout ce que je viens de dire ne laisse aucun doute sur l`ouverture de notre pays au monde. L`Azerbaïdjan prévoit intégrer son économie à l`économie mondiale. Dans notre pays toutes les conditions pour l`entreprise sont créées, la protection totale des investissements étrangers est assurée par nos lois, notre Constitution et, sans doute, par le pouvoir présidentiel. Tout cela nous permet de dire que l`avenir socioéconomique de l`Azerbaïdjan est parfait. Nous sommes sûr que l`Azerbaïdjan en suivant la voie de la démocratisation de toutes les sphères de la vie, entre aux rangs des pays civilisés du monde. L`Azerbaïdjan s`efforce à coexister pacifiquement avec tous ses voisins. Je viens de parler de nos relations avec l`Arménie. Notre voisin du nord est la Russie, du sud est l`Iran, à l`occident nous sommes limitrophe de la Géorgie. La Turquie est aussi l`état voisin. A l`exception de l`Arménie nous avons des relations normales avec tous ces pays et nous allons faire tout notre possible pour que ces relations aient un caractère plus amical, plus actif.

Du point de vue géographique l`Azerbaïdjan a une importance énorme. Je considère que sa position géopolitique est importante non seulement pour nous mais pour la communauté mondiale. L`Azerbaïdjan se trouve à la jonction de l`Europe et de l`Asie. En tant que pays européen nous nous trouvons aux confins de l`Europe. L`Azerbaïdjan voudrait devenir un pays européen. Nous coopérons activement avec l`Union européenne, nous avons adressé une demande et avons adhéré au Conseil de l`Europe en qualité d`Etat hôte et dans l`immédiat nous espérons devenir membre à part entière. Nous participons activement à l`activité de l`OSCE et sans doute, notre pays, on peut dire est membre de toutes les organisations internationales.

L`Azerbaïdjan a une grande importance non seulement pour le Caucase, mais pour la région au delà des limites du Caucase. Nous considérons que dans la région de la Transcaucasie, je parle de l`Azerbaïdjan, Géorgie et Arménie, l`établissement de la paix est important non seulement pour tout le Caucase, mais pour la Russie, pour les autres pays voisins du Caucase. Nous nous efforçons de réaliser le mieux possible notre rôle qui est un facteur important. Je pense que si on arrive à régler le conflit arménien- azerbaïdjanais, cela contribuera à l`arrêt de tous les conflits au Caucase, à l`établissement de la paix et de la stabilité dans la région et cela est important pour les autres pays et pour l`Europe également. Nous faisons tout notre possible et nous le ferons à l`avenir pour parvenir à établir la paix et la stabilité au Caucase.

Actuellement la situation politique intérieure est stable dans notre pays. En comparaison avec les années passées nous maintenons la stabilité sociopolitique en Azerbaïdjan les derniers trois ans. L`Etat contrôle entièrement la situation dans la république et je suis sûr que la situation en Azerbaïdjan va s`améliorer de mois en mois, de jour en jour.

Le développement des relations entre la France et l`Azerbaïdjan est très important pour nous. Aujourd`hui, lors de mes entretiens avec le Président français Jacques Chirac, président de l`Assemblée nationale française, ministre du commerce, maire de Paris j`ai noté encore une fois qu`il fallait profiter pleinement des options existantes pour élargir et approfondir la coopération dans toutes les sphères. Je considère que le contrat signé aujourd`hui avec les compagnies "Elf Aquitain" et "Total" est une bonne base et une invitation aux autres sociétés françaises à faire des efforts pour coopérer avec l`Azerbaïdjan.

En conclusion de mon intervention je veux exprimer ma satisfaction profonde de ma présence en France et à Paris. L`histoire et l`expérience de la France, l`expérience de la démocratie en France, l`expérience de votre pays dans d`autres sphères de la vie est une riche source et un exemple pour la construction de l`état démocratique en Azerbaïdjan.

J`exprime ma profonde considération à l`égard de la République française, au peuple français. Je souhaite à vous, à tous les Français le bonheur et les joies de la vie, de nouveaux progrès. Je suis prêt à répondre à vos questions. Merci de votre attention.

Thierryde Monbrial (directeur de l`IFRI) Je remercie le Président azerbaïdjanais pour son cours. Compte tenu du temps avancé et pour réduire la discussion, je ne voudrais poser que trois questions au Président azerbaïdjanais. A mon avis ces questions seront posées en tout cas.

Question: La première question porte sur l`information et se rapporte au problème de succession en Union soviétique. Est-ce que le problème de succession entre l`Azerbaïdjan et la Russie est-il résolu entièrement ou bien il existe encore des problèmes non résolus identiques à ceux qui existent entre l`Ukraine et la Russie?

Deuxième question: Vous avez évoqué le pétrole, mais vous n`avez pas parlé des problèmes des pipelines. Pourriez-vous en dire quelques mots?

Troisième question: Vous avez rappelé vos bonnes relations avec Iran. Les problèmes de l`Azerbaïdjan iranien puissent-ils surgir à l`avenir?

Heydar Aliyev: En ce qui concerne le problème de succession en URSS, tous les problèmes ne sont pas résolus avec la Russie. Quand l`Union Soviétique s`est effondré et l`Azerbaïdjan avait retrouvé son indépendance je n`étais pas en Azerbaïdjan, plutôt j`y ai été mais je ne participais pas à l`activité de l`Etat. En octobre 1993 quand je suis devenu Président azerbaïdjanais, j`ai commencé à analyser ce problème. Et je me suis rendu compte que de toute façon, l`Azerbaïdjan n`a pas eu sa part équitable dans ce qui constituait le patrimoine de l`Union soviétique. Je viens d`évoquer ici que pendant 14 ans j`ai été à la tête de la République d`Azerbaïdjan et plus de cinq ans je fus l`un des chefs de l`Union soviétique et j`ai été bien au courant de tout ce qui se passait sur le territoire de l`Azerbaïdjan à l`époque de l`Union soviétique. Malheureusement, une part seulement de ce qui se trouvait en Azerbaïdjan lui était revenue. Cela fut injuste. Il y a une série de petits problèmes que nous soulevons à présent. Mais il est déjà tard. J`ai mentionné l`injustice.

En ce qui concerne les oléoducs. Le consortium des compagnies pétrolières étrangères ensemble avec la Compagnie nationale pétrolière de l`Azerbaïdjan avait pris la décision de construire en Azerbaïdjan deux oléoducs pour exporter le pétrole. Un des oléoducs qui passe par la Russie vers le port Novorossisk de la mer Noire, existait en partie, mais en 1996 il était construit entièrement. On peut exporter le pétrole par cet oléoduc jusqu`à la mer Noire et de là plus loin encore. Deuxième oléoduc dont la construction va commencer au mois de mars et va finir en 1998, sera posé dans la direction ouest, passant par le territoire de la Géorgie vers le port Soupsa de la Mer Noire. Dans le contrat signé en septembre 1994, on a prévu la possibilité de construire un grand oléoduc jusqu`au port Ceyhan de la Méditerranée en Turquie. Il y a un nombre de projets, de propositions sur le tracé de cet oléoduc. Mais il n`ya pas encore de décision concrète concernant cette question. J`estime qu`il nous faudra poser cet oléoduc également. Puisque avec la signature de chaque nouveau contrat, le volume du pétrole à extraire en Azerbaïdjan dans le futur augmente. Les sociétés étrangères qui extraient le pétrole sur le territoire du Kazakhstan, avancent les propositions sur l`exportation du pétrole kazakh à travers la Caspienne, l`Azerbaïdjan en Europe. Cela témoigne déjà du volume supplémentaire de pétrole exporté à travers le territoire du notre pays. C`est pourquoi ces oléoducs devraient être construits. On en a besoin pour exporter le pétrole de l`Azerbaïdjan, du bassin caspien et de l`Asie centrale. Cela témoigne encore une fois de la grande importance géopolitique et stratégique de l`Azerbaïdjan.

Répondant à votre troisième question, concernant l`Iran, je vous rappelle d`avoir évoqué tout alors les relations amicales avec ce pays. Nous faisons des démarches pour les renforcer et développer. En ce qui concerne les Azerbaïdjanais vivant en Iran. Oui, ils y sont nombreux. Je ne peux pas citer un chiffre exact. Mais on dit qu`ils y sont 20-30 millions. Ils sont citoyens de l`Iran. Aujourd`hui monsieur le Président Jacques Chirac a dit qu`en France habitent cinq millions de musulmans. Ils constituent une partie intégrante du peuple français. Et les Azerbaïdjanais, vivant en Iran sont une partie du peuple iranien. De ce point de vue je ne vois aucun problème. J`ai déjà dit que nous reconnaissons l`intégrité territoriale de tous les Etats: de l`Azerbaïdjan, Arménie, Russie, France, Iran.

Thierryde Monbrial: Je suis reconnaissant au Président Heydar Aliyev pour son accord de participer à cet évènement et pour les réponses données à des questions aussi importantes. J`adresse mes meilleurs vœux de Nouvel An au dirigeant azerbaïdjanais et aux personnes l`accompagnant et je propose de clore cette rencontre.

Heydar Aliyev (plaisantant) Ecoutez, j`ai quelque chose à dire. Premièrement, cette proposition n`est pas démocratique. Vous avez posé les questions et vous n`avez pas donné cette possibilité aux autres. Nous sommes venus en France pour apprendre la démocratie et il s`avère que dans cet institut on est en présence du régime autoritaire. C`est pourquoi je suis prêt à rester ici encore une heure pour que vous sachiez que nous suivons la voie de démocratie. Je suis prêt à répondre aux questions de tout le monde. En général quand on me pose peu de questions, je reste mécontent.

Question: Monsieur le Président, quelles sont les relations entre la Russie et l`Azerbaïdjan, et comment vous évaluer la participation de votre pays à la CEI?

Heydar Aliyev: Nos relations avec la Russie sont bonnes, amicales. Nous nous efforçons que ces relations deviennent meilleures et nous faisons tout notre possible pour y parvenir.

En ce qui concerne la CEI. Nous sommes membre de la CEI. Mais il y a certaines questions avec lesquelles nous ne sommes pas d`accord. Nous avons une conduite démocratique, nous exprimons notre position, notre avis. Nous estimons que la CEI devrait devenir une communauté plus démocratique. Les principes démocratiques devraient y être primordiaux, il faut développer et perfectionner la CEI.

Question: Monsieur le Président, Vous avez dit que l`Azerbaïdjan est un pays multinational où vivent les Juifs, les Russes. Pouvez vous dire combien de Russes et de Juifs vivent en Azerbaïdjan, quels sont leurs droits pour la citoyenneté?

Heydar Aliyev: Je peux le dire. En Azerbaïdjan il y a plus de 300 mille de Russes et près de 50 mille de Juifs. Ils bénéficient de tous les droits de citoyens, ils sont citoyens azerbaïdjanais de plein droit. Nous sommes très contents que dans notre république vivent les gens de ces nationalités. Je dois dire que pendant la période dès 1988-1989 à 1993 le départ de la population russophone a eu lieu en Azerbaïdjan. Nous l`avons prévenu. Nombreux étaient ceux qui quittaient l`Azerbaïdjan à cause de la situation instable, dans certains cas on a eu une attitude injuste à leur égard. Nous avons liquidé ce problème. Actuellement la population russophone vit normalement, dans les conditions stables en Azerbaïdjan. Dans notre parlement il y a les délégués russes et ukrainiens, les représentants de ces nations travaillent dans les institutions publiques, administratives.

Nous estimons que le caractère multinational de l`Azerbaïdjan c`est notre réussite. L`Arménie est parvenue à avoir un pays mono-national. Dans ce pays ne vivent que les Arméniens. Je considère qu`ils avaient commis une grave erreur. Mais c`est leur affaire.

Question: Je voudrais préciser ma question. Est-ce que les habitants, représentants des autres nations ont du acquérir la nationalité azérie ou bien ils ont voulu devenir citoyens azéris de leur propre gré? Deuxième question: Quels droits ont des étrangers résidant en Azerbaïdjan et qui voudraient maintenir le passeport russe?

Heydar Aliyev: Vous savez, nous n`obligeons personne à acquérir la citoyenneté azerbaïdjanaise. Celui qui voulait l`avait eue. De ce point de vue, nous avons la liberté. En Azerbaïdjan il y a les Russes qui ont acquis la citoyenneté russe, nous ne nous y opposons pas. La citoyenneté n`est pas définie par l`appartenance à telle ou telle nation. Je considère qu`en France la situation est identique. Nous, en Azerbaïdjan soutenons ce principe également.

Question: Je voudrais poser la question sur le statut juridique de la Caspienne. On comprend de vos déclarations que, d`après vous, il n`y a pas de problèmes concernant ce sujet. Est-ce que l`absence de l`accord sur le statut de la Caspienne n`entrave pas ou ne retarde pas l`exploitation des gisements dont vous avez parlés?

Heydar Aliyev: Savez vous, la Caspienne existe depuis des millénaires. Mais son statut n`avait jamais été défini. C`est pourquoi aujourd`hui non plus on n`en a pas grand besoin. En même temps actuellement on tient les négociations sur ce sujet entre les états caspiens. Je considère que nous n`aboutirons jamais à un avis commun. Ce qui n`empêche les pays à exploiter des gisements dans leur secteur de la Caspienne. Le partage de la Caspienne en secteurs a été fait depuis longtemps. Nous mettons en place la pratique existante et c`est correct. Merci.